Figaro / Morvan et Péron à l’honneur à Leucate

Deux nouvelles manches ventées à souhait ont conclu aujourd’hui le Grand Prix de Leucate, deuxième manche comptant pour la GENERALI SOLO, après le Grand Prix de Marseille. Vainqueur du parcours « banane » ce matin, Gildas Morvan (Cercle Vert) récidivait l’après-midi pour s’octroyer le long parcours côtier, 28 milles, proposé entre Cap Leucate et Canet en Roussillon, au plus fort du vent de nord-ouest. Morgan Lagravière (Vendée) s’est de nouveau illustré, au même titre qu’Eric Péron (Macif 2009), et Nicolas Lunven (Generali), très discret depuis le début de l’épreuve. Avec 6 manches dûment validées, ce Grand Prix de Leucate trouve sa conclusion ce samedi soir. Dimanche sera une journée « off » consacrée à la récupération des hommes, et à la remise en état des machines avant le grand départ lundi de la seconde course hauturière en direction de l’île de Porquerolles (Var).

© Jean-Marie Liot / Generali Solo 2011

Morvan l’insatiable
Gildas Morvan (Cercle Vert) et Eric Péron (Macif 2009) ont tellement aimé les manches ventées d’hier qu’ils ont tenu, n’en déplaisent à leurs adversaires, à reproduire ce matin la version copié-collé de la dernière manche de la veille. Après un départ qu’il qualifierait lui-même de « moyen », Gildas Morvan, en milieu de ligne, se portait rapidement aux avant postes, « boosté » par son grand génois. Plus raisonnable peut-être, la majeure partie de la flotte avait choisi comme hier de porter moins de toile à l’avant avec un simple solent. Face à une tramontane soufflant par à coups, avec des « rafales » à près de 30 nœuds, Morvan et Péron ont joué gagnant à chaque virement de bord, et à chaque empannage. Seul capable de tenir le train, Laurent Pellecuer (L'Option Sud club des partenaires) venait jusque sur le bord d’arrivée contester la seconde place de Péron, rayonnant dauphin d’un « géant vert » en phase de consolidation de sa première place du général provisoire, et candidat déclaré à la victoire du Grand Prix de Leucate, basé sur les 6 manches disputées au large de la cité Languedocienne. Le jeune prodige Morgan Lagravière a quelque peu marqué le pas dans la brise, avant de se reprendre au large lors du côtier.

Un côtier pour conclure
La conclusion de ce Grand Prix de Leucate ne pouvait se jouer que sur un grand parcours, investissant les moindres recoins de cette côte Languedocienne décidément aimée du vent. Jean Coadou et la direction de course lançaient à la mi-journée, dans une tramontane toujours aussi virulente, l’ensemble de la flotte travers au vent vers le cap Leucate, prélude à une longue course estimée à 28 milles. Un rapide bord de portant de près de 10 milles emmenait la flotte devant Canet en Roussillon. Le retour vers Leucate et son estacade s’achevait au plus près d’un vent puissamment établi. Gildas Morvan, parti en second rideau loin derrière la flotte, ne tardait pas à reprendre sa place de prédilection aux avant-postes, dans le sillage de Marc Emig (Ensemble autour du monde) et Nicolas Lunven (Generali). A plus de 12 nœuds au vent arrière, les étraves souvent sous l’eau, les Figaro-Bénéteau faisaient le grand spectacle à Leucate. Le dernier bord de près depuis Barcarès voyait le retour aux avant-postes d’un ténor de la classe pourtant en demi-teinte depuis Marseille. Nicolas Lunven (Generali) retrouvait en effet toutes ses sensations dans la brise pour signer une revitalisante deuxième place. Et pour compléter ce très provisoire podium (de nombreuses réclamations sont ce soir à l’étude, retardant l’octroi des accessits et l’établissement d’un classement général validé par la direction de course), c’est Morgan « encore lui » Lagravière qui plaçait son Figaro-Bénéteau « Vendée » en troisième position sur la ligne d’arrivée mouillée dans l’axe de l’Estacade.

Profession, préparateur
Ils sont les travailleurs de l’ombre de la voile océanique. Les préparateurs de bateau de course sont une gente à part qui bruisse humblement et modestement sur d’anonymes quais et parkings où s’entasse l’invraisemblable logistique nécessaire à la vie d’un bateau de course. Leur job, faciliter la vie de leur skipper, afin qu’ils n’aient à l’esprit que leur régate et leur science. Des obscurs chantiers hivernaux aux interminables attentes d’arrivées de course, le préparateur doit être prêt à intervenir dans tous les secteurs qui composent un bateau de course, depuis sa structure en carbone ou matériaux composites, aux éléments courants ou dormant de son gréement, en passant par toutes les sophistications modernes, informatiques et électroniques nécessaires à la navigation de haute compétition. Jimmy Le Baut, ancien coureur lui-même, est depuis quelques années totalement dédié à ce métier, qu’il pratique notamment pour le compte du Team Macif. Il s’exprime volontiers au nom de tous les préparateurs qui sévissent autour de la flotte de la GENERALI SOLO : « Nous sommes tous un peu spécialiste de quelque chose, et compétent sur tout » explique-t-il. « Pour des tâches particulières, nous pouvons faire appel à des spécialistes plus pointus, notamment en informatique. Sinon, il nous faut savoir gérer tous les types de problèmes inhérents à un voilier. » Disponibilité, expertise, patience… et passion. Le préparateur est un marin. Il vit au pouls de son skipper et de son bateau. « Nous devons décharger totalement notre ou nos skippers des contingences susceptibles de l’éloigner de sa fonction première qui est de naviguer et gagner des courses » poursuit le Finistérien Le Baut. « La logistique nous incombe totalement, à terre pour tous les problèmes d’hébergement et d’avitaillement, et sur l’eau pour tout ce qui se rapporte aux transferts ou à l’accompagnement du voilier. Seule la partie sportive nous échappe. » Eclectique, capable de s’adapter à toutes les embarcations, à une, deux ou trois coques, le préparateur est ainsi l’indispensable complice à terre des performances sur mer.

Le jury blanchit Fred Rivet
Le jury de la GENERALI SOLO, comité chargé de veiller au respect des règles de course, devait hier soir, à l’issue des deux manches quelque peu tourmentées du jour, examiner pas moins de 6 réclamations, dont trois concernaient directement l’accrochage mettant en cause Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), Fred Rivet (Vendée 1), Laurent Pellecuer (Option Sud) et Paul Meilhat (Macif 2011). Ce dernier, victime d’une grave avarie de galhauban est ce matin contraint de jeter l’éponge, la mort dans l’âme. Fred Rivet, mis en cause pour avoir percuté son bateau, a été blanchi par le jury qui estime qu’il n’a commis aucune infraction lors de son engagement sur la ligne de départ.

Ils ont dit :
Gildas Morvan (Cercle Vert) :
« Encore une belle journée. Je suis parti ce matin avec un moteur et mes deux VHF en panne. C’est la raison pour laquelle je suis moyen sur le premier départ, et que je rate franchement le second. Mais je reviens bien avec de la vitesse dans les deux cas. Lors du long côtier de l’après-midi, j’ai d’abord bien joué avec les falaises sous le cap Leucate, puis j’ai su trouver les bons angles au portant vers Canet. Il ne me restait plus qu’à contrôler Nicolas Lunven… »

Nicolas Lunven (Generali) :
« Cette deuxième place fait plaisir, après mes déconvenues dans ce Grand Prix de Leucate. Je me sentais bien ce matin, mais sur le dernier bord de portant, je me fais passer par 5 ou 6 concurrents. Il faut croire que j’aime le vent fort, en bon breton, puisque dans le côtier, on a eu 30 nœuds établis et je m’y suis senti très à l’aise. Le vrai Lunven et peut-être de retour… »

Guillaume Rottée, directeur de course :
« Nous avons vu cette semaine les skippers rentrer au port le visage plein de sel. C’est le signe d’une régate bien ventée. Nous validons deux nouvelles courses à Leucate et dans la brise, pour un total de 6 ! Les costauds ont montré les muscles, à l’image des performances d’Eric Drouglazet, d’Eric Péron et de Gildas Morvan. Les coureurs se sont montrés quelque peu impétueux dans le vent fort et outre les 6 ou 7 réclamations soumises à la sagacité du jury vendredi et samedi, nous déplorons profondément l’abandon forcé de Paul Meilhat (Macif 2011), victime d’une collision… »

Source : Mer et Média