Class 40 / Aquarelle.com attendu en vainqueur en fin de nuit à Horta

Jusqu’au bout, ils auront lutté contre le vent. A l’approche des Açores, la bataille tactique fait rage et la dernière nuit de mer peut encore réserver des surprises. Entre la fatigue accumulée, les dévents des îles difficilement détectables de nuit, les pertes de repères liées à la navigation nocturne et les nombreux petits pépins accumulés, la dernière ligne n’aura rien de droite.

Crédit : Ch. Breschi

A force de peiner pour rejoindre le havre d’Horta, les navigateurs pourraient bien se laisser gagner par le spleen du consul. Mais Pico n’est pas le Popocatépetl et il faut espérer que le jugement rendu par le plus haut sommet du Portugal n’entraînera pas les perdants dans un désespoir mutique. Car pour la deuxième place, deux options se font jour. Au nord, l’équipage de Groupe Picoty, échaudé par une précédente édition où il avait tenté de se frayer un passage entre Sao George et Pico, a choisi de s’éloigner au plus de l‘ombre du volcan.

Engagés dans un marquage à la culotte, Bureau Veritas et Mare.de semblent bien partis pour contourner Pico par le sud. Une option à hauts risques quand on sait les calmes qui entourent l’île, entre dévents et effets de compression. Mais l’an dernier, en 6,50m, Jörg Riechers avait bien remporté la première étape entre les Sables d’Olonne et Horta en appliquant à la lettre la même tactique. Reste que pour l’équipage de Groupe Picoty qui selon ses propres dires avait plutôt mal négocié la dernière nuit, ce mano a mano entre les deux équipages du sud pourrait se révéler une véritable aubaine.

Le cours du tissu de verre va monter en flèche à Horta d’ici dimanche. Petit à petit les langues se délient et les coureurs, pressés par le temps d’escale qui va se révéler très court, annoncent leurs petites misères. On savait déjà que Bureau Veritas devrait faire de la stratification à la hauteur de ses mèches de safran et que Wanted Partner devait faire face à une entrée d’eau récurrente par la crash-box. C’est aujourd’hui Mare.de2 qui avoue devoir pomper près de 150 litres d’eau toutes les quatre heures suite à une fissure sur le tube de mèche de safran. Sans compter le nombre de girouettes anémomètres parties vivre leur vie, de boitiers électroniques ayant mal supporté l’humidité, de gréements courants fatigués.

Autant dire que l’escale risque d’être particulièrement studieuse pour les douze équipages encore en course et il y a fort à parier que la découverte touristique de l’île fera l’objet d’une visite ultérieure pour beaucoup. C’est aussi à cet aune que l’on mesure combien cette première étape n’a été en rien une promenade de santé. Qu’à une vingtaine d’heures de l’arrivée, quatre équipages soient encore en lutte pour le podium est aussi le signe de la bonne vitalité sportive de la Class40. Malgré des conditions particulièrement difficiles et éprouvantes pour les bateaux comme pour les hommes, le jeu reste encore ouvert avant l’étape retour. Pour la beauté de la course, c’est une excellente nouvelle.

Ils ont dit :
Christophe Bouvet (Aquarelle.com)
« On n’a pas dormi la dernière nuit. C’était virement sur virement pour choisir le bord rapprochant. On commence à voir le bout du tunnel. Le soleil brille de nouveau et on se sèche les arêtes. On a 12 nœuds, il fait beau, la mer est plate. Il vaut mieux être là que derrière, mais on connaît les arrivées sur les îles, il faut rester très vigilant. On a un petit avantage, c’est que derrière, ils vont se marquer ; on va essayer d’en profiter pour se sauver. »

Stéphane Le Diraison (Bureau Veritas)
« On a bien tricoté la nuit dernière et on est bien content. La suite va devenir très stratégique. On aimerait bien marquer nos petits copains et ne pas prendre de risques. On va plutôt essayer d’assurer un écart limité, plutôt que de tenter un coup ultime. Avec Vincent on a eu une gestion de course de type large, on va être à 100% pour les dernières vingt-quatre heures, on ne va rien lâcher...»

Jörg Riechers (Mare.de2)
« Tout va bien. Il y a de l’eau partout dans le bateau. On a une fuite au niveau des paliers de safran. On écope environ 150 litres d’eau toutes les quatre heures, mais tout va très bien. Stéphane (Le Diraison) est juste à côté de nous. Yannick et Christophe, c’est un super bateau avec un excellent équipage. On est fatigué car on est privé de pilote depuis le début. Les seuls trucs qui marchent à bord, c’est le compas et le speedomètre. »

Classement du 9 juillet à 16h
1 Aquarelle.com (Y Bestaven – C Bouvet) à 74,2 milles de l’arrivée
2 Groupe Picoty (J Fournier – JE Criquioche) à 23,7 milles
3 Bureau Véritas (S Le Diraison – V Barnaud) à 25,7 milles
4 Mare.de2 (J Riechers – E David) à 26,7 milles
5 L’Express Sapmer (D Lazat – R Aubrun) à 66,0 milles
6 Grassi Bateaux (O Grassi – JB Glin) à 120,1 milles
7 Matetmat.com (M Galland – M Prochasson) à 125,7 milles
8 Techneau (A Daval – G Dutoit) à 130,3 milles
9 Hip Eco Blue (A Fantini – S Merolla) à 148,4 milles
10 Wanted Partner (L Régnier – PY Cavan) à 163,5 milles
11 Spliff à 171,7 milles
12 Velevent (S Alran – C Olagne-Vieille) (A Dawson – J Mac Coll) à 187,1 milles
DNF : Tales
DNF : Exedra

Source : Isabelle Delaune