Class 40 / La flotte malmenée, le leader attendu mardi aux Sables

Il y a des limites au rythme que l’on peut tenir. Les hommes comme le matériel ont leurs petites faiblesses et naviguer dans du vent fort, à la limite du raisonnable, finit par laisser des traces. Drisses coupées, voiles fatiguées, gréement défaillant, tous ou presque ont été atteints. Et la rentrée dans le golfe de Gascogne promet finalement d’être plus musclée que prévue avec un nouveau front particulièrement actif.

Crédit : Ch. Breschi

Retour express… le régime de vent de nord-ouest musclé continue de pousser la flotte à grande vitesse vers les côtes vendéennes que les premiers devraient atteindre mardi dans la matinée. Mais l’étape est en train de laisser des traces, sur les hommes comme sur les bateaux. Première victime de ces conditions impitoyables, l’équipage de Wanted Partner, qui a décidé de faire escale à La Corogne. Privé de pilote automatique depuis le départ d’Horta, suite à une panne de vérin, Lionel Régnier et Denis Van Weynbergh étaient contraints de se relayer à la barre. Malheureusement pour eux, un mal de mer tenace saisissait Denis qui, dès lors, devenait peu opérationnel pour la manœuvre. Sagement, Lionel Régnier décidait donc, plutôt que d’assumer seul des relais épuisants à la barre, de faire route sur La Corogne où les deux hommes devraient s’arrêter quelques heures, le temps de réparer leur vérin. Il n’empêche que cette édition 2011 n’aura pas été celle de Lionel Régnier, contraint de revoir ses ambitions initiales à la baisse.

La flotte malmenée
Pendant ce temps, la flotte continue de cavaler à vive allure vers le golfe de Gascogne ; Groupe Picoty maintient l’écart sur ses poursuivants tandis que Bureau Veritas a légèrement creusé sur Aquarelle.com. Derrière les attitudes des uns et des autres, commencent à pointer les calculs en vue du classement général. Vainqueurs de la première étape, Yannick Bestaven et Christophe Bouvet savent qu’ils disposent d’une marge d’erreur confortable puisque leur premier poursuivant est à près de cinq heures derrière eux et que le leader actuel, Groupe Picoty, pointe à plus de sept heures. La tentation est forte, compte tenu de la situation météorologique qui prévoit finalement des vents soutenus jusqu’à l’arrivée, de lever légèrement le pied et d’assurer une place qui leur permettra d’emporter le classement général.

En revanche, pour Stéphane Le Diraison et Vincent Barnaud, il ne s’agit pas de s’endormir : la victoire de Jacques Fournier et Jean-Edouard Criquioche pourrait remettre en cause leur place de deuxième au classement. Pour les deux navigateurs, il s’agit donc de calquer son rythme de course sur celui des leaders. Derrière, c’est plus la perspective de faire un joli résultat qui anime les équipages en course pour la quatrième place. A bord de Velevent, Stéphanie Alran et Julien Pulvé voient leur suprématie contestée par les frères Daval qui mènent leur Techneau tambour battant.

Et la liste des bobos s’allonge : problème d’hydrogénérateur à bord de Velevent, hublots non étanches et fuite de ballast pour Aquarelle.com, rupture du bout-dehors pour Matetmat.com, tête de mât au comportement inquiétant pour Bureau Veritas, sans compter tous les petits secrets que chaque équipage garde pour ne pas donner prise à la concurrence. La rentrée sur le golfe de Gascogne promet d’être brutale entre accélération du vent et creusement des vagues sur la remontée de fond du plateau continental. Terminer sur un bateau capable de donner encore l’essentiel de son potentiel, risque de devenir l’objectif des marins dans les prochaines vingt-quatre heures.

Ils ont dit :
Yannick Bestaven (Aquarelle.com)
« On a eu jusqu’à trente-cinq noeuds cette nuit, avec une mer de travers qui a couché le bateau plusieurs fois. On n’a pas dormi de la nuit, on a pris beaucoup d’eau sur la figure. Notre position pourrait être intéressante, mais compte tenu de la cartouche qui va nous arriver dessus à partir de lundi, je ne pense pas que l’heure sera aux grands choix tactiques. Préserver le matériel pour conserver une partie de l’avance que l’on avait sur la première étape et gagner la course. On a essayé d’attaquer cette nuit et on est parti deux fois au tas violemment. Maintenant, on va mettre la pédale douce.»

Lionel Régnier (Wanted Partner)
« Vu le fichier météo que l’on a reçu, et compte tenu de l’état de Denis, on a décidé de s’arrêter à La Corogne. Le changement de vérin devrait se faire rapidement et cette option nous paraît la plus raisonnable. Denis n’a rien mangé depuis deux jours, on est tout le temps obligé de se relayer à la barre et le fait de s’arrêter à La Corogne va nous permettre de laisser passer le plus gros du mauvais temps avant de repartir dans des conditions plus maniables. »

Classement du 17 juillet à 16h
1 Groupe Picoty (J Fournier – JE Criquioche) à 498,7 milles de l’arrivée
2 Bureau Véritas (S Le Diraison – V Barnaud) à 18,2 milles du premier
3 Aquarelle.com (Y Bestaven – C Bouvet) à 29,2 milles
4 Velevent (S Alran – J Pulvé) à 65,6 milles
5 Techneau (A Daval – B Daval) à 69,5 milles
6 Mare.de2 (J Riechers – E David) à 87,5 milles
7 Grassi Bateaux (O Grassi – JB Glin) à 91,5 milles
8 Matetmat.com (M Galland – M Prochasson) à 95,8 milles
9 L’Express Sapmer (D Lazat – F Nouel) à 106,3 milles
10 Spliff (A Dawson – J Mac Coll) à 60,2 milles à 113,9 milles
11 Wanted Partner (L Régnier – D Van Weynbergh) à 124,5 milles
12 Hip Eco Blue (A Fantini – S Merolla) à 154,6 milles
DNS : Tales
DNS : Exedra

Source : Isabelle Delaune / Les Sables - Horta - Les Sables