Class 40 / Le doyen et les novices sur Horta - Les Sables

C’est parti ! Pendant quarante-huit heures au moins, les équipages vont retrouver les grands surfs, le bruit de la quille et des safrans qui chantent, les lances à incendies sur le pont et parfois les sorties de route intempestives. L’équipage de Groupe Picoty exploite à merveille son positionnement médian pour creuser l’écart sur ses deux principaux adversaires, Bureau Veritas et Aquarelle.com. A leurs basques, Velevent tient toujours la cadence.

Crédit : Ch. Breschi

Les messages du large commencent à se faire laconiques. Visiblement, le temps de faire des phrases est révolu, il y a du boulot sur le pont. La flotte est partie pour un long raid à pleine vitesse qui devrait accompagner les tandems jusqu’au milieu du golfe de Gascogne. La course de vitesse promise depuis le départ a bel et bien lieu.

Au nord, Etienne David et Jorg Riechers (Mare.de2) cravachent et sont crédités de la meilleure moyenne sur les quatre dernières heures. Mais le navigateur suisse joint aujourd’hui à la vacation ne se fait guère d’illusions. Le retard pris sur les premiers est trop important pour espérer encore l’emporter. Il s’agit avant tout de limiter les dégâts et de se battre pour l’honneur… les deux savent bien que c’est le meilleur moyen de ne pas avoir trop de regrets, quand il s’agira de mettre pied à terre. Sur la route du sud, l’équipage de Bureau Veritas aimerait bien profiter de sa position intermédiaire pour reprendre des milles au tandem d’Aquarelle.com sans trop perdre sur le leader, Groupe Picoty.

Ça cravache donc. Et si l’on retrouve les inévitables favoris aux avant-postes, quelques équipages méritent une mention spéciale, avec en premier lieu, Stéphanie Alran et Julien Pulvé. On pouvait, au départ d’Horta, s’interroger sur le potentiel de ce tandem de Velevent, nouvellement formé. Stéphanie le dit elle-même : elle n’a pas l’expérience de Caroline Olagne-Vieille, sa coéquipière de l’étape aller. En proposant à Julien Pulvé d’embarquer avec elle pour l’étape retour, elle faisait le pari que leur équipage compenserait son manque d’expérience à force d’envie d’apprendre. Julien, issu de la filière voile légère, embarquait pour la première fois sur un Class40 avec à son seul actif, une course en double, lors du dernier Mini-Fastnet. En pointant à la quatrième place de cette étape retour, ils sont en train d’emmagasiner une confiance nouvelle, de bon augure pour la suite. On a coutume de dire qu’être en tête rend intelligent, en régate. Pour le moins, c’est le type de situation qui donne une certaine sérénité.

A bord de Groupe Picoty, c’est un tandem qui se connaît bien. Aux côtés de Jean-Edouard Criquioche, Jacques Fournier fait honneur à ses soixante-cinq printemps. Le doyen de la course a visiblement bon pied bon œil et témoigne d’une énergie qui en remontrait à bien des navigateurs nettement plus jeunes. En achetant un nouveau bateau, Jacques Fournier savait que leur équipage prenait un risque. Habitués des ventres mous du classement à bord de leur premier voilier, vite dépassé par les nouvelles unités mises sur le marché, les deux navigateurs ne pouvaient plus se permettre, à bord de leur nouvelle monture, de se cacher derrière leur petit doigt. Sauf avatar imprévu, le podium de cette troisième édition des Sables – Horta devrait leur tendre les bras et plus si affinités. L’équipage de Velevent tendrait à démontrer la valeur du dicton qui énonce que la valeur n’attend pas le nombre des années… mais le parcours de Jacques Fournier nous dit que ce n’est pas si simple.

Ils ont dit :
Stéphane Le Diraison (Groupe Veritas)
« Ça va très fort. On est bien, on sent que le bateau est sain. Pour nous, Picoty est mieux placé à l’heure actuelle ; on reste au contrôle sur Aquarelle.com. Pour l’instant c’est une course de vitesse, mais les 200 derniers milles devraient être stratégiques. On l’espère, parce que ce sera peut-être l’occasion de revenir alors sur Groupe Picoty.»

Olivier Grassi (Grassi Bateaux)
« On s’est rendu compte au lever du jour que l’on avait perdu une place. Sans notre girouette, on ne s’est pas aperçu que l’on naviguait trop bordé. Au lever du jour, on a pu revoir notre réglage et depuis qu’on a ouvert les voiles, ça va mieux. On voulait monter au nord mais pas autant que Jorg et Etienne. Peut-être que ce sont eux qui ont raison, mais il faudrait un gros différentiel de vitesse pour qu’ils reviennent dans le match »

Classement du 16 juillet à 16h
1 Groupe Picoty (J Fournier – JE Criquioche) à 789,6 milles de l’arrivée
2 Bureau Véritas (S Le Diraison – V Barnaud) à 11,8 milles du premier
3 Aquarelle.com (Y Bestaven – C Bouvet) à 13,4 milles
4 Velevent (S Alran – J Pulvé) à 38,8 milles
5 Techneau (A Daval – B Daval) à 48,0 milles
6 Grassi Bateaux (O Grassi – JB Glin) à 50,4 milles
7 Matetmat.com (M Galland – M Prochasson) à 55,2 milles
8 Wanted Partner (L Régnier – D Van Weynbergh) à 58,1 milles
9 Spliff A Dawson – J Mac Coll) à 60,2 milles
10 L’Express Sapmer (D Lazat – F Nouel) à 71,4 milles
11 Mare.de2 (J Riechers – E David) à 81,5 milles
12 Hip Eco Blue (A Fantini – S Merolla) à 97,1 milles
DNS : Tales
DNS : Exedra

Source : Isabelle Delaune / Les Sables - Horta - Les Sables