Imoca / Armel Le Cléac'h : "C'est une transat de costauds"

Alors que les conditions rencontrées par la flotte depuis le départ du Havre ont lourdement éprouvé les concurrents de la Transat Jacques Vabre, le scénario de la nuit dernière est venu enfoncer le clou, leur imposant la négociation délicate d’une forte perturbation au passage des Açores. Toujours installés à la troisième place chez les IMOCA depuis leur impressionnante remontée, Armel Le Cléac'h et Christopher Pratt poursuivent de leur côté un début de course inspiré et assuré. Les marins du Monocoque 60 pieds Banque Populaire affichent la grande forme, heureux d'avoir laissé derrière eux le plus fort du coup de vent et retrouver des conditions plus maniables.

Credit : BPCE

La nuit dernière était annoncée comme celle de tous les dangers sur l'Atlantique. Dans le Nord des Açores, la rencontre avec un front devait imposer aux duos une navigation sous haute tension, achevant le Directeur de Course, Jean Maurel, de considérer cette 10ème Transat Jacques Vabre comme "la plus difficile de toute l'histoire de la course". La violence du phénomène ne l'aura pas fait mentir ! Contacté par son équipe à terre à la mi-journée, Armel Le Cléac'h revenait sur ces dernières heures à bord de Banque Populaire : « Nous sommes vraiment contents d'être de l'autre côté de ce coup de vent et de l'avoir passé sans encombre. La mer est encore un peu agitée et nous avons 20 à 25 nœuds de Nord Ouest, mais ce n'est rien par rapport à ce que nous avons rencontré cette nuit. Le vent est rentré progressivement à partir de 18/19 heures hier soir et a fini par monter à 40/45 nœuds, soufflant par le travers. C'était vraiment « Rock n’roll ». Nous étions toilés au minimum, trois ris et petit foc. Ce front a été assez brutal, avec une bascule à 90/100° du vent. Il a fallu virer de bord, matosser dans un temps record et surtout dans une mer très formée, venant face au bateau. Il y a eu une douzaine d'heures vraiment sport ! Ca bougeait beaucoup, le bateau tapait et on appréhendait le choc à chaque fois qu'il retombait dans les vagues ».

Pas de mi-temps depuis le départ !
Jamais encore, Armel Le Cléac'h et Christopher Pratt n'avaient été confrontés à de telles conditions à bord du Mono 60’ Banque Populaire. De quoi achever de leur donner confiance en leur monture. Heureusement, les prochains jours devraient marquer un retour à une configuration météorologique plus traditionnelle, permettant alors à la stratégie de reprendre ses droits. Forts de leur positionnement médian, les deux marins attendent leur heure : « Nous en avons fini avec les coups de vent. Nous attendons juste que la mer s'organise un peu. Nous allons maintenant pouvoir nous concentrer sur les choix de trajectoires. Ces décisions vont se prendre maintenant. Nous sommes dessus et réfléchissons à la suite. Depuis le début, nous faisons notre route et suivons notre idée. Nous sommes toujours contents de notre position médiane et nous allons poursuivre en fonction de ce que nous ressentons ». L’agitation des premiers jours n'a semble-t-il entamé en rien les réserves des deux marins qui, à peine la violence de la nuit dernière dans leur sillage, sont déjà plongés dans une autre tempête, bien plus stratégique celle-là. En la matière, la fraîcheur sera une arme infaillible : " Nous sommes à peu près reposés ; notre matelas à billes s'avère assez efficace pour amortir les chocs. Nous sommes quasiment en combinaison sèche depuis le départ. Mais on peut dire que c'est une Transat de costauds, il n'y a pas eu de répit, pas de mi-temps". Prochain round dans quelques heures...

Source : Voile Banque Populaire