VOR / Dans le piégeux détroit de Malacca, Telefonica s'en sort le mieux

Détroit de Malacca, premier jour. Telefónica en tête, les bateaux avancent au sud-est entre cargos, débris flottants et variations de vent. Avec un joli retour de Groupama 4, quatrième, qui s’est démené cette nuit et a réussi à revenir au contact de CAMPER.


Credit : A. Ross/Puma/VOR


« C’est la loterie ! » Iker Martínez, le skipper de Telefónica, répond au téléphone en français dans le texte. Le bateau bleu est à la première place, une douzaine de milles devant PUMA, deuxième.

Dans sept à 10 nœuds de vent, la flotte progresse lentement, à une dizaine de nœuds. Et le skipper espagnol sait bien – c’est sa troisième Volvo Ocean Race – que le reste du détroit s’annonce plus piégeur encore.

« Il n’y a déjà plus beaucoup de vent et plus du tout de vagues. Ça commence à ressembler à la dernière fois (Telefónica Blue, 2008-09), et on a ralenti. On doit défendre notre position et chercher à placer notre bateau là où il est le plus à l’aise. Pour le moment, on va le plus vite possible, mais on ne sait pas exactement comment ça va se passer. Quand ça deviendra plus difficile, on verra ! Il faut un peu de chance. »



De la chance. Groupama en a manqué il y a deux nuits, ralentissant dans deux grains piégeurs, et perdant deux places du même coup. Depuis, les Français s’accrochent. Et à 14h UTC aujourd’hui, ils ne sont plus qu’à 0,40 mille de CAMPER, troisième.

« On a beaucoup manœuvré pour revenir sur CAMPER, » raconte Thomas Coville, chef de quart de Groupama 4, « on a vraiment donné un grand coup de collier la nuit dernière. Se retrouver bord à bord avec eux, c’est très motivant.

 On a beaucoup viré depuis l’entrée du détroit. Virer sur un Volvo Open 70, ça demande beaucoup d’engagement de la part de l’équipage et la nuit dernière, on n’a pas arrêté. Alors on dort moins, voire pas du tout, et on déplace tout le matériel à l’intérieur. Et des réglages incessants dans des vents très perturbés par le relief et par la côte, très belle et très découpée. Telefónica a manifestement une aisance. C’est souvent symptomatique de ceux qui vont très vite et qui sont très bons : ils vont toujours au bon endroit et se repèrent bien."

Avant de conclure  : «Malacca, c’est la transition la plus marquée, par le courant et parce que c’est un endroit qui marque une rupture entre deux océans, l’océan Indien et la mer de Chine. Il y a une vraie transition, une bascule à ne pas rater par rapport au rythme de la course. Il faut prendre le bon train pour s’engager dans la mer de Chine qui nous attend derrière. Ce point névralgique est stratégique pour cette étape 3. Les bateaux qui sauront rester près des autres auront une chance de gagner à la fin ; ceux qui décrocheront ici n’auront pas du tout de chance de revenir après."

Ce retour français ne plait évidemment pas trop à l’équipage de Chris Nicholson, troisième. 

Hamish Hooper, équipier média pour CAMPER : « Pour la première fois depuis quelques jours, on peut malheureusement voir Groupama dans notre tableau arrière. Pourquoi est-ce qu’à chaque fois que je vois un bateau vert, je pense à Kermit la grenouille ? »

Une blague, pour oublier que les difficultés s’accumulent au cœur du détroit. Des cargos, des débris flottants – Mar Mostro a endommagé une dérive hier en tapant un tronc d’arbre –, des vents aléatoires. « Vous pouvez prendre n’importe quel pari en ce moment, » assure Ken Read, skipper de PUMA. « C’est dur, c’est hasardeux. Bref, jusqu’à présent, un détroit de Malacca classique. Petits nuages, gros nuages, de la brise partout. Vous croyez être au bon endroit, puis la brise change complètement. Le vent n'est pas prévisible, il y a des bascules … Et on n’est pas encore au passage le plus étroit ! »


Classement à 17 heures :
1 Telefonica 0.00
2 Puma 12.00
3 Camper 22.50
4 Groupama 23.40
5 Abu Dhabi 47.20
6 Sanya 117.30

Source : Volvo Ocean Race