Vendée Globe / Arnaud Boissières :"La nouveauté, c’est mon ambition sportive"

Le Vendée Globe est une épreuve qui réclame de la maturité et de l’expérience. Cela tombe bien pour Arnaud Boissières qui, 40 ans cette année, entre dans une décennie que l’on dit justement celle de la maturité.  Il s’est longtemps amusé d’ailleurs d’être considéré par quelques uns de ses pairs comme un "jeune" marin. Mais ça c'était avant. 

Arnaud Boissières arrive avec plus d'ambition sur ce Vendée Globe 2012.
Credit : J.Girardot/ SeaandCo

Avant son premier Vendée Globe en 2008/2009 et sa prise en main d’un nouveau bateau en 2009. Car son plan Farr, l’ancien PRB de Vincent Riou, possède les qualités permettant de ne plus se contenter de finir mais de figurer au mieux dans le tour du Monde à venir. Pas du genre à couper les mots en quatre, Arnaud traduit bien son changement de statut : "J’étais considéré comme un novice, aujourd’hui j’ai accompli un tour du monde, je barre un nouveau bateau plus performant donc j’arrive avec plus d’ambition sportive. Et avec la pression qui l’accompagne". 

Mais ça, comme le dit Arnaud Boissières, c’est surtout un changement dans le regard des autres. Car ceux qui l’ont suivi dans la préparation de son précédent Vendée Globe savent combien il avait déjà pris cette course avec le plus grand sérieux. Et s’il ne nie pas le côté aventure du Vendée Globe, le skipper d'Akena Verandas, même alors à bord d’un bateau solide mais limité côté performance, ne s’est jamais contenté de "participer" dans l’édition précédente. C’est dire si, cette fois, il a "conscience de pouvoir faire quelque chose". Mais alors, n’y aurait-il finalement que la qualité de la monture qui ait changé entre le Arnaud 2008 et le Boissières 2012 ?

Entre celui qui à l’automne 2008 cumulait deux "Mini Transat", trois "Solitaire du Figaro" et trois transats IMOCA et le Arnaud d’aujourd’hui qui a ajouté à ce palmarès une 7ème place sur le Vendée Globe et quatre transats dont un démâtage qui constitue à ce jour son seul abandon ? Pas tout à fait. Il a évidemment accumulé de l’expérience : "Cela peut sembler paradoxal mais justement mon démâtage a encore accru ma confiance dans mon équipe et je crois que c’est réciproque". Il ajoute : "Le projet est plus stable, dispose de plus de moyens… Ce qui fait que de ce côté-là je me sens nettement mieux". Ce qui ne change pas l’esprit dans lequel il travaille : "J’ai toujours respecté les gars qui travaillent avec moi. Quand on se réveille le matin pour venir au bateau, on ne vient pas à l’usine. On arrive avec la joie de vivre".

On aura donc compris que Boissières 2012 n’est vraiment pas blasé. En définitive, Arnaud 2008 et Boissières 2012 ne font qu’un : "Je me suis justement posé cette question : suis-je différent d'avant ? Au final je me dis que non. Je repars avec autant d’énergie et d’envie. L’appréhension ? J’ai navigué dans les Mers du Sud mais cela ne change pas les conditions que je vais y rencontrer, je sais qu’elles seront tout aussi limites. Sans être maso, c’est d’ailleurs pour les sensations ainsi procurées qu’on y retourne". A bien y réfléchir, Arnaud lâche : "Je suis peut-être plus sérieux" pour immédiatement l’atténuer par l’autodérision : "Enfin bon, chassez le naturel, il revient au galop". On aura compris que s’il se sent plus sûr de lui, l’homme ne se prend pas pour autant plus au sérieux. Personne ne le regrettera. "La vraie nouveauté, c’est mon ambition sportive qui s’est élevée". En définitive, on dira qu’Arnaud n’a pas changé et que Boissières est plus ambitieux. Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle pour la concurrence !

Les Sables d'Olonne, son port d'attache
La ville des Sables d'Olonne, ville d'arrivée et de départ du Vendée Globe, est également le port d'attache du skipper Arnaud Boissières. En effet, c’est dans cette station balnéaire de la Côte de Lumière que le skipper et son équipe technique s’affairent tout au long de l’année à la préparation du voilier AKENA Vérandas. Anciennement basé dans l’ancien chai des marins à La Cabaude, le team a déménagé en cours d’année pour s’installer au village des entreprises nautiques face à Port Olona. "Je suis l’un des rares skippers à me préparer sur place, aux Sables et cela présente d'énormes avantages. J'ai tout de suite sympathisé avec de vieux pêcheurs chaumois. Ils me racontent leurs campagnes de pêche, je leur parle de mes traversées océaniques. L’engouement des Sablais pour le bateau AKENA Vérandas est très fort. Le public local est au rendez-vous à chaque instant important de la vie du bateau. Il vient nous voir et nous soutenir, c’est très sympa. C’est un des grands privilèges d’être aux Sables d’Olonne".

Les mers du Sud : Un eldorado hostile
"On voit des choses dans les mers du Sud qui sont indescriptibles, d'un autre monde. L'océan est le seul maître et il ne manque pas de nous le rappeler, le tout orchestré par ces merveilleux albatros. On se faufile, avec des surfs démoniaques ! Je vais y retourner avec humilité, fort de ce que les Mers du Sud m’ont appris et apporté lors de mon premier passage".

Le Cap Horn : L’enfer des marins
"Il marque la vie d’un marin. Franchir le cap Horn, on ne rêve que de ça. Je l'ai passé une fois, le 15 janvier 2009. J'avais beaucoup d'appréhension car les fichiers annonçaient une énorme tempête et 80 noeuds en rafale, je ne savais pas comment naviguer avec ce vent. Finalement, ça s'est bien passé parce que je m’étais bien préparé, le vent n'était pas aussi violent que prévu. J'en garde un souvenir en tant qu'être humain assez fort. Toutes mes années de préparation ont vraiment compté".

Source : Akena Verandas