Vendée Globe / Armel Le Cléac'h profite quand ça cravache derrière (ITW)

J+6. Les marins retrouvent le plaisir d'être en mer. Ca glisse, les températures sont agréables (on en profite pour faire sécher) même si les grains restent nombreux à l'approche du Pot-au-Noir.  Mais pour tous, la même déception suite au dématage de Sam Davies. 




Marc Guillemot (FRA, Safran), abandon
« Mon bateau est à notre base à Saint-Philibert, à côté de la Trinité. Depuis avant-hier, il est démâté et rangé dans son chantier. A partir de lundi, des experts vont commencer une étude approfondie sur cette rupture de quille. Réponse dans 10-15 jours. Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas un mois plus tôt ? Ou un mois plus tard - ce qui aurait été plutôt dramatique d’ailleurs ? Ce sont les questions auxquelles on va essayer de répondre. Là, on est plutôt en train de construire une nouvelle saison pour 2013. Il y a la Jacques Vabre. Toute l’équipe est mobilisée pour avancer même si la digestion va prendre un peu de temps mais ça ne va pas nous empêcher d’avancer. Pour moi, maintenant, c’est un peu de vacances, pendant dix jours, pour évacuer tout ça et refaire le plein d’énergie. »

Kito de Pavant (FRA, Groupe Bel), abandon
« La déception ne s’estompe pas, l’hiver va être long pour Marc, Sam, Louis et moi. Ça va être des moments difficiles. A Cascais, nous étions dans l’action pour sécuriser le mât. On a démâté, on a protégé tout le matériel qu’on a mis à l’abri. Il reste le bateau à réparer. Le plus important c’est que les marins et les bateaux soient en sécurité quelque part. Le reste n’est pas très important. La, on y retourne la semaine prochaine avec des architectes et des experts pour estimer les dégâts. Ce week-end, je vais aller voir ma petite mère. Elle avait un ulcère et maintenant, elle va beaucoup mieux (rires). Tous vos messages font chauds au cœur. Merci à tous ! »

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire), 1er à 16 h
« Depuis le début, on était assez proche avec Bernard (Stamm), avec François (Gabart) un peu devant. Hier soir, il est tombé dans une zone avec moins de vent, on a pu se rapprocher et j’ai réussi à passer devant. Je suis la meilleure route, je prends soin du bateau, c’est un plaisir. C’est la première fois que ça m’arrive d’être en tête d’un Vendée Globe donc ça fait plaisir pour moi et pour toute l’équipe qui a travaillé sur le bateau. Maintenant la route est très longue et les camarades ne sont pas très loin derrière. Mais c’est sympa. Hier j’ai croisé un cata qui m’a demandé si les conditions étaient bonnes. C’était sympa. »

Alex Thomson (Hugo Boss), 6è :
« Je suis de nouveau fatigué aujourd’hui. Le fait d’avoir à la fois un vent faible et changeant m’a empêché de me reposer car j’ai dû changer de voiles toute la nuit. Je pensais que je ralentissais par rapport au reste de la flotte et j’étais sûr que je perdrais ma 4ème place ce matin. C’était donc très motivant de voir que j’avais réussi à m’accrocher à cette place pendant la nuit. Les autres ont aussi du avoir une soirée compliquée. Après la vitesse d’hier (qui m’a permis de voir l’un des arcs-en-ciel les plus clair de ma vie), aujourd’hui risque d’être une journée plus lente, mais les alizées commencent à arriver. Vu que les conditions sont un peu plus calmes, je vais en profiter pour vérifier l’état du bateau. Quelle mauvaise nouvelle le démâtage de Sam la nuit dernière. Je suis heureux qu’elle en bonne santé. C’est une belle piqûre de rappel pour nous. Il faut vraiment être très vigilant.»

Jérémie Beyou (Maitre CoQ), 7è
«On va gérer chaque jour de course l’un après l’autre… Tant qu’on est en course, tout va bien ! Je pense d’ailleurs très fort à tous ceux qui ont été contraints à l’abandon, c’est vraiment triste. Ça passe de 3 à 25 nœuds ! Il y a beaucoup de grains, il faut régler en permanence. ça fait deux jours que ça dure, c’est un peu usant... mais ça a l’air de se régulariser. J’ai sorti tous les vêtements mouillés sur le pont, même s’il fait gris, avec la chaleur (22° au lever du jour) ça va sécher. Tout à l’heure, j’irai faire un tour d’inspection du bateau et bricoler un peu. »

Mike Golding (Gamesa), 8è
" Ça reste d’être une longue journée sportive aujourd’hui. Nous sommes dans le Pot au Noir… enfin pas tout à fait… mais on s’y croyait. Il y a eu des gros changements de direction de vent, parfois d’intensité et la pluie commence à me tomber dessus. Je ne sais pas où ça va me mener. La bonne nouvelle, je pense, c’est que je ne me suis pas arrêté mais j’ai dû naviguer contre le vent. Je préférais me trouver au même endroit que les autres. L’ordinateur indiquait que la brise allait me porter mais au lieu de ça je me suis retrouvé face au vent. C’est un peu frustrant. J’ai eu un petit problème avec mes drisses un peu plus tôt lorsque j’ai levé le genoa. Il ne s’est pas bloqué correctement. J’ai quelques brûlures de corde sur les mains. On dirait que j’avance par étape, en dent de scie je dirai. Je vais essayer de me diriger vers l’ouest aujourd’hui mais je pense que je serai coincé dans le peu de vent que j’ai la majeure partie du temps. C’est un peu frustrant. Je suis désolé pour Sam qui a démâté la nuit dernière. Est-ce qu’elle va bien ? Elle était dans au pire endroit au mauvais moment. Elle va nous manquer."

Dominique Wavre (SUI, Mirabaud), 10è
« Ça bouge pas mal. C’est assez sportif. Petit à petit, la mer s’arrondit et actuellement ça glisse tout seul. Il commence à faire beau, c’est un vrai bonheur et c’est de la navigation facile. C’est un vrai bonheur, le bateau a arrêté de taper. Ça fait du bien, c’est comme de la récupération après une épreuve. Il y a des places à prendre. Avec Golding et Le Cam, on va commencer l’empannage. Ça fait plaisir d’être dans le bon peloton après les difficultés du début. (A propos des abandons) Je suis extrêmement désolé pour eux. C’est l’infortune de mer et quand ça arrive au début du Vendée, c’est vraiment terrible. Kito, je vais faire le max pour être le représentant des gens du Sud. Je suis de tout cœur avec Sam et Louis que j’ai appelés par téléphone pour m’assurer qu’elle était en sécurité et lui pour l’encourager. »

Arnaud Boissières (FRA, AKENA Vérandas), 11è
« Je suis bien triste d’apprendre que Sam a cassé son mât. Moi ça va, ça mouille un peu mais la mer est de plus en plus belle. La mer était dure du coup j’essayais de m’adapter plus à la mer qu’au vent. Mais là ça glisse à nouveau et il y a un petit rayon de soleil. C’est sûr qu’hier après-midi, quand tu es enfermé dans le bateau et que tu sors voir l’état de la mer tu te dis « aïe, aïe, aïe ! ». Aujourd’hui, j’ai peur qu’il y ait une terrible manœuvre à faire, je vais essayer de me reposer. »

Javier Sanso cherche un abri aux Îles Canaries
Après 32 heures de navigation sans grand voile et après avoir analysé les conditions météorologiques, Javier « Bubi » Sansó se dirige vers les Îles Canaries pour se mettre à l’abri et pouvoir procéder aux réparations sur son IMOCA. Il pourra ainsi monter en haut de son mât pour récupérer sa drisse et reprendre la course à 100%. Sansó nous explique ce qu’il compte faire : « Bonsoir à tous. Hier j'ai préparé tout le matériel nécessaire à la montée dans le mât d'aujourd'hui, à l'abri des Îles Canaries. J'ai juste besoin d'un coin sans vague pendant quelques heures et je pense pouvoir revenir à 100%. J'ai réussi à bien dormir pendant presque deux heures d'affilée... Quel luxe ! »

Meilleure progression en 24h pour Mirabaud
Si la première moitié de la flotte a largement ralenti, le flux de nord profite encore à quelques skippers qui arrivent à combler une partie de leur retard. La meilleure progression de ces dernières 24h est celle de Dominique Wavre sur Mirabaud qui, avec 340,5 milles, gagne 136 milles sur le leader et une place au classement (10e).

Classement à 16 h
1 Banque Populaire Armel Le Cléac´h
2 MACIF François Gabart à 20.8 nm
3 Cheminées Poujoulat Bernard Stamm à 24.3 nm
4 Virbac Paprec 3 Jean-Pierre Dick à 81.8 nm
5 PRB Vincent Riou à 88.9 nm

Source : Vendee Globe