ITW / François Gabart et Armel Le Cléac'h s'échappent, derrière ça se corse

Les efforts consentis par François Gabart (MACIF) et son meilleur ennemi Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) n’auront pas été vains. En maintenant des vitesses très soutenues depuis plusieurs jours, ils sont en train de creuser un bel écart.  Depuis hier soir, ils profitent de conditions perturbées et naviguent à 18 nœuds de moyenne à l’arrière d’un front, dans un solide vent de sud-ouest (25 nœuds moyens) et 5 mètres de creux. Or, ils sont les seuls dans cette situation.


François Gabart caracole en tête du Vendée Globe (ici en direct de l'Ocean Indien)
Credit : F.Gabart

Ca part par devant 
Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), lui, a bien du mal à échapper à l’anticyclone qui est en train de le rattraper. L’hémorragie est encore plus importante pour Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat). Ils ont perdu plus de 200 milles en l’espace de 24 heures et doivent désormais négocier l’arrivée de la dépression tropicale Claudia. Leur objectif : passer dans sa partie nord pour bénéficier de vents portant. Ce faisant, ils se rallongent sensiblement leur route.

François Gabart :"On n’est pas en surrégime"
"L’océan Indien est assez compliqué depuis hier soir. On a une mer assez chaotique pour ne pas dire de gros mots, ce qui fait qu’on a du mal à avoir des vitesses assez élevées tout le temps. La météo est très favorable pour Armel (Le Cléac’h) et moi. Mais à la porte Crozet, Armel avait pris une option différente et finalement on s’est retrouvé à 20 milles à la sortie. On est dans un rythme pour lequel on s’est entrainé. On n’est pas en surrégime. Je suis content de tenir ce rythme-là et j’espère le tenir le plus longtemps possible. La nuit dernière je n’ai quasiment pas dormi parce que la mer était vraiment pourrie et je n’y arrivais pas. Quand je dis la nuit dernière, c’était hier entre 17 et 22 heures. Ce matin ça allait nettement mieux et j’ai réussi à dormir au moins quatre heures."

Armel Le Cléac'h :"J’ai essayé de mettre du charbon pour aller vite"
« La météo est favorable actuellement pour François (Gabart) et moi, elle va l’être un peu moins pour nos camarades derrière. Les moyennes de vitesse sont impressionnantes en tête ! On s’habitue à naviguer vite, à environ 20 nœuds de moyenne ; chose que l'on ne faisait pas il y a quelques années. Ces bateaux sont très rapides, c’est bien mais ça peut aussi être stressant parfois. La mer est actuellement chaotique avec des gros creux, mais ça va se calmer quand la dépression va partir dans la journée. Là on fait des bons surfs et des beaux plantés aussi donc ce n’est pas évident, c’est assez rock’n’roll. Cette nuit je n’ai pas beaucoup dormi parce que j’ai essayé de mettre du charbon pour aller vite, j’ai fait pas mal de manœuvres, des changements de voiles pour rester dans le flux. Ça a marché car j’ai bien recollé François. »

Jean-Pierre Dick :"Vais-je réussir à m'échapper par devant ?"
« La question du jour est : vais-je réussir à m'échapper par devant en évitant de me faire rattraper par l'anticyclone qui arrive? Ou vais-je être pris au piège de l'anticyclone et tomber dans la pétole ? Cela va être chaud ! Bernard Stamm et Alex Thomson ont été contraints de modifier leur route et changer de systèmes météo pour rallier la porte. Ils se sont éloignés du groupe de tête, je vais éviter d'en faire de même. Ce n'est pas simple ! François (Gabart) et Armel (Le Cléac'h) sont actuellement plus rapides, le risque est qu'ils prennent la poudre d'escampette. Le vent a mollit, le jeu de vitesse commence pour rester dans le même système que les leaders. Il y un élastique qui se tend.»

Bernard Stamm :"L'idée c'est de trouver une autre route"
" Je pense que j'étais juste un peu trop en retrait et le flux de Sud Ouest m'a quitté. Le problème c'est que se retrouver au Sud après le passage de la dorsale, potentiellement tu fais du près avec du vent fort, avec la tempête qui arrive. Ce n'est pas génial. L'idée c'est de trouver une autre route. J'espère aller chercher des vent au dessus de la tempête, des vents portants. Ca va rallonger la route. C'est un peu forcé, mais quand il n'y a plus de vent, il n'y en a plus ! Ca s'est joué à rien. A un moment donné, je me demandais même si les premiers allaient passer mais visiblement ça passe à l'est."

Jean Le Cam :"J’ai sorti la Rolls Royce du coup stratégique !"
« Je suis hyper content. Cette nuit a vraiment été extra. J’ai sorti la Rolls Royce du coup stratégique ! J’attendais le classement de 4h avec impatience, comme un enfant devant un sapin de Noël ! Est-ce que mon coup a marché ou pas ? Là je suis vraiment heureux, en plus SynerCiel avance bien. J’ai passé beaucoup de temps à la table à carte à étudier les fichiers et les images satellite pour éviter les zones sans vent et trouver le trou de souris pour m’échapper. Je travaille aussi beaucoup sur l’anticipation en téléchargeant des fichiers plus globaux. Ma stratégie, je la construis sur le long terme avec des routages non pas sur la prochaine porte mais sur celle d’après. J’ai déjà la tête en Tasmanie ! »

Classement à 16 h
1 - François Gabart [ MACIF ] à 14126,2 milles de l’arrivée
2 - Armel Le Cléac’h [ Banque Populaire ] à 7,5 milles du leader
3 - Jean Pierre Dick [ Virbac-Paprec 3 ] à 155,7 milles du leader
4 - Alex Thomson [ Hugo Boss ] à 353,5 milles du leader
5 - Bernard Stamm [ Cheminées Poujoulat ] à 430,1 milles du leader