ITW / Plein Nord pour Stamm, Dick et Thomson. Ils racontent.

Aux commandes de la flotte depuis le premier classement du jour et partisan d'une trajectoire sud pour se ménager du vent frais, Bernard Stamm va devoir se rallonger la route pour aller chercher la porte de Crozet et remonter dans le nord-nord-est. Un ticket dont on saura s'il s'avère gagnant dans les prochains jours. En attendant, le Suisse ne boude pas son plaisir. Armel Le Cléac’h, lui, a t-il eu raison de partir en franc tireur s’attaquer au vaste l’anticyclone qui stagne au nord de Crozet ? Dans l’immédiat, son choix parait bien déraisonnable. 


Credit : JM Liot/DPPI

Pendant 24 heures, Banque Populaire a été fortement ralenti dans les vents mous des hautes pressions. En l’espace de 36 heures, il a perdu 4 places et 160 milles au classement. Aucun de ses camarades du top 5 n’a souhaité prendre ce risque.

Bernard Stamm :"Il faudra compter les points dans 2 jours."
"Le vent faiblit de plus en plus, mais c'était un peu attendu. J'ai choisi d'aller du côté Est de la porte en me disant que l'anticyclone serait peut-être déjà passé et que je serais moins freiné. Pour l'instant c'est le cas, mais je n'y suis pas encore. Je pense qu'Armel (Le Cléac'h) a déjà redémarré. Il faudra compter les points dans 2 jours. Je suis au portant (grand largue) sous spi. La mer s'est tassée, mais il reste une grosse houle résiduelle. Le bateau veut surfer et comme il y a peu de vent, le spi c'est compliqué. Le détour pour aller chercher la porte, il fait un peu mal. Aller au nord d'abord pour repartir au sud après pour retrouver le vent, c'est un peu rude, mais je suis content d'être à cette position. Et puis il y a de la régate. J'ai vu François à l'AIS cette nuit. C'est comme si on faisait une régate de pardon à Quiberon."

Jean-Pierre Dick :"Nous, on a tout à faire encore."
"J’ai du pain sur la planche. Nous, on a tout à faire encore. Il faut monter et il reste encore 115 milles jusqu’à la porte. Moi je suis à l’extrême est. Les portes changent tout. Avant on gérait les dépressions maintenant on gère les anticyclones. Tout a changé. Il y a des moments de fatigue. Il faut rester sur le pont assez tard et longtemps. Régler les voiles, ça demande aussi pas mal de travail. On doit exploiter au mieux le potentiel du bateau. Quand on commence à barrer, c’est beaucoup de fatigue supplémentaire pour nous."

Alex Thomson :"Content de naviguer plus au nord maintenant"
"Naviguer dans la zone des glaces peut être vraiment stressant mais l’organisation a vraiment bien géré le réglage des antennes satellites et on est bien informé sur le positionnement des iceberg. Je suis bien content d’avoir empanné et de naviguer plus au nord maintenant. Armel s’est vraiment très bien débrouillé dans sa tactique pour passer la porte. Je suis assez content de ma course aussi, jusqu’ici. Je suis toujours en course, c’est déjà bien! J’ai vu sur le radar qu’il y avait un iceberg devant moi mais je ne m’en suis pas approché à moins de 30 milles donc je ne l’ai pas vu de mes propres yeux, et c’est très bien comme ça ! D’ailleurs, je n’ai vu aucun iceberg de ma vie, ni dans le dernier Vendée Globe ni dans la Barcelona World Race."

Armel Le Cléac’h :"C’est ça quand on joue"
"Je savais qu’ils (ndlr : ses principaux adversaires) allaient passer devant. La nuit n’a pas été facile. J’avais moins de vent que prévu, je pensais sortir plus vite de l’anticyclone mais tant pis. J’ai retrouvé du vent depuis quelques heures. Je n’ai pas beaucoup dormi, je suis un peu crevé même si ça va mieux au niveau du vent. On verra ce que ça donnera dans 48h. Je vais attendre de voir comment mes camarades vont passer la porte (Crozet). L’anticyclone, même s’il est bien présent sur la cartographie, a tout de même des couloirs de vent, donc on va voir. Moi, la stratégie, je l’avais mise en place il y a un petit moment. J’étais confiant dans mes choix. Mais c’est ça quand on joue. Il y a les aléas de la météo donc on verra bien. Mais c’est intéressant niveau stratégique. On joue et on va voir ce que ça va donner."

Classement à 16 h
1 - Bernard Stamm [ Cheminées Poujoulat ] à 16 525.3 milles de l'arrivée
2 - François Gabart [ Macif ] à 12.9 milles du leader
3 - Jean-Pierre Dick [ Virbac Paprec 3 ] à 48.3 milles du leader
4 - Alex Thomson [ Hugo Boss ] à 126.9 milles du leader
5 - Armel Le Cléac'h [ Banque Populaire ] à 159.4 milles du leader

Sources : Poujoulat et Vendée Globe