Vendée Globe / François Gabart attendu samedi soir, gros coup de vent sur la route

C’est la hantise des navigateurs. Alors que le podium lui semblait promis, Jean-Pierre Dick voit tous ses efforts anéantis par la rupture de sa quille. A quelques jours de l’arrivée, c’est un coup au moral porté à l’ensemble de la flotte et une incitation à la plus grande prudence.  En tête, les deux leaders vont aborder la partie la plus critique de cette remontée de l’Atlantique Nord, sur le plan stratégique. 


Ca se corse pour Armel Le Cléac'h
Credit : V.Curutchet/Dark Frame/DPPI

Armel le Cléac’h continue de gratter des milles sur François Gabart, mais le skipper de Banque Populaire doutait lui-même, lors du direct de ce midi, que ce soit suffisant. Logiquement MACIF devrait être le premier à toucher les vents perturbés de secteur ouest qui propulseraient les deux vers l’arrivée… une arrivée qui pourrait être compliquée par près de 40 nœuds de vent et une mer formée.

Les trois derniers jours de course risquent donc d’être sous haute tension : la moindre erreur de manœuvre, le plus petit départ au tas peuvent se payer très cher et la marge dont dispose François Gabart ne l’autorise guère à faire des fantaisies. Les derniers routages tablent maintenant sur une arrivée samedi en début de nuit, vers 22 heures (heure française).

Alex Thomson vers le podium 
En Atlantique Nord, Alex Thomson devrait donc s’emparer de la troisième place d’ici quelques jours. Il rejoindrait ainsi Ellen Mac Arthur (2e en 2001) et Mike Golding (3e en 2005) au panthéon des navigateurs anglo-saxons venus tenir la dragée haute à l’armada française. Il reste que la performance d’Alex est en tous points remarquable. Avec un bateau de la génération 2008, il s’est accroché au peloton de tête et devrait, selon toute vraisemblance, descendre, lui aussi, en dessous de la barre des 80 jours.

Le repos des guerriers, enfin !
En Atlantique Sud, si la bagarre est toujours aussi intense entre Jean Le Cam (SynerCiel) et Mike Golding (Gamesa), du moins les conditions de navigation sont devenues plus paisibles. Le vent n’est pas exactement orienté comme il faudrait, mais la mer s’est calmée et la vie à bord devient nettement plus acceptable. Derrière eux, Dominique Wavre (Mirabaud) contrôle Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered) qui est venu se caler dans son sillage, tandis qu’Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) ne parvient décidément pas à s’extirper de la petite dépression orageuse qui le scotche le long des côtes du Brésil.

Pour lire la perte de la quille de Jean-Pierre Dick, c'est ici

Les marins racontent
Armel Le Cléac’h :"Beaucoup de trafic et d’objets flottants"
"On arrive sur la dernière partie de la course. Les bateaux ont un peu souffert depuis les Sables. Nous arrivons dans une zone où il y a beaucoup de trafic et d’objets flottants, il va falloir être vigilant aussi. La fin est proche mais on n’est pas encore arrivé. On va avoir des conditions un peu plus viriles dans les prochains jours. Il ne faudra pas faire de bêtises dans les manœuvres. On veut arriver en un seul morceau. Je pense arriver dimanche dans la journée. Mais c’est sûr que les conditions seront un peu difficiles."

Alex Thomson :"dégouté d’apprendre que Jean-Pierre Dick a perdu sa quille"
"Je suis stupéfait et dégouté d’apprendre que Jean-Pierre Dick a perdu sa quille. JP a, jusqu’ici, fait une course superbe. Il s’est battu pour conserver cette troisième place en dépit du fait d’avoir dû monter en tête de mât un nombre incroyable de fois. Heureusement que cela lui arrive ici et non dans les mers du Sud. Il va malgré tout affronter des conditions difficiles pour rejoindre les Açores avec peut-être 40 nœuds de vent dans la journée du 26."

Jean Le Cam :"Tu passes du Mc Do au restau 4 étoiles"
"Là, c’est le changement du tout au tout. Tu passes du Mc Do au restau 4 étoiles. 15 nœuds de vent, mer correcte, il fait beau, on ne va pas s’en plaindre. Quand tu es dans la merde tu rêves de ces moments donc quand tu les as, il faut les apprécier. C’est comme l’année dernière, j’ai commandé une Ferrari à Noël et quand je l’ai eue je me suis dit : « Oh bah c’est une voiture comme tout le monde. » Il faut s’efforcer d’apprécier ces moments-là."

Classement à 16 h
1 - François Gabart [ Macif ] à 1 639.6 milles de l'arrivée
2 -Armel Le Cléac'h [ Banque Populaire ] à 89.5 milles du leader
3 - Jean-Pierre Dick [ Virbac Paprec 3 ] à 454.7 milles du leader
4 - Alex Thomson [ Hugo Boss ] à 655 milles du leader
5 - Jean Le Cam [ SynerCiel ] à 2 266.5 milles du leader

Source : Vendée Globe