ITW / Desjoyeaux, Le Cléac'h, Beyou, les grands perdants de la première étape de la Solitaire

Armel Le Cléac'h, Jérémie Beyou et Michel Desjoyeaux. Ils font partie des grands perdants de la première étape de La Solitaire. Relégués à plus de 2 h (et même 2h21 pour le skipper de TBS), la victoire au général s'est peut-être envolée. Il leur reste encore trois manches pour se refaire, mais comme le dit Mich Desj :"S’il ne fait pas le con, Yann (Eliès) a peut-être gagné la Solitaire"



Armel Le Cléac'h : "2h sur le premier c’est important. Il va falloir cravacher dur "
Credit : A.Courcoux

Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), 18è à 2h 05m 22s de Yann Eliès : "L’empannage de trop"
« Je suis fatigué et déçu ! Même s’il y a eu de bonnes choses sur cette étape, le résultat n’est pas là. Ce n’est que le premier acte, il reste près de 1000 milles avant Dieppe mais 2h sur le premier c’est important. Il va falloir cravacher dur pour revenir au classement général »

 « L’option Sud a été assez rapidement payante, nous avions un peu plus de pression que les autres. Les conditions étaient idéales, la vraie carte postale ! De la glisse, du soleil, des dauphins…  »

« Mardi matin, mon mousqueton d’écoute de spi s’est décroché et le spi s’est enroulé dans l’étai. Avec des rafales à 38 noeuds c’était vraiment rock’n’roll ! J’ai perdu une bonne heure mais c’était encore jouable. » 

« Quand on s’est retrouvé dans la pétole, c’était comme un nouveau départ. J’étais regonflé à bloc ! J’ai fait un premier empannage au large avec Fred Duthil et Yann Eliès mais j’ai à nouveau empanné quand j’ai vu que les bateaux à terre gagnaient du terrain. Jérémie Beyou a suivi mais pas les deux autres. On connaît la suite ! C’était l’empannage de trop »

 « J’ai vraiment tout tenté pour revenir mais c’était très éprouvant, les conditions étaient totalement erratiques, impossible de mettre le pilote. La course était jouée ! »


Jérémie Beyou (Maître CoQ), 19 è à 2h 06m 38s : "Les écarts sont monstrueux"
« C’était la loterie totale cette nuit ! Nous avions pris la tête de notre petit groupe avec Armel (Armel Le Cléach) quand nous sommes tombés dans la « molle ». Impossible d’en sortir. Sur l’AIS, nous avons vu le groupe de Yann Eliés c ontinuer à avancer : ils ont toujours eu du vent. Nous avons tenté de partir un peu à l’ouest, là où ils étaient : rien, pas de vent. Les risées étaient complètement aléatoires. A 50 m, il y en avait un qui démarrait alors que toi, t’avais rien…

Il fallait de la réussite. Mais c’est vraiment dommage qu’une course se joue dans des conditions comme ça. Les écarts avec les premiers sont monstrueux. En plus, Yann va savoir gérer son avance… En revanche, cela reste jouable pour le podium. Il reste trois grosses manches. Il faut se concentrer sur les victoires d’étapes. Et je ne suis pas seul dans cette configuration.

Le coup de vent a été très rude à gérer : 15h sans lâcher la barre, je n’ai pas dormi du tout. J’ai bien négocié ce passage, j’ai fait une belle navigation, toujours dans le bon paquet de tête, je n’ai rien cassé. Et, juste après le coup de vent, nous sommes tombés d’un seul coup dans la molle, sans transition. Avec beaucoup de manœuvres, d’empannages, dans très peu de vent et une mer encore formée. C’était physique. Impossible de se reposer, là encore, parce qu’il faut régler constamment, chercher les risées…

Globalement, cette étape a été très, très, sportive. Extrêmement intense. Je ne sais pas quand j’ai dormi, j’ai somnolé, fait des rêves à la barre… Je crois que je suis très rarement allé puiser aussi loin dans mes réserves. Mais tant d’efforts pour un tel résultat, c’est un peu rude. Il faut désormais repartir à zéro et se concentrer sur la suite ! »


Michel Desjoyeaux (TBS), 21è à 2h 21m 06s : "j’ai vu tout le monde passer et moi, je suis resté scotché"
« Je suis bien fatigué. Je n’ai dormi que quelques minutes à la barre les deux premiers jours et un peu plus la nuit dernière. Et puis j’ai perdu beaucoup d’énergie à mi-course quand il a fallu que je monte dans le mât : un mousqueton de drisse de spi s’était ouvert après un départ au lof. Arrivé dans la pétole, je suis donc monté le récupérer histoire de pouvoir manœuvrer par la suite. ça m’a bien vidé… »

« Il y a eu du bon tout le début puisque je suis arrivé à la pointe espagnole en tête. J’avais même fait un joli trou au Cap Finisterre avec juste un bateau derrière moi et les autres à environ 5 milles… Mais le problème c’est que la ligne d’arrivée, elle est à Porto ! A partir de là, le vent est tombé. Je me suis arrêté, le vent est rentré par derrière et j’ai vu tout le monde passer et moi je suis resté scotché. C’est un peu énervant mais c’est comme ça. Après, j’ai tenté quelque chose au large pensant qu’à la côte ils allaient se prendre un enterrement de première classe. Et puis finalement ils sont passés. ça ne s’est pas du tout passé comme je l’avais pensé, voilà tout… »

« Yann (Eliès) a creusé un trou important, c’est clair. Cette victoire il l’a méritée. S’il ne fait pas le con, il a peut-être gagné la Solitaire. Maintenant les prochaines étapes sont quand même compliquées et tant que la ligne d’arrivée finale n’est pas franchie, il peut se passer encore beaucoup de choses. Pour ma part, je dois avoir un paquet de dix bateaux à moins d’une demi heure. Si je suis capable de ressortir des choses comme j’ai fait sur la première partie de cette étape, il y a moyen de jouer encore. La route est longue. »

Sources : Mille et Une Vagues/Kaori/La 7e Vague/ScanVoile