Transat AG2R / Nord ou Sud, chacun a tranché. Avantage à Kito de Pavant et Gwenael Gbick (ITW)

160 milles. C'est la distance qui sépare Corentin Horeau/Michel Desjoyeaux (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) à l'extrême nord, de Fabien Delahaye/Yoann Richomme (Skipper Macif) à l'extrême sud. Les stratégies sont radicales pour parcourir les 2400 milles jusqu'à la ligne d'arrivée à Saint-Barth'. Chacun a misé gros. Rendez-vous dans une dizaine de jours pour en connaître le résultat. Dix jours de grand suspense à travers l'Atlantique…


Kito de Pavant et Gwen Gbick, en tête de la Transat AG2R.
Credit : A.Courcoux

Hier soir, il était nécessaire de prendre une décision stratégique malgré des informations météo hasardeuses à longue échéance. Aujourd'hui, personne ne sait quelle option paiera et ce suspense va durer une bonne dizaine de jours.

Ils ont tranché. Au hachoir. Cette nuit, après le carrefour de La Palma, chacun a choisi son chemin pour rallier Saint-Barth. Des voies diamétralement opposées, qui s'éloignent toutes deux de la route directe. L'absence d'alizés est la cause de ces divergences. La flotte s'est donc divisée en deux groupes à la recherche d'Eole.

Au nord : Bretagne-Crédit Mutuel Performance, avec les plus modérés Made in Midi, Interface Concept et Gedimat, qui semble avoir hésité avant de se lancer dans cette voie septentrionale. Aujourd'hui, elle n'est empruntée que par une minorité de bateaux. Mais ce quatuor est composé de marins aux palmarès longs comme des jours sans vent : des vainqueurs et triples vainqueurs de la Solitaire, du Vendée Globe, des cadors du circuit Figaro…

Au sud, Skipper Macif, radical, montre le chemin, accompagné par 30 Corsaires et le reste de la flotte, plus étalé en longitude.


Le Nord vs le Sud
La logique des nordistes : aller chercher les vents portants en marge de l'anticyclone situé dans l'ouest atlantique. Mais avant cela, ils devront naviguer au près, en bordure d'une dépression et traverser une zone de transition entre les deux systèmes. Leur espoir : bénéficier d'un vent plus fort que leur petits camarades pendant les prochaines 36 heures. Leur atout : une route plus courte vers l'arrivée.

Le raisonnement des méridionaux : aller chercher l'alizé qui sévit dans le sud, au dessus du Cap Vert. Leur problématique : un vent plus faible pendant les 36 prochaines heures avec le risque de s'engluer. Ils acceptent de rallonger leur trajet de plusieurs centaines de milles par rapport à l'orthodromie pour débouler ensuite au portant.


Kito de Pavant, Made in Midi, joint à la vacation de ce midi :
« La situation météo est assez complexe. On n'a pas beaucoup de vent ; l'idée c'est de retrouver du vent le plus rapidement possible. Il fallait hier soir prendre une décision radicale. Chaque bateau a pris sa trajectoire, on fera les comptes dans une semaine, pour savoir qui a raison. 

Cette fois, la décision est lourde de conséquence. Depuis hier soir, on se rend compte des options franches. Il y a 100° entre celle de Skipper Macif et celle de Bretagne-Crédit Mutuel Performance. Maintenant, nous sommes lancés, il faut l'assumer jusqu'au bout, car la météo va aussi nous réserver des surprises. 

C'est assez rassurant après coup de se rendre compte que Michel, Jean Le Cam, Erwan Tabarly sont plutôt dans la même optique que nous. On comprend aussi pourquoi les autres sont partis au sud. »

Trophée de la Performance
Remporté par Corentin Horeau et Michel Desjoyeaux à bord de Bretagne-Crédit Mutuel Performance avec 150.9 milles parcours en 24 heures entre le 13 et le 14 avril, 12 heures.


Classement à 16 h
1 Made in Midi Gwenael Gbick - Kito De Pavant
2 Interface Concept Jean Le Cam - Gildas Mahé à 1,16
3 Bretagne - Crédit Mutuel Performance Corentin Horeau - Michel Desjoyeaux à 3,89
4 Gedimat Thierry Chabagny - Erwan Tabarly à 5,95
5 Scutum Gérald Veniard - Jeanne Grégoire à 41,20

Par la rédaction
Source : Effets Mer