Imoca / Luc Talbourdet, Président pendant 8 ans : "Il faut encore travailler à réduire les coûts d'entrée" ITW

Luc Talbourdet, qui vient de transmettre le flambeau après 8 ans passés à la tête de la classe Imoca, figure toujours au bureau. Il revient sur sa vision de l'avenir. ITW.


Luc Talbourdet, ex-Président de la classe Imoca.
Credit : IMOCA/Christophe Favreau

Luc Talbourdet : « Nous avons besoin de continuité entre les événements »
Après 8 années passées à la tête de l'IMOCA, quel regard portez-vous sur votre fonction de président ?
Je pense que l'objectif d'un président est d'amener suffisamment d'énergie pour créer le changement, de trouver les solutions quand se présentent les problèmes et de faire évoluer la classe vers le professionnalisme. Si je prends pour exemple mes deux dernières années à la présidence de l'IMOCA, nous avions deux objectifs clefs. 

L'un était de modifier les règles de jauge pour limiter les coûts de construction tout en conservant une classe relativement homogène. Je pense que cela a été le cas avec le changement de règles que nous avons institué, c'est-à-dire la standardisation des mâts et des quilles. Ces changements n'ont pas été faciles. Il faut donc qu'il y ait quelqu'un qui insuffle cet objectif et qui s'y tienne. Il est évidemment toujours plus facile de ne rien faire...

Le deuxième objectif était de changer l'organisation commerciale de la classe, de sortir du stricte cadre de la technique qui nous passionne tous au sein de la classe, pour nous tourner vers la recherche de sponsors. C'est pour cette raison que nous avons fait appel à OSM et à Sir Keith Mills.


Et justement, où en est-on sur le développement de cet aspect commercial ?
Je pense que l'objectif est atteint en ce qui concerne la mise en place d'une structure, à travers OSM, maintenant il reste à faire que cette structure puisse délivrer plus de valeur pour les sponsors actuels ou ceux qui veulent entrer dans la classe. L'objectif est à la fois de générer plus de retombées médias et de générer un élan commun entre les organisateurs et la classe IMOCA pour que tout le monde en tire parti. 

Si je prends l'exemple du Vendée Globe ou de la Barcelona World Race, je pense qu'aujourd'hui le défi majeur est d'arrêter d'avoir des événements phares qui s'organisent tous les quatre ans et de faire en sorte qu'il y ait une continuité, un terreau commun entre tous ces événements.


Pouvez-vous développer cette idée ?
Des événements comme le Vendée Globe ont leurs temporalités propres. Ils s'organisent, se déroulent, finissent, s'arrêtent puis reprennent doucement... Je pense qu'aujourd'hui, il faut qu'il y ait une continuité, comme dans tous les autres sports. Le grand public a besoin de cette continuité, besoin de savoir qu'un championnat existe, que les événements s'enchaînent dans un circuit. Je pense qu'aujourd'hui, les événements sont trop déconnectés les uns des autres. 

La prochaine étape, c'est de faire en sorte qu'il existe un championnat où le grand public se repère, avec un rythme régulier. Tous les sports qui réussissent comme la Formule 1 ou le football ont cette régularité des événements qui s'enchaînent dans une logique de circuit. La course au large peut aussi trouver, avec une régularité qui lui est propre, une certaine continuité. 

Pour cela il faut que les organisateurs de course travaillent en se concertant et pas chacun de leur côté. L'objectif n'est pas de léser qui que ce soit mais de faire en sorte qu'il existe un espace commun et que tout le monde le voit comme un bien commun. Cela va prendre un peu de temps évidemment...


Et d'un point de vue technique ?
Il va falloir rester vigilant à ce que les bateaux restent accessibles. Il y a un vrai problème aujourd'hui, qui n'est pas nouveau, d'accès à la classe pour les jeunes navigateurs. Nous avons limité l'inflation du prix des bateaux avec les nouvelles règles de jauge mais les nouveaux bateaux coûteront aussi cher que ceux construits il y a quatre ans. Il faut encore travailler à réduire les coûts d'entrée dans la classe pour les jeunes marins talentueux. C'est quelque chose sur lequel il faut encore travailler à mon sens.


Quel va être votre rôle maintenant au sein de la classe IMOCA ?
Mon objectif est de passer la main à un président qui insuffle une nouvelle énergie et qui me permette de réaliser des objectifs plus personnels. Je veux faire en sorte que la transition se passe bien. J'ai passé 8 ans au poste de président donc je veux partir en passant les dossiers tranquillement. C'est pour cela que j'ai replongé dans le bureau. 

Mon nouveau statut de vice-président va me permettre d'accompagner le nouveau président, notamment sur les dossiers à l'étranger, sur lesquels je me suis beaucoup investi ces dernières années. J'ai beaucoup travaillé le thème du développement international et je souhaite que la transition se passe bien sur ce thème particulier. 

Je vais donc particulièrement m'occuper des relations avec OSM et avec les organisateurs étrangers. J'aime beaucoup m'occuper de la dimension internationale au sein de la classe et je pense que l'avenir de celle-ci dépend de son développement à l'étranger. Je pense que nous avons l'avantage avec Jean Kerhoas au poste de président d'avoir quelqu'un qui connaît très bien toutes les instances de la voile, toutes les strates de la base jusqu'au plus haut niveau. 


L'IMOCA Ocean Masters New York to Barcelona race sera la première régate du nouveau circuit. Qu'en pensez-vous ?
Si nous voulons que la course au large soit connue en dehors de la France, il faut aller montrer les bateaux dans les grandes capitales. A New-York, il y aura la flotte IMOCA évidemment mais également d'autres bateaux de course français donc ce sera un peu l'exportation de notre savoir-faire architectural et technologique. C'est un bon moyen de donner envie à des skippers étrangers de chercher des sponsors pour participer aux courses de la classe. 

Demain, retrouvez l'ITW de Jean Kerhoas, le nouveau Président de la classe Imoca

A propos du Championnat du Monde IMOCA Ocean Masters
Ocean Masters est le nouveau nom du Championnat du Monde IMOCA. Le prochain titre de Champion du Monde Ocean Masters sera décerné en 2015 à l’issue de la Barcelona World Race, puis tous les deux ans.

A propos de l’IMOCA
Fondée en 1991, l’International Monohull Open Class Association (IMOCA) est l’association responsable de la série des monocoques de 60 pieds en compétition dans les courses telles que le Vendée Globe. L’association regroupe parmi ses membres plus de 30 skippers, représentants de sponsors, directeurs de teams ou encore architectes navals de toutes nationalités.


Par la rédaction
Source : A.Robin