Volvo Ocean Race / North Sails, producteur des voiles monotypes : "un laboratoire d’expérimentation unique"

La Volvo Ocean Race 2014-2015 touche à sa fin. Les sept bateaux en course s’élanceront mardi 16 juin de Lorient à l’assaut de la dernière étape. Avant de sacrer le vainqueur, l’heure est aux premiers bilans, notamment techniques. Pour North Sails, producteur exclusif des voiles monotypes de tous les bateaux et en charge de leur suivi durant l’épreuve, celui-ci semble plutôt satisfaisant. Mais pour l’heure, pas question de relâcher la pression pour les équipes de North Sails : il y a une course à terminer.


Credit : E Allaire

Des voiles « comme neuves » après 35 000 milles d’utilisation extrême 
« Je suis impressionné quand j’observe la grand-voile de notre bateau : elle est comme neuve et sa forme n’a pas bougé. C’est incroyable quand on sait ce qu’on lui a fait subir. » Ces propos de Ian Walker, le skipper d’Abu Dhabi Ocean Racing, actuel solide leader de la Volvo Ocean Race, à son arrivée à Lisbonne, pourraient être de nature à flatter les oreilles de Gautier Sergent. Pour autant, le responsable du projet Volvo Ocean Race chez North Sails, garde la tête froide. Vainqueur de la précédente édition au sein du Team Groupama, il sait parfaitement qu’une épreuve n’est jamais terminée tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie.


"Un seul jeu de voile aurait pu suffire"
En charge du dossier depuis son début, il a travaillé à la conception des voiles avec les architectes puis coordonné la partie dessin avant d’assurer la mise en place du suivi technique et la relation avec les équipes depuis le début de l’épreuve. « On avait des craintes mais les voiles ont très bien tenu. A Itajai, beaucoup d’équipes nous ont avoué qu’au vu de leur excellent état, un seul jeu de voile aurait pu suffire. Elles n’ont en tout cas jamais été un souci majeur pour elles. 

Pourtant elles ont été mises à très rude épreuve. La Volvo Ocean Race a en effet cela d’unique qu’elle engendre des temps de navigation longs à des intensités d’utilisation incroyablement élevées et dans des conditions, de vent, d’humidité et d’exposition aux UV, extrêmes. On ne retrouve ça sur aucune autre épreuve. C’est donc un laboratoire d’expérimentation unique et qui nous permet de démontrer un peu plus chaque jour les incroyables performances du 3Di. »


Un suivi des voiles en continu
Ce constat positif, Eric Gallais-Hamonno, responsable technique North Sails sur le projet Volvo Ocean Race, le fait également. Et il est probablement le mieux placé pour en parler. C’est en effet lui et son équipe technique qui ont assuré la production de l’ensemble des 14 jeux de voiles, majoritairement fabriqués sur le plancher vannetais. C’est lui, également, qui, à chaque étape, rejoint l’équipe permanente des 4 sailmakers du Boatyard* sur le plancher mobile de 300m², pour en assurer la maintenance.


"Paradoxalement, ce ne sont pas forcément les plus rapides qui usent le plus le matériel"
« En général, on voit naître les voiles et on ne les revoit qu’une fois qu’elles ont rempli leur rôle, explique Eric Gallais-Hamonno. Là, on les voit vivre, vieillir, au fil des étapes. On se rend compte à quel point les équipages peuvent tirer sur le matériel. A travers les usures différentes de voiles, pourtant identiques, utilisées sur un même parcours et dans des conditions similaires, on perçoit également les différentes manières de naviguer des équipages. Et paradoxalement, ce ne sont pas forcément les plus rapides qui usent le plus le matériel… » 


Du respect de l’équité entre équipes
Mais si la bonne tenue des voiles est évidemment un critère de réussite majeur de la prestation North Sails, le respect de l’équité entre teams induit par la monotypie l’est tout autant. « De ce point de vue là également, le bilan est à priori satisfaisant, explique Gautier Sergent. Toutes les voiles ont été produites avec le même soin et les jeux ont été tirés au sort pour assurer une parfaite équité. Nous n’avons à ce jour eu aucune remise en cause de leur conformité. » 


Déjà tournés vers la suite
Il ne reste plus qu'une étape avant de faire un bilan complet et objectif en récupérant toutes les informations, pour l’instant encore confidentielles, qui une fois analysées pourront permettre aux ingénieurs de confronter leurs calculs initiaux à la réalité du terrain. Julien Pilate en particulier, ingénieur R&D chez North Sails : « J’ai travaillé en amont sur le projet Volvo Ocean Race aux côtés de Gautier pour mettre en place une matrice aérodynamique. Durant la course, forcément, on observe, on essaye de décrypter, mais tant qu’on n’a pas les données objectives, on ne peut tirer de conclusions. 

Dans quelques semaines, quand tout sera fini, les techniciens feront l’étude approfondie du vieillissement de leurs produits. Et nous de notre côté, nous pourrons vérifier dans quelle mesure la réalité du terrain confirme ou met à mal nos calculs initiaux et quels enseignements on peut en tirer pour la suite. » On le voit en tout cas, pour North Sails, la Volvo Ocean Race n’a pas fini de fournir travail et enseignements.

* : le Boatyard est le chantier itinérant en charge de la maintenance des bateaux.

Par la rédaction
Source : North Sails