Jacques Vabre / Banque Populaire et Queguiner sur le podium, superbe match IMOCA ! Les marins débriefent

L'Imoca Banque Populaire VIII d’Armel Le Cléac’h et Erwan Tabarly, quatre mois seulement après sa mise à l’eau, a signé hier soir peu avant 22 heures françaises, une somptueuse deuxième place à Itajaï, 8 heures et 6 minutes après PRB, le grand vainqueur de la Transat Jacques Vabre. Queguiner de Yann Eliès et Charlie Dalin est arrivé une heure trente plus tard. Une course IMOCA passionnante où rien n'était encore joué à quelques heures de l'arrivée. 


Armel Le Cléach et Erwan Tabarly, 2e de la Transat Jacques Vabre !
Credit : JM Liot/TJV15

Mission accomplie pour Armel Le Cléac'h et Erwan Tabarly qui attendaient beaucoup de cette première grande course transatlantique pour leur tout nouveau prototype. Non seulement un résultat probant est au rendez-vous, mais la grande diversité et la dureté des conditions rencontrées permettent de valider nombre de partis pris architecturaux et techniques. Le bateau a fait la preuve de sa fiabilité et a démontré un formidable potentiel que toute l’équipe du Team Banque Populaire va s’attacher à fructifier dans la perspective des grandes échéances à venir, avec au premier rang le Vendée Globe 2016.


Attaquer à bon escient
« On a joué la gagne jusqu’au bout », souligne Erwan Tabarly. Pour preuve, ce choix délibéré dès les premières heures de course de mettre cap à l’ouest pour affronter « la montagne » comme Erwan surnomme cette dépression monstrueuse sous l’Irlande que Banque Populaire VIII a su contourner, pour s’emparer du commandement aux allures les plus favorables au plan bateau. « C’est là qu’il fallait aller pour prétendre jouer la gagne. Mais nous n’y sommes pas allés n’importe comment. On a clairement levé le pied, en remontant notamment les foils. C’est à ce moment qu’on a appris la vague d’abandons parmi les bateaux neufs… »


Pleine mesure
Travers au vent, avec le bon angle et la bonne force d’alizé de nord-est, Banque Populaire VIII a ensuite donné sa pleine mesure, pour le plus grand bonheur de ses deux skippers ; « des pointes à 29 et 30 nœuds ! Le bateau sous l’eau ! Impressionnant ! » Erwan Tabarly ne cache pas son bonheur.

« Erwan s’est montré, ainsi que je m’y attendais, très costaud », précise Armel Le Cléac'h. « Le bateau est exigeant, et la course a été très rude, très éprouvante. Erwan ne rechigne jamais à la moindre manœuvre. Il va au feu avec le sourire. »


Un grand pas en avant !
L’heure est à la réflexion à tête de reposée pour débriefer une longue course riche de maints enseignements. « Nous avons beaucoup appris durant ces 17 jours à fond. Nous venons de faire un grand pas en avant, confrontés au meilleur Imoca de sa génération, PRB. Il est certain que notre marge de progression est grande par rapport aux bateaux aboutis. Nous allons savourer ce beau résultat collectif, et nous mettre rapidement au travail. »


Les foils ? On les garde. 
"On en est super content : avec Erwan, on en a pas mal discuté. Il y a des moments où ça marche bien et d’autres où on était moins à l’aise. Mais Banque Populaire VIII a été mis à l’eau il y a six mois seulement alors que PRB navigue depuis cinq ans ! Nous avons encore une grosse marge de progression. Nous avons appris énormément de choses sur cette course. Il y a du travail cet hiver avant le Vendée Globe. La comparaison avec les classiques n’apporte pas une réponse tranchée. Et il va falloir vite se décider parce que les bateaux vont être remis à l’eau au printemps."


En chiffres
Banque Populaire VIII, 2ème de la Transat Jacques Vabre
Arrivée : mercredi 11 novembre 2015 à 21 heures, 59 minutes et 09 secondes
Temps de course : 17 jours, 8 heures, 29 minutes et 9 secondes
Moyenne sur le parcours théorique (5400 milles) : 12, 97 nœuds
Moyenne sur la distance effectivement parcourue (6 119 milles) : 14,69 nœuds
Ecart au premier PRB : 8 heures 6 minutes et 45 secondes.


Yann Eliès et Charlie Dalin sur le podium de la Transat Jacques Vabre !
Credit : JM Liot

Troisième à franchir la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre 2015 chez les IMOCA, Yann Eliès et Charlie Dalin ont rempli leur objectif de podium à Itajaï.  Une épreuve qui faisait avant tout office de préparation pour le Vendée Globe 2016. Et à un an de ce tour du monde en solitaire, le bilan est plus que positif pour Quéguiner - Leucémie Espoir qui a longtemps rivalisé avec PRB et Banque Populaire VIII dans cette traversée de l’Atlantique. Une donnée prometteuse !



Quel saveur a cette troisième place ?
Yann Eliès : «Elle a une belle saveur, car elle vient couronner une grosse année de boulot pour toute l’équipe, et elle s’ajoute à une magnifique victoire sur la Solitaire du Figaro. Surtout, je suis content de l’avoir fait avec Charlie. Quand tu choisis un équipier, tu n’es jamais sûr que ça va bien se passer, et là, chacun a été irréprochable dans sa mission. Cette troisième place est méritée. Sur le papier, si tout le monde avait fini sa course, nous n’aurions peut-être pas fini troisièmes, mais ça fait partie du jeu, et c’était bien qu’il y ait une petite piqûre de rappel à un an du Vendée Globe.»

Charlie Dalin : «En tant que Havrais, c’est une course que je rêve de faire depuis très longtemps, alors la faire en IMOCA, sur ces bateaux magiques, c’est super ! Et finir sur le podium, c’est encore mieux ! »


Vous pensez déjà beaucoup au Vendée Globe ?
Yann Eliès: «Forcément j’y pense ! Nous avons plein de petites choses à améliorer d’ici là. Nous venons de faire plus de 6000 milles, mais dans un an, nous aurons 25 000 milles à nous farcir, et aujourd’hui le bateau n’est pas prêt. Nous allons donc avoir beaucoup de boulot cet hiver. Le système de safran est un peu faiblard, et après il y a une multitude de petits détails à améliorer. »


Vous aviez dit que la réflexion sur les foils se ferait en fonction des leçons tirées de cette Transat. Quel est votre sentiment à chaud ?
Yann Eliès : «Le choix est compliqué, car il ne se résume pas à la question «foils ou pas foils ?», mais à la capacité financière et humaine de chacun à avoir une machine prête pour le départ du Vendée Globe. La réponse est là, dans un tableur Excel. 

Savoir si nous avons l’argent, le temps, et les moyens. Si nous avons la force de frappe de mettre des foils, il faut y aller. Mais sinon, il vaut mieux perfectionner notre outil comme a su le faire et le démontrer Vincent Riou. Et pourquoi pas gagner le Vendée Globe sans foils. C’est possible! »


En chiffres
Arrivée au Brésil à 20h31, heure locale (23h31, heure française)
17 jours, 10 heures, 1 minute et 23 secondes en mer
6056 milles nautiques parcourus à la vitesse moyenne de 14,49 noeuds


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http://www.scanvoile.com/2015/11/flash-prb-vainqueur-de-la-transat.html#.VkRqYLcvfIU


Par la rédaction
Sources : Mille et Une Vagues - Rivacom