ITW / "On avait une approche très différente," les vainqueurs du Jules Verne reviennent sur leur exploit

"Nous avons eu de la chance. Il faut de la réussite pour que météo se mette en place. Mais cette chance a été provoquée par Francis (Joyon) et Marcel (Van Triest). On a réussi à se servir de cette chance et à profiter de l'enchaînement incroyable qui s'est mis en place." Les marins grands vainqueurs du Trophée Jules Verne reviennent sur leur formidable épopée. 40 jours 23 heures pour boucler leur tour du monde, phénoménal !


L'équipage vainqueur d'Idec Sport sur le Trophée Jules Verne
Credit : JM Liot

Bernard Stamm :
« Nous avons eu de la chance. Il faut de la réussite pour que météo se mette en place. Mais cette chance a été provoquée par Francis et Marcel qui ont décidé de partir avec la fenêtre que nous avons prise. Ils ont choisi de faire confiance aux éléments dont on disposait au départ. On a réussi à se servir de cette chance et à profiter de l'enchaînement incroyable qui s'est mis en place.

À bord, les limitations de vitesse dépendaient de l'état de la mer et des conditions. On s'est plus lâchés dans l'Indien. J'ai vu un 48 nœuds et je crois que certains de mes camarades en ont connus aussi. Il n'y a jamais eu de compétition entre nous à la barre. On a toujours fait le maximum pour faire marcher le bateau dans l'objectif du record. Francis plaçait le curseur plus bas, ou plus haut d'ailleurs. Il était le chef d'orchestre. »


Sébastien Audigane :
« Un peu avant le deuxième départ, j'ai reçu un appel de Francis pour me proposer d'embarquer à bord. Il a fallu que je me décide en 24 heures. C'était tentant, mais j'ai dû réfléchir très vite. Je me suis tout de suite senti très à l'aise avec cet équipage de marins, des gens qui veulent être en mer avant toute chose. »


Gwénolé Gahinet :
« Je me suis lancé dans le projet l'année dernière lors de notre première tentative. C'était pour moi une découverte totale. Cette année, nous étions mieux rodés, mieux préparés. Et c'est pour moi un vrai plaisir d'avoir bien navigué et de faire cette belle trajectoire, notamment dans le Sud avec cette grande ligne droite en bâbord. C'était un vrai engagement physique. Cela reste une expérience exceptionnelle. »


Alex Pella :
« Ce projet a été mené en laissant beaucoup de liberté à chacun de nous. On s'est tous beaucoup enrichis, nous avons beaucoup appris les uns des autres, avec beaucoup de respect entre nous. Nous avons pris beaucoup de positif. Ce Trophée Jules Verne, c'est une très grande satisfaction. Ce n'est pas tous les jours que l'ont fait un record autour du monde ! »


Clément Surtel :
« Notre projet était porté par une approche très différente de ceux qui se sont lancés jusque là dans le Trophée Jules Verne. Il misait sur la légèreté plutôt que la puissance. Cela fonctionne, même si nous avons été moins performants dans les zones de petit temps où nous aurions bien voulu avoir un plus de hauteur dans le mât. 

Les dernières évolutions nous montrent que les bateaux volants marchent très bien aussi. On verra ce que nous réserve l'avenir. Globalement, le Sud a été physiquement très intense. Mais c'est seulement dans les calmes qui ont suivi le passage du cap Horn que nous nous sommes rendus compte à quel point nous étions fatigués par cette navigation extrême. »


Titouan Lamazou, président de l'association du Trophée Jules Verne :
« C'est forcément un grand jour, on est toujours très content quand il y a une arrivée de record autour du monde. Nous le sommes d'autant plus que le Trophée Jules Verne fête ses 25 ans cette année. C'est une très belle victoire d'un équipage qui attire beaucoup de sympathie. Ils me paraissent s'inscrire dans la lignée de coureurs au large comme Eric Tabarly. 

Il est vrai qu'ils ont réalisé une traversée assez exceptionnelle dans le Grand Sud, mais ça va dans la logique des choses que les records soient battus et provoquent ce type de navigation. Ce bateau était bien né. Il avait déjà un beau pédigrée et ils l'ont très bien préparé pour un équipage relativement réduit. Et il faut les saluer pour ça aussi. 

Il y a 25 ans, l'objectif était de faire moins de 80 jours. Désormais, il va s'agir de faire moins de 40 et on peut penser que pas mal de skippers vont essayer de ravir ce Trophée dont Francis vient de s'emparer. Pourvu que ça dure ! »

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Par la rédaction
Source : Mer et Media