Très joli coup stratégique d'Alex Thomson, leader des IMOCA sur la Route du Rhum, grosse bagarre juste derrière

« La sortie de Manche était difficile : on ne s’attendait pas à avoir un vent aussi instable et à faire face à des rafales de 40 nœuds », expliquait Paul Meilhat à midi. Ralenti après avoir pris un casier dans sa quille au large de l’île de Batz, le skipper de SMA a néanmoins très bien négocié cette petite dépression. Il est parvenu à rester dans la roue de Vincent Riou. À la mi-journée, ils étaient les seuls à résister à l’offensive d’Alex Thomson, leader de la Route du Rhum 2018 décalé au Nord depuis dimanche soir et bien installé en tête de course. Marc Guillemot livre son analyse de ce premier jour de course chez les IMOCA.


Crédit : A Thomson




« Les marins vivent une entrée en matière tonique. Depuis hier, je suivais avec attention la trajectoire d’Alex Thomson. Il a été le seul à passer au Nord du DST (Dispositif de Séparation de Trafic) d’Ouessant. D’autres skippers avaient sûrement envisagé cette option. Il fallait prendre la décision à hauteur de Bréhat. Viser le Nord du DST impliquait de hisser le spi, au lieu du gennaker, et obligeait donc à réaliser des manœuvres supplémentaires. Avec l’angoisse de devoir affaler en urgence si le vent forcit et de prendre le risque de se retrouver au milieu du DST. 


« Le très joli coup d’Alex Thomson »​

En tout cas, Alex a fait un très joli coup stratégique. Il a pris un risque en s’écartant de la route directe, il a attaqué et été au bout de son idée. Aujourd’hui, il récupère le gain de son investissement. Hugo Boss est passé le premier au Nord de la dépression en cours et, surtout, il est mieux placé par rapport à la suivante. Avant la fin de la journée il touchera un vent de Sud-Ouest et basculera en bâbord amure, cela voudra dire qu’il est en avant de la grosse dépression. 

Il va pouvoir faire du Sud et de l’Ouest et aura dans son choix de route plus de liberté que ses concurrents, positionnés plus à l’Est. Pour résumer, plus on est à l’Est, moins la position est favorable pour gérer la dépression.

Je regarde aussi la bagarre au coude-à-coude entre Vincent Riou et Paul Meilhat pour la deuxième place. Je vois aussi qu’Alan Roura, 4e, réalise un superbe début de course. Cela fait plaisir de voir qu’avec des bateaux plus anciens, les marins déterminés et volontaires peuvent tenir la dragée haute aux meilleurs dans des conditions musclées.


"Dans le combat, face à des montagnes d’eau"

Dans les prochaines heures, les conditions vont se compliquer pour tout le monde. Tant qu’ils n’auront pas passé la ligne Açores-Lisbonne, les marins seront dans le combat et feront face à des montagnes d’eau. Il va falloir gérer au mieux la machine et le bonhomme, en mettant presque le classement de côté avant que la course ne reprenne le dessus. L’enjeu sera de sortir de cette zone dépressionnaire avec un bateau encore en état de performer. Ce sera dur mais il faudra tenir ! »


Source : CP