François Gabart deuxième de la Route du Rhum : "C’est une belle place parce qu’elle n’était pas simple à conquérir"

Malgré la deuxième place, François Gabart s’est dit heureux à son arrivée à Pointe-à Pitre : avoir pu batailler jusqu’au bout et ce, même si Francis Joyon lui a ravi la victoire en s’imposant 7 petites minutes avant lui sur la ligne d’arrivée. Le skipper de MACIF gardera, quoiqu’il en soit, un souvenir d’anthologie de cette Route du Rhum. "Décrocher la seconde place derrière Francis Joyon, c’est juste fabuleux parce que c’est un beau vainqueur. Et je suis hyper content qu’on ait été là pour écrire cette version de la course."



Crédit : A Courcoux



Premier sentiment

François Gabart : « C’est une magnifique course, et c’est une belle seconde place, parce qu’elle n’était pas simple à conquérir. Ce n’est pas une victoire, mais elle a autant de valeur parce qu’elle était belle, qu’il fallait y aller à fond. »


Perdre sur le dernier bord

F.G. : « Oui, c’est terrible, tu ne peux pas imaginer ce scénario. Depuis deux ou trois jours, Francis revenait fort, et je pensais qu’il allait me doubler au moment où j’allais attaquer la Guadeloupe, mais j’ai tenu. 

Ça ne se passe pas trop mal au début, mais on connaît le tour de la Guadeloupe, c’est un classique. Je parviens à sortir devant, pas de beaucoup et, dans la dernière mistoufle entre les Saintes et la Guadeloupe, je tombe dans un dernier trou sans vent et j’y reste un peu trop longtemps. C’est la vie et ça donne une belle compétition. »


Avaries en pagaille

F.G. : « Ce qu’il faut comprendre, c’est que j’aurais pu m’arrêter en Espagne. Dans les 48 premières heures de course, j’ai eu autant d’avaries que sur l’ensemble de mon tour du monde. J’ai perdu un safran, le foil, le vérin de J3 et, mine de rien, c’est sacrément difficile de manœuvrer un tel bateau sans ces pièces. Avant le départ, j’ai senti qu’il allait falloir savoir s’adapter, mais je n’imaginais pas que ce serait à ce point. »


Pourquoi continuer ?

F.G. : « J’aurais pu abandonner oui, mais j’y croyais ! Cela aurait pu le faire, cette histoire. Finalement, ces casses sont arrivées au fur et à mesure et, à chaque fois, je me suis posé deux questions : ‘Est-ce que tu es en sécurité ? Est-ce que tu te sens capable de rentrer dans un port ? La réponse a été positive. 

Je crois que je n’ai jamais couru en solitaire sans avoir eu de soucis. Tu les prends dans l’ordre, tu les gères, ça je sais faire ! Mais je crois que je n’avais jamais eu autant de problèmes en si peu de temps. »


Les trois dernières heures te resteront-elles en travers de la gorge ?

F.G. : « Les trois dernières heures autour de la Guadeloupe, n’ont pas été les plus dures, contrairement aux trois derniers jours. C’était frustrant de ne pas pouvoir emmener le bateau vers les performances que je lui connais, mais tu dois faire avec ce que tu as. Et je sentais Francis revenir de manière inéluctable, c’était dur à vivre. »


Et la peur ?

F.G. : « Je ne me suis pas fait peur, mais il y a eu une dose de stress permanente à bord, puisque le bateau n’était pas dans son état normal. Partir au lofe avec un trimaran, parce que tu as un seul foil entre les mains, ce n’est pas simple. J’ai surtout été frustré en sensations. »


La victoire de Francis Joyon

F.G. : « Je suis hyper content de finir derrière Francis. Si j’avais dû choisir derrière qui terminer, c’est lui que j’aurais choisi.

C’est un marin hors-pair, que j’ai toujours admiré. Décrocher la seconde place derrière lui, c’est juste fabuleux parce que c’est un beau vainqueur. Et je suis hyper content qu’on ait été là pour écrire cette version de la course ».

Source : S.André