François Gabart confiné : "On ne choisit pas, il faut faire avec", le skipper de l'Ultim Macif raconte et conseille

"Cette période très particulière est l’occasion de réfléchir, de faire le point sur nos vies, nos projets. Il faut essayer de trouver du positif et de ressortir plus fort." Adepte des grandes traversées en solitaire, le skipper du trimaran MACIF, François Gabart a l’habitude de se retrouver seul et confiné pendant des semaines, voire des mois. Voici ses conseils pour mieux gérer et vivre une situation si particulière.


Crédit : V Curutchet

Nous sommes actuellement en confinement forcé et non préparé. Comment « s’habituer » à cette situation ?

François Gabart : Il faut s’adapter à cette nouvelle organisation pour trouver un bon équilibre. En confinement, le temps est modifié. Il ne passe ni plus vite, ni moins vite mais savoir comment le gérer reste important. 

Il faut garder un rythme et ne pas tenter de maîtriser ce qui ne peut l’être. C’est comme pour la météo en bateau. On ne choisit pas, il faut faire avec. 

Par contre, ce sur quoi l’on peut agir, c’est notre attitude face à cette contrainte. Cette période très particulière est l’occasion de réfléchir, de faire le point sur nos vies, nos projets. Il faut essayer de trouver du positif et de ressortir plus fort de cette crise.


Pour les personnes actuellement seules chez elles, comment garder le moral ? Comment garder le lien avec les autres ?

F.G. : Il est vrai que cette situation inédite peut nous rendre mélancolique. Dans un bateau comme sur le trimaran MACIF, on peut se projeter à terre avec ses proches, ses amis, donc pour les personnes qui sont seules aujourd’hui, il faut vraiment aller puiser dans cet imaginaire pour créer du positif et passer cette période difficile. 

On a toujours le choix : soit se morfondre et subir, soit garder la tête froide et essayer de positiver. Essayons donc plutôt de profiter d’être en bonne santé quand on l’est, et agissons sur notre capacité à faire face à la situation. 

Si une part de notre liberté physique est clairement atteinte, notre liberté de penser, de rêver, d’imaginer reste énorme et nous permet de nous évader. Quant au lien à garder avec nos proches, les outils de communication sont si développés aujourd’hui que l’on peut rester facilement en contact avec eux et c’est une bonne chose pour pallier le fait de ne pas pouvoir les voir.

Comment maintenir un semblant de vie normale ?

F.G. : Je pense qu’il est primordial de bien s’organiser, tant pour le travail que pour la vie de famille, en gardant des heures fixes, pour les repas par exemple. Le sommeil est tout aussi important. Pratiquer une activité physique en intérieur est possible et c’est aussi l’occasion de mettre ce temps à profit pour lire ou écouter de la musique. 

Pour ceux qui ont des enfants et sont en télétravail, c’est évidemment compliqué mais là encore, il faut essayer de s’organiser au mieux pour que tout le monde trouve ses repères. 

Et surtout il faut accepter de ne pas pouvoir tout faire.


Quels exercices physiques simples à réaliser dans un espace restreint conseillez-vous ?

F.G. : J‘aime beaucoup le yoga, surtout pour attaquer la journée. Il me permet de bien m’étirer, de me reconnecter avec mon corps, et c’est assez simple de le pratiquer dans un salon ou dans une chambre. 

Je ne suis pas un adepte de la musculation mais il est assez facile aussi de faire un peu de gainage, quelques abdos, ou quelques pompes pour garder la forme… Ce n’est pas évident pour ceux qui comme moi ont l’habitude de pratiquer du sport dehors ; 

En temps normal, je fais beaucoup de vélo, de la course à pied, du sup à foil et bien évidemment du bateau. C’est frustrant, mais j’essaye de m’habituer, et de trouver d’autres moyens de garder une activité physique. Et je pense au plaisir que j‘aurai à retrouver la mer et ma liberté !


Comment adapter son alimentation à une baisse d’activité physique ?

F.G. : Je suis assez gourmand, j’ai du mal à me restreindre, même pendant ce confinement. Ce qui est important c’est de garder une alimentation équilibrée, éviter de grignoter, privilégier les bons produits, locaux et bio de préférence. Et puis ce confinement est l’occasion de tester de nouvelles recettes, de cuisiner avec les enfants, alors profitons-en !


Y a-t-il des techniques pour calmer ses anxiétés liées au confinement ?

F.G. : Le yoga, peut être très utile pour ça ! L’imaginaire aussi : fermer les yeux, respirer, s’évader par la pensée et visualiser des choses ou des gens que l’on aime sont de bons moyens d’évacuer le stress et les pensées négatives qui nous font perdre de l’énergie. 

Je ne suis pas de nature anxieuse mais je pense que ceux qui le sont peuvent s’appuyer sur la musique et la lecture pour s’évader.


Des conseils pour « s’évader » depuis son salon ?

F.G. : C’est l’occasion de se cultiver, de lire des livres et regarder des films, faire toutes les choses qu’on repousse depuis longtemps. 

Personnellement je n’ai pas beaucoup de temps, mais ce confinement favorise la créativité et beaucoup d’artistes ont eu la générosité de partager leur talent artistique gratuitement via les réseaux sociaux. C’est top ! Je pense notamment au concert que M a donné en live sur Facebook au début du confinement. J’y ai découvert « Billy », une superbe chanson qu’il interprète avec sa fille. 

On peut aussi réfléchir à ses prochaines vacances, se fixer des objectifs pour le retour à la normale, qu’ils soient sportifs, personnels ou professionnels. La vie ne s’arrête pas en confinement !




"Et vous, votre temps il vous appartient encore?"


Source : Macif