Passage de Cap Horn pour L’Occitane en Provence, Armel Tripon : "je me sens comme un pèlerin" - ITW

 

L’Occitane en Provence a passé le mythique cap Horn ce matin du mercredi 6 janvier 2021 à 9h01 heure française, après 58 jours et 18 heures en mer. L’émotion est intense pour Armel Tripon, que le vent a poussé tout près du cap. Parmi les treize premiers du Vendée Globe, c’est lui qui aura vu le plus près le célèbre « caillou » ! Des images plein la tête pour toute une vie et une vraie délivrance après ces derniers jours et nuits de mers démontées et de stress dans le Pacifique. Maintenant il va progressivement quitter les Cinquantièmes hurlants, sentir les températures remonter rapidement, la mer se calmer. Il rentre aux Sables d’Olonne !

 

Crédit : A Tripon

« C’est magnifique, splendide, un tel symbole pour les marins ! » 

Armel Tripon était enjoué, euphorique. " Je n’ai pas fait exprès de venir jusqu’ici, à raser le caillou ! Mais le vent a adonné en mollissant, ce qui m’a amené là... et je ne vais pas m'en plaindre. Je le vois de très près, ce fameux cap Horn tant espéré : il est juste là, à ma gauche, je passe à 4 milles de lui seulement, c'est dingue ! ". 
 
Le nouveau cap-hornier raconte : " C'est un tel symbole pour les marins. C'est la première fois de ma vie que je viens ici, la première fois de ma vie que je passe deux mois seul en mer... Et les derniers jours ont été tellement durs que c'est comme une délivrance. "je me sens comme un pèlerin qui arrive pour la première fois de sa vie dans un lieu saint, à Jérusalem, à La Mecque ou ailleurs. Cela représente tellement de choses, d'engagement, de motivation. Si ça se trouve je ne viendrai là qu'une seule fois dans ma vie… "

 

« J'ai quelques pépins dont une déchirure dans ma grand-voile, au-dessus du troisième ris. » 

Ces derniers jours, Armel Tripon a été contraint de freiner le bateau, "car la mer était infecte, croisée, le bateau tapait énormément. Il y avait moyen de tout casser ! Donc oui, le fait que le vent et la mer se soient enfin calmés il y a quelques heures, je prends ça comme une bonne nouvelle. Surtout que j'ai quelques pépins dont une déchirure dans ma grand-voile, au-dessus du troisième ris. Je vais devoir trouver un moment pour l'affaler sur le pont et la réparer, dès que le moment sera propice. L'opération devrait me prendre environ quatre heures. Ce n'est pas inquiétant, j'agis en fonction des priorités. Par exemple là je vois que Clarisse (Crémer, qui est 12e) n'est plus que 60 milles devant moi, mais je ne fais pas du tout une obsession d'essayer de revenir sur elle. Ce serait une erreur. Mais ça viendra !". 
 
L'émotion du passage du cap, une voile à réparer, un Vendée Globe à finir en étant le mieux placé possible au classement. Tout donner encore, jusqu’au bout. Voilà ce qui anime le skipper de L'Occitane en Provence, lucide cependant sur les priorités. Il reste encore beaucoup, beaucoup de travail et de milles à couvrir pour boucler ce tour du monde en solitaire. "Je pourrai attaquer de nouveau quand ce sera propice pour le faire."

Source : V Bouchet