Yannick Bestaven , Charlie Dalin, Louis Burton grimpent sur le podium de ce Vendée Globe exceptionnel

 

Pour la première fois dans l’histoire du Vendée Globe, on a vu huit concurrents se succéder sur les pontons des Sables d’Olonne en l’espace de 23 heures et 44 minutes. 23 heures et 44 minutes de joie et d’émotion, aussi intenses que cette régate planétaire. Il a fallu attendre l’arrivée de Jean Le Cam, jeudi soir, pour mettre un ordre définitif dans la hiérarchie de cette course folle.

 

Crédit : JL Carli

Yannick, Charlie et Louis, grimpent sur le podium de cette édition exceptionnelle. Mais dans leur sillage, il y a aussi de grands marins et de grands hommes sans qui la course et la victoire n’auraient pas été aussi belles.
 
Qui pouvait imaginer que le 30 novembre dernier, la recherche du skipper de PRB dans son radeau de survie allait joindre les destinées des sauveteurs, Jean Le Cam, Sébastien Simon, Yannick Bestaven et Boris Herrmann d’un côté, et des leaders Charlie Dalin et Thomas Ruyant, trop loin devant pour faire demi-tour ? Qui pouvait imaginer que les compensations de temps, mêlées à une météo favorisant le regroupement permanent de la flotte participeraient à la légende de ce 9e Vendée Globe ? Huit bateaux sont arrivés en l’espace de 23h44, entre mercredi et jeudi soir – pour rappel, en 2016, le 8e avait franchi la ligne 19 jours et 19 heures après le vainqueur Armel Le Cléac'h-.
 
Cette édition se conclut donc par un vainqueur qui arrive troisième, un deuxième qui arrive premier, un troisième qui arrive deuxième et un quatrième qui arrive huitième... 

 

Yannick, Charlie, Louis … 

Yannick Bestaven, vainqueur de cette 9e édition a prouvé qu’avec de la maturité, du talent, de l’opiniâtreté, un projet simple, mais structuré autour des bonnes priorités, on pouvait faire des merveilles. Sur l’eau, le marin a impressionné par sa capacité à ne rien lâcher et à faire marcher son bateau. Il a aussi séduit par sa sincérité et son humanité. « Il y a deux vainqueurs sur ce Vendée Globe » a dit le skipper de Maître CoQ IV, jeudi matin, dans l’intimité des retrouvailles sur le ponton avec Charlie Dalin…
 
Le skipper d’Apivia est celui qui a dominé sur l’eau, en tête de la course presque la moitié du temps. Il termine deuxième. La victoire finale lui échappe pour moins de 3 heures. Mais le prodige du Figaro a montré encore une fois qu’il avait l’étoffe des grands champions. Il a pris de l’épaisseur, aussi, en tant qu’homme. Son périple autour du monde l’a transformé confie-t-il. Et plus jamais il ne verra les choses comme avant.
 
Louis Burton monte sur la dernière marche du podium. Le skipper de Bureau Vallée 2 est le plus « rock’n roll » de la bande. Intrépide, dur au mal, franc du collier, il a pensé abandonner plusieurs fois devant la cascade de pépins techniques qui s’est abattue sur lui. Ses efforts de Titan ont été récompensés par cette belle 3e place, à bord du bateau vainqueur de l’édition précédente.

 

… Et les autres 

La course de Jean Le Cam fut autant héroïque que son sauvetage de Kevin Escoffier. Quatrième au classement général, Jean Le Cam a eu un accueil à la hauteur de l’engouement qu’il a suscité pendant 81 jours. Lui non plus n’a pas échappé aux grosses galères. Et sous ses airs de fanfaron, il a prouvé qu’à 61 ans, il n’avait rien perdu de son immense niaque de compétiteur. 

Boris Herrmann prend la 5e place, après s’être fait très peur, à quelques heures de l’arrivée, lors d’une collision avec un chalutier. Le skipper allemand qui avait lui aussi été bonifié pour son implication dans le sauvetage de Kevin Escoffier, a été en lice pour la gagne pendant les 48 heures précédent le finish. Boris a été d’une régularité de métronome dans le top 10 et s’est battu pour ne jamais décrocher la tête de course.

Sixième, Thomas Ruyant est certainement le grand perdant du classement. Ce rang ne reflète pas du tout sa prestation sur l’eau. Car le skipper de LinkedOut a passé les deux tiers du parcours dans le trio de tête, avec un foil cassé avant même d’entrer dans l’océan Indien. La course au large est souvent injuste. L’histoire de Thomas fera partie de ces moments amers. Pas facile à avaler pour ce marin de talent, au tempérament attachant, qui a été un des grands acteurs de cette édition.
 
Derrière lui, Damien Seguin a impressionné son monde. Le double champion paralympique a ajouté une ligne à un palmarès déjà exceptionnel. Né sans main gauche, il n’a pas forcément voulu porter l’étendard du handicap, mais fait passer un message fort, celui selon lequel il faut oser aller au bout de ses rêves, quelle que soit sa différence.
 
L’Italien résident à Lorient Giancarlo Pedote a illuminé la course avec ses saillies philosophiques. Il signe aussi la meilleure performance d’un skipper transalpin sur le Vendée Globe et a remis les pendules à l’heure quant à ses grandes qualités de compétiteur.
 
Enfin, l’enfant du pays, Benjamin Dutreux, 9e, est arrivé ce vendredi matin à la maison. « Je venais pour y mettre mes tripes et me battre, régater et me surpasser » a t-il déclaré en conférence de presse. Objectif atteint pour ce marin formé à l’école du cata de sport et du Figaro.

La 10e place de Maxime Sorel (10e) est venue clôturer ce matin 58 heures absolument folles dans le chenal des Sables d’Olonne. La fin heureuse du Vendée Globe de Maxime Sorel vient confirmer une première salve de conclusions. D’abord, la scénographie météorologique a dicté sa loi. Ensuite, la qualité globale de la flotte IMOCA n’a eu de cesse de progresser depuis que la classe a compris qu’elle ne pouvait plus se permettre de revivre une édition comme celle de 2008, qui avait enregistré plus d’abandons (19) que d’arrivants (11).   

 

Source : OConnection