Manuel Cousin, 23ème du Vendée Globe, "Je me sens tellement heureux d’avoir franchi cette ligne d’arrivée" - ITW

 

Ce samedi 20 février à 08 heures 35 minutes et 40 secondes (heure française), Manuel Cousin (Groupe SÉTIN​) a franchi la ligne d’arrivée devant les Sables d’Olonne après 103 jours, 18 heures, 15 minutes et 40 secondes de course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Le skipper Sablais, originaire de Normandie, finit à la 23ème place. Le marin, qui a subi de nombreuses difficultés sur le parcours, est un véritable modèle de persévérance.

 

Crédit : O Blanchet

Dans la lumière féérique du petit matin, sous un ciel orangé, une grosse houle, Groupe SÉTIN est apparu au large des Sables d'Olonne sous grand-voile arisée et petite voile d'avant poussé par 25 nœuds de vent. Manu Cousin nous a offert une arrivée magique lui qui n'a jamais cessé de partager les ciels et les mers qu'il a rencontrés tout au long de sa circumnavigation.

 

Comment vous sentez-vous ?

Je me sens tellement heureux d’avoir franchi cette ligne d’arrivée, d’avoir remonté ce chenal. Honnêtement, j’osais à peine y penser car il y a des moments j’étais bien et puis des galères arrivaient donc je me demandais pourquoi ça ne fonctionnait pas. J’étais à la place où je pouvais être avec mon bateau et j’ai dû aller me mettre dans un anticyclone pour pouvoir réparer pendant 24 heures dessus. Je suis reparti, mais à partir de là, la course a pris une autre allure car j’avais du mal à tirer autant sur le bateau. La course fait que d’autres galères sont arrivées. Ce n’est pas une course simple, ça se saurait. Et il y a 15 jours ça a été dur, on se bagarrait encore avec Miranda et Clément quand la tige de vérin de quille s'est cassée. A ce moment-là je me suis vraiment dit que ce n’était pas gagné. Je suis tellement heureux d’être là.

  

Quels ont été les moments forts ?

Celui que je viens de vivre il y a deux heures en fera partie. L’arrivée est un des moments les plus forts, mais il y en a plein. Le départ aussi ce n’est pas rien, c’est peut être aussi parce que j’avais une autre vie professionnelle avant donc je me rends plus compte que ce que c’est d’être arrivé là. Il y aussi le passage du Cap Horn, ou quand on passe la longitute et on se rend compte qu’on est cap Hornier, c’est dingue. Et puis il y a plein de moments de course, quand on voit les premiers albatros, quand le bateau marche bien, qu’on va vite et qu’on se fait plaisir. Quand on part pour un Vendée Globe on part aussi en pensant. Il aurait vraiment fallu que je rencontre une très grosse avarie pour que je n’arrive pas ici aujourd’hui.

 

Qu’aviez-vous dans la tête cette nuit ?

Cette nuit, à 2h du matin, c’était le premier moment où j'ai relâché la pression. Jusqu'à cette nuit c’était compliqué avec le bateau blessé et je savais que je devais éviter de prendre de trop grosses dépressions. Là, c’était du vent portant, donc je me suis dit que même si la quille tombait, je pourrais quand même atteindre la ligne. Pendant 3 heures j’avais la musique à fond dans le cockpit. J’avais les yeux humides en me disant que je l’avais fait. Une fois passé le plateau de Rochebonne où il y a beaucoup de pêcheurs et donc ou il faut faire attention, j’ai tout lâché. Je me suis fait plaisir dans ma tête.

  

Imaginiez-vous cette course si difficile ?

Je suis un passionné depuis tout jeune de cette course et c’est aussi la difficulté qui nous attire. On sait que c’est une course extrême. Je n’ai pas été surpris par ça car je m’en doutais. C’est ce qui fait la beauté de cette course. Il faut être très bien préparé, on ne part pas comme ça faire un Vendée Globe.


Voudriez-vous y retourner ? 

Évidemment on a envie d’y retourner. Avec une idée et un bateau plus compétitif. Je viens juste de poser pied à terre donc il faut en parler car il s’est passé plein de choses sur ce Vendée Globe.
 

Source :  OConnection