Pip Hare est en souffrance sur le Vendée Globe : "C'est certainement le pire moment de toute la course" - ITW

Pip Hare, 19ème ce mardi soir, est en souffrance sur cette fin de Vendée Globe. "Je n'ai pas parcouru 97% du tour du monde pour me décourager maintenant." Alors qu'il lui reste moins de 600 milles à parcourir, la skipper racontait ce matin.  


Crédit : P Hare

"Les vagues viennent de toutes les directions"

"Il y a actuellement de multiples changements de vent. Les vagues viennent de toutes les directions. Une vague a frappé Medallia, s'écrasant sur le haut du cockpit : l'eau est descendue jusqu'à l'endroit où je suis assise, alors que nous surfions sur une vague par derrière. Il est impossible de se tenir debout ou de se déplacer sans s'accrocher à quelque chose. Quand j’avance dans le noir pour prendre un ris, je marche à quatre pattes sur les mains et les genoux. Avec ma lampe frontale qui éclaire le pont, il est impossible de voir ou de sentir les vagues qui arrivent. Je suis impatiente de marcher debout sur une surface qui ne bouge pas !
 

"Ca se joue une peu à pile ou face"

Le chemin vers l'arrivée n'est ni facile ni évident et semble changer chaque jour. Les conditions sont très instables. Avec ces changements constants, il est impossible de respecter les vitesses que mes options de routage suggèrent. Chaque fois que je change de voile d'avant, je perds un peu de terrain, puis quand la brise se calme et que je suis sous-toilée, je perds du terrain en attendant de voir si c'est une accalmie temporaire ou si ça va durer. Les grains me font partir dans des directions étranges, ça se joue une peu à pile ou face.
 

"Mon ETA a glissé de trois jours"

Il serait facile de se démoraliser avec tout cela. C'est certainement le pire moment de toute la course et depuis que j'ai commencé à regarder mes dates d'arrivée potentielles il y a cinq jours, mon ETA a glissé de trois jours. Hier, à la tombée de la nuit, j'étais incroyablement fatiguée. J'ai regardé derrière moi et j'ai pensé à ce que je suis en train de vivre. Si la fin n'était pas si proche, je prendrais tout cela à bras le corps, en ayant une vision à long terme pour les cinq prochains jours. Je ne serais probablement pas du tout dans ce système ou j'en serais sortie assez rapidement. La solution est de regarder au-delà de l'arrivée. C'est une technique que j'utilise pour monter des collines - pour courir par-dessus la colline et non simplement pour la monter. Je me concentre sur un point situé au-delà du sommet de la colline et cela aide à gérer son énergie et ses attentes.
 
L'aube se lève maintenant sur une autre journée grise, nuageuse et agressive et je dois sortir sur le pont pour me battre encore un peu. Ces conditions ne sont pas amusantes, mais elles font partie de la course et je n'ai pas parcouru 97% du tour du monde pour me décourager maintenant."

 Source : VG