L’IMOCA APIVIA de Charlie Dalin et les datas, "Il y a 1 donnée par seconde sur 80 jours de mer"

 

Datas, chiffres clés, statistiques… La récolte et l’analyse de données devient monnaie courante dans le sport. En voile, c’est pareil. Et c’est le rôle de Gauthier Guillou, Ingénieur et Responsable performance chez MerConcept pour l’Imoca APIVIA depuis deux ans.

 

Crédit : M Horlaville

« Les datas nous permettent de regarder comment le bateau se comporte pour ensuite améliorer l’IMOCA, les voiles et les polaires (une polaire est une représentation graphique, exprimant la vitesse d’un bateau en fonction de la direction et de la force du vent). »
 
Pour collecter de la data à bord d’un IMOCA de dernière génération, plusieurs techniques existent : la fibre optique (fibre de verre utilisée pour la transmission d’informations capteurs), des axes instrumentés (un axe composé d’éléments électroniques qui permet de connaitre la charge au niveau de cet axe), une centrale inertielle (instrument utilisé en navigation, capable d’intégrer les mouvements, l’orientation, la vitesse et de déterminer la position du bateau) et de l’aérien (antenne des instruments de mesure du vent). Chacun de ses points de collectes à son propre emplacement et sa propre spécificité.

En ce qui concerne la fibre optique, c’est confidentiel. Pour les axes instrumentés, ils sont dans les bastaques (câbles reliant le mât à l’arrière du bateau pour qu’il ne bascule pas vers l’avant), les étais (câbles reliant le mât à l’avant du bateau pour qu’il ne bascule pas vers l’arrière), et les tirants d’outriggers (tubes en carbone implantés de chaque côté du mât permettant d’éloigner les haubans de l’axe du mât) afin de « connaitre les charges maximums que rencontre le gréement et de voir si le bateau se comporte bien. Ça nous permettra ensuite de travailler sur le dimensionnement (plus gros ou plus petit) des bouts. » La centrale inertielle permet « d’étudier le comportement de l’assiette du bateau et de la gîte, et d’analyser les accélérations suivant les 3 axes. » Et enfin le système que Charlie Dalin avait dû réparer en montant en tête de mât pendant le Vendée Globe : « l’aérien pour pouvoir calculer la force, l’angle et la direction du vent. »
 
Gauthier Guillou va recevoir un fichier texte avec les données sous forme de variables. La quantité de variables est impressionnantes, pour certaines variables « Il y a 1 donnée par seconde sur 80 jours et pour d’autres variables ce n’est pas moins de 10 et 15 données par seconde sur les 80 jours. » 
 
Une fois la collecte des datas faite, Gauthier va analyser ses données grâce à des logiciels qui permettent de « regarder graphiquement ce qui se passe, pour comprendre le comportement du bateau. » L’analyse seule des datas ne suffit pas pour apporter des changements à l’Imoca APIVIA. Avant de prendre chaque décision, Gauthier consulte le skipper APIVIA pour « coordonner les datas analysées à bord de l’Imoca APIVIA et les sensations de Charlie. » C’est un travail d’équipe entre la machine, l’homme et son ressenti de marin.
 
En complément des datas, il y a à disposition de l’équipe technique un simulateur. Cet outil a permis notamment à Charlie en 2019 lors de la construction de l’Imoca APIVIA de comprendre comment le futur APIVIA allait naviguer. Pour Gauthier « c’est super intéressant d’avoir le simulateur, dès que le bateau ne navigue pas pour des raisons techniques, c’est important de travailler avec cet outil pour toujours avoir un coup d’avance, et comprendre le mieux possible le bateau. »
 
La collecte, l’analyse et la compréhension des datas d’APIVIA par Gauthier Guillou et toute l’équipe technique permet ainsi d’améliorer la fiabilité et les performances du bateau deuxième du Vendée Globe. 
 
Source : Apivia Voile