La Classe IMOCA se prépare à naviguer sur The Ocean Race Europe, "un événement spectaculaire" dixit Antoine Mermod

 

Après le Vendée Globe, la Classe IMOCA se prépare déjà pour son prochain défi. Il s'agira cette fois-ci de régater en équipage lors de l'édition inaugurale de The Ocean Race Europe. Thomas Ruyant, Nicolas Troussel ou encore Justine Mettraux prennent la parole. 

 

Crédit : E Stichelbaut

En équipage

Pour la première fois, les IMOCA donneront la pleine mesure de leur potentiel sur ce parcours inédit en trois étapes autour de l'Europe, partant de Lorient et se terminant à Gênes en Italie, via une escale à Cascais au Portugal et une troisième en Espagne qui sera annoncée prochainement.
 
Chaque bateau sera mené par un maximum de cinq marins, dont au moins une navigatrice et un équipier médias. Dans cette configuration, nous verrons des IMOCA poussés à leurs limites, 24 heures sur 24, lors de cette compétition qui constitue un élément clé du lancement du nouveau cycle de quatre ans du Championnat IMOCA Globe Series (2021-25).
 
La course s’élancera le dernier week-end de mai avec la première manche de Lorient à Cascais, une étape exigeante à travers le golfe de Gascogne. Jusqu'à sept IMOCA sont attendus ainsi que jusqu'à sept monotypes VO65 réunis pour la première fois depuis l’édition 2017-18 de la Volvo Ocean Race. Chaque catégorie aura son propre classement et son vainqueur.
 
The Ocean Race Europe a déjà séduit certains des meilleurs bateaux et teams.
 

Antoine Mermod : "Un événement spectaculaire" 

Antoine Mermod, le président de la Classe IMOCA, affirme qu'il s'agit ici d'un nouveau format pour les marins ainsi que pour les équipes à terre, qui offrira un avant-goût du tour du monde en équipage - The Ocean Race - qui comptera également des IMOCA et s’élancera d'Alicante, en Espagne, en octobre 2022.
 
« Nous sommes ravis de voir les équipes IMOCA prendre le départ de The Ocean Race Europe, » déclare-t-il. « Je n'ai aucun doute sur le fait que ce sera un événement spectaculaire qui réunira les fans de voile qui ont pu voir le meilleur de la Classe IMOCA en solitaire pendant le Vendée Globe et découvriront ici encore autre facette. C’est une course aux contours nouveaux dans notre programme qui offre aussi une belle visibilité aux partenaires. »
 
Nicolas Troussel dont le CORUM L'Épargne a malheureusement démâté au début du Vendée Globe, fait partie de ceux qui ont hâte de prendre le départ de cette course en équipage, un format que nous n’avons pas vu depuis longtemps en IMOCA.
 
« Nos IMOCA sont des bateaux fantastiques et naviguer, que ce soit en solitaire, en double ou en équipage, est toujours une belle occasion de montrer leurs performances et d'en apprendre davantage sur leur utilisation, » déclare Nicolas. « The Ocean Race Europe est une réelle opportunité de vivre et de partager une expérience sur un plan d'eau présentant des conditions exigeantes tant en Atlantique qu'en Méditerranée. »
 
Le navigateur français, basé à Lorient, affirme que son équipe et lui devront apprendre de nouvelles façons de mener le bateau, notamment face à des teams tels que celui de 11th Hour Racing, l’équipage skippé par l’Américain Charlie Enright qui s'entraîne actuellement à Concarneau pour The Ocean Race Europe.
 
« Nous devrons trouver la manière optimale de mener le bateau en équipage », poursuit Nicolas. « La compétition devrait être serrée et nous nous mesurerons sur l'eau à des projets comme 11th Hour Racing Team qui sont plus axés sur les épreuves en équipage. »

Stratégique, délicat et tactique 

Le navigateur anglais Simon Fisher fait partie des marins d’11th Hour Racing Team – à bord de l'ancien HUGO BOSS du Vendée Globe 2016-17. Il confirme que l'équipe se tient prête.
 
« Nous avons appris à mener vite ces bateaux et à maintenir le rythme 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, en équipage. Nous sommes donc impatients de prendre le départ de The Ocean Race Europe », déclare-t-il.
 
Le marin aux cinq campagnes Ocean Race, affirme que l'un des plus grands défis sera de réussir à dormir dans l'intérieur exigu, bruyant et instable d'un IMOCA.
 
« Trouver comment se reposer est un challenge assez intéressant », confie-t-il. « Avec deux personnes sur le pont qui poussent le bateau à fond, se mettre à l'aise pour faire un petit somme est assez difficile en fait, mais une fois que vous êtes en course, la motivation prend le dessus, je pense que l’épreuve sera vraiment passionnante. »
 
Selon Simon Fisher, le parcours de The Ocean Race Europe offre également un peu de tout en termes de conditions et constitue une épreuve complète. « Cela s’annonce stratégique, délicat et tactique », poursuit-il. « Il y aura aussi beaucoup de trafic car nous naviguerons presque toujours à proximité de la terre, ce qui maintiendra l'intensité. Il est évidemment plus difficile de s'installer dans une routine lorsque vous êtes toujours en train de contourner des marques, des pointes et des caps, donc la course a tout pour être intense. »
 

"Le temps de réaction sera plus serré"' dixit Thomas Ruyant

Thomas Ruyant qui a terminé sixième de son deuxième Vendée Globe est aussi l’un de ceux qui se prépare à relever ce nouveau défi en équipage. Pour le skipper de LinkedOut, The Ocean Race Europe va ressembler à trois étapes géantes de Solitaire du Figaro, avec une intensité encore jamais vue dans la Classe IMOCA.
 
« Avec autant de personnes à bord, vous pouvez manœuvrer et changer de voiles beaucoup plus rapidement. Vous devez prendre les décisions plus vite qu’en solitaire, le temps de réaction sera plus serré et les rebondissements permanents », explique-t-il.
 
« Nous y allons évidemment pour gagner », ajoute-t-il, « mais ce qui nous a attiré dans cette course, c'est surtout la possibilité de pouvoir naviguer contre de supers équipages. » Thomas Ruyant ajoute qu'il ne voit que de bonnes raisons pour que The Ocean Race Europe devienne un rendez-vous régulier dans le cycle quadriennal du calendrier IMOCA.
 

Justine Mettraux : "tout peut arriver" 

Justine Mettraux, ancienne équipière du Team SCA et de Dongfeng Racing Team sur les deux dernières Volvo Ocean Race et navigatrice expérimentée en Mini 6.50, Figaro et Class40, prendra également part à la course sur 11th Hour Racing Team. La Suissesse de 34 ans est aussi très enthousiaste à l’idée de se mesurer à haut niveau en équipage autour de l’Europe.
 
Interrogée sur le secret de la réussite sur cette course, elle répond : « C'est difficile à dire - il y a toujours beaucoup de composantes dans une course comme celle-ci. Nous savons que nous avons un bateau qui est un peu plus vieux que certains des autres participants, mais je pense qu’il y a toujours une partie stratégique dans la course, donc si vous naviguez bien, tout peut arriver. »
 
Comme Thomas Ruyant, Justine Mettraux imagine bien cette course devenir une classique du championnat. « Je pense que The Ocean Race Europe est une bonne occasion de naviguer avec plus de personnes à bord, d’impliquer plus de marins et aussi plus de femmes, donc tout cela est positif pour la Classe IMOCA. »
 
Source : IMOCA Class