Première journée de confrontation à Cadix sur le SailGP, Quentin Delapierre : "Augmenter mon niveau de jeu le plus rapidement possible"

 Vent très faible, F50 au ralenti, parcours raccourcis, équipages réduits, mais tout de même de magnifiques duels en tête pour l’ouverture de ce Spain Sail Grand Prix qui inaugurait quelques grandes nouveautés dans le règlement. Mais c’était aussi le baptême du feu pour le nouveau pilote Français Quentin Delapierre qui, soutenu par toute l'équipe France SailGP, s’est confronté pour la toute première fois aux légendes du championnat international SailGP. Dans des conditions aussi légères qu’aléatoires, il fallait avoir du doigté, du sang froid et de fortes capacités d’adaptation… ce en quoi ont excellé les Australiens de Tom Slingsby, leaders après cette première journée de régates à Cadix.

 

Crédit : B Martin for SailGP 

15 minutes chrono 

Même équipés de leur grande aile de 29 mètres, les grands catamarans n’ont pas souvent navigué sur leurs foils ce samedi en baie de Cadix. Le petit temps (5 à 7 nœuds) a été le grand ordonnateur de ces premières régates espagnoles où il a fallu se battre contre les trous d’air, contre les adversaires, mais aussi contre le chrono. La règle de SailGP limite en effet le temps de course à 15 minutes. Les bateaux n’ayant pas franchi la ligne d’arrivée dans ce laps de temps étant classés selon leur ordre de passage à la marque précédente. Et ils ont été nombreux dans ce cas aujourd’hui, alors même que les parcours étaient raccourcis ! 

Duels en tête 

Dans les vents très légers, le départ était crucial pour prendre rapidement l’ascendant et rester maître de son destin. Les faveurs du classement ont ainsi été accordées aux bons « starters ». Les trois régates se sont d’ailleurs soldées par des bagarres à deux ou à trois, en tête, loin devant le reste de la troupe.
 
Dans la manche 1, les Britanniques franchissent la ligne quelques centimètres devant les Australiens. Dans la suivante, Espagnols et Japonais vont offrir un magnifique duel aux avant-postes. Dans la dernière, les Américains prennent l’avantage dans l’ultime bord, après avoir été dominés par les Australiens (encore eux) et des Danois particulièrement à l’aise et réguliers aujourd’hui. Sur cette dernière course très poussive, les équipages étaient réduits à 4 personnes à bord : trois hommes et une femme.

 

Les filles à la tactique puis… à la colonne 

Aujourd’hui, il leur fallait la tête, les bras, le souffle et un très bon cardio. Ce samedi, pour la première fois depuis la création de SailGP, les navigatrices des 8 équipes étaient à bord des F50 pour régater. D’abord à la tactique, en tant que 6e équipier, puis à la colonne de winch, lorsque le vent est tombé après la manche 2. Cette nouvelle configuration pour naviguer à 4 lorsqu’Eole se met en grève, avait été testée hier vendredi, pendant les manches d’entraînement. Mais aujourd’hui, les excellentes Nina Curtis (AUS), Katja Salskov-Iversen (DEN), Hannah Mills (GBR), Sena Takano (JAP), Erica Dawson (NZL), Andrea Emone (ESP), CJ Perez (USA) et Amélie Riou (FRA) faisaient leur entrée en conditions réelles.

 Les impressions d’Amélie Riou : « C’était une journée extraordinaire, certainement ma plus belle expérience dans la voile. J’ai navigué en 6e sur deux des trois manches, impliquée dans la tactique et les manœuvres et en tant que ‘grindeuse’ et au réglage du Foc sur la seconde manche. C’est très physique mais pas insurmontable ! En tout cas j’ai pris beaucoup de plaisir à disputer comme Quentin ma première course officielle SailGP ! Demain, les conditions vont être soutenues et nous n'avons jamais navigué dans du vent fort mais j’ai totalement confiance en Quentin. »

 

Dans les clous 

 La complexité de cette navigation inaugurale dans les eaux espagnoles n’a pas facilité la tâche du nouveau barreur du bateau tricolore. Pour son arrivée dans l’arène de SailGP, Quentin Delapierre a expérimenté des situations compliquées qui demandent une expérience qu’il commence à peine à se forger.
 
Quentin Delapierre : « C’était une super expérience aujourd'hui de prendre ce premier départ aux côtés de tous les autres bateaux. Je me suis senti vraiment dans la course. Je n’ai pas réussi à partir comme je l’espérais mais c’est, comme je l’imagine, le chemin normal d’apprentissage et à moi d’augmenter mon niveau de jeu le plus rapidement possible. J’ai l’impression qu’en termes de manœuvres et de vitesse c’était très correct.
 
Je souhaitais en plus de naviguer propre, ne pas prendre de pénalités idiotes, me faire plaisir en coupant la ligne de départ. A moi maintenant de progresser rapidement sur les départs. Demain, les conditions de vent seront soutenues. On aura la petite aile et les petits foils. On va probablement aller à 50 nœuds, ça va être une première fois pour moi ! J’ai envie d’y aller serein, en naviguant proprement, en faisant attention à ne pas mettre mon équipage en danger. Si j’arrive à faire tout cela, à la fin de la journée je serai super content.
»

 
Demain dimanche, le décor devrait radicalement changer et donner une image totalement différente des F50. 15 à 20 nœuds d’Est-Sud-Est vont balayer la baie de Cadix. Un vent de terre qui promet d’être rafaleux et irrégulier pour un spectacle garanti !

 

CLASSEMENT SPAIN SAIL GRAND PRIX APRÈS 3 MANCHES

1- AUSTRALIA / Tom Slingsby / 19 points
2- UNITED STATES / Jimmy Spithill / 18 points
3- DENMARK / Nicolai Sehested / 15 points
4- GREAT BRITAIN / Ben Ainslie / 15 points
5- JAPAN / Nathan Outteridge / 15 points
6- SPAIN / Phil Robertson / 14 points
7- NEW ZEALAND / Peter Burling / 9 points
8- FRANCE / Quentin Delapierre / 3 points

Source : V Bouchet