Une flotte IMOCA mature et affûtée au départ de la Transat Jacques Vabre 2021, "Ce serait génial de réussir à garder notre titre"

 

Le 7 novembre à 13h27, pas moins de 23 IMOCA, sur les 80 concurrents engagés, prendront le départ de cette bataille en Atlantique nord de 5 800 milles nautiques (10 740km), dont l'arrivée se joue pour la première fois à Fort-de-France en Martinique.

 

Crédit : G Lebec/Charal 

Un post-Vendée Globe exceptionnel 

Cette traversée s’annonce d’un sacré niveau sportif. Ces dernières semaines, la préparation de la plus longue des transats du Championnat IMOCA Globe Series fût minutieuse et on peut dire que c’est une flotte mature qui se présentera au Havre la semaine prochaine (dès le 28 octobre).
 
En plus de retrouver des tandems aussi redoutables que leur foiler, à l'image de Charlie Dalin et Paul Meilhat sur APIVIA, Thomas Ruyant et Morgan Lagravière sur LinkedOut ou Jérémie Beyou et Christopher Pratt sur Charal, la flotte comprend aussi cinq équipages mixtes avec, entre autres, les incontournables Simon Fisher et Justine Mettraux sur 11th Hour Racing Team-Alaka'i, ainsi que Isabelle Joschke et Fabien Delahaye sur MACSF ou encore Louis Duc et Marie Tabarly qui font leurs débuts en IMOCA sur Kostum-Lantana Paysage.
 
Cette course marque également le retour à la compétition de Yannick Bestaven, vainqueur du Vendée Globe sur Maître CoQ IV qui a dû se retirer de la Rolex Fastnet Race, en août dernier, après une collision au départ. Son co-skipper, Roland Jourdain, s’est ensuite blessé au dos et a dû laisser sa place à Jean-Marie Dauris, directeur technique du team qui connait parfaitement le bateau.
 
Les performances du tout nouveau 11th Hour Racing-Mālama mis à l’eau cet été, seront également très suivies. Co-skippé par l’Américain Charlie Enright et le Basque Pascal Bidégorry, le plan Verdier a dû abandonner les 48H Azimut mi-septembre, suite à une panne de direction.
 
Par ailleurs, de nombreux finishers du Vendée Globe repartent sur cette transat. C’est le cas de Louis Burton, classé 3ème aux Sables d'Olonne et associé à son ami Davy Beaudart à bord de Bureau Vallée (ex-L’Occitane en provence), plan Manuard racheté par le team malouin en mars. Romain Attanasio renoue aussi avec la Route du Café après avoir bouclé la boucle pour la deuxième fois. Il retrouve Sébastien Marsset qui l’avait accompagné en 2019 et cette fois à bord du foiler Fortinet-Best Western (anciennement Malizia). Manuel Cousin et Alexia Barrier ont tous les deux terminé le ‘Vendée’ cet hiver et allient désormais leurs forces à bord de Groupe SÉTIN-4myplanet, tout comme Damien Seguin et Benjamin Dutreux, à bord de Groupe APICIL, ou encore Stéphane Le Diraison et Didac Costa sur Time For Oceans.
 
Clément Giraud repart aussi, cette fois avec Erik Nigon qui lui avait confié son bateau Compagnie du Lit-Jiliti autour du monde. Arnaud Boissières transmet, lui, son IMOCA La Mie Caline-Artisans Artipôle au guadeloupén Rodolphe Sépho qu’il embarque pour la transat ; tandis que le skipper italien Giancarlo Pedote reprend les commandes de son Prysmian Group, à bord duquel il fait équipe avec le Figariste Martin Le Pape.
 
Malheureux du dernier ‘Vendée’, Nicolas Troussel a lui apprivoisé et optimisé son CORUM L’Épargne avec son co-équipier Sébastien Josse. Autre marin qui vient chercher une belle revanche sur cette course : Fabrice Amedeo, contraint à l’abandon en Afrique du Sud puis stoppé dans sa préparation suite à une violente collision, revient le couteau entre les dents avec le jeune Loïs Berrehar, 3ème de la Transat en Double (Figaro) au printemps avec Tom Laperche.
 
Enfin trois nouveaux duos font leur entrée sur la grande scène. Le Suisse Beat Fankhauser (The Mountain Man) a racheté le bateau de Romain Attanasio après le Vendée Globe et embarque l’Allemand Jörg Riechers qui a annoncé la construction d’un IMOCA neuf pour le prochain. Le Belge Denis van Weynbergh (Laboratoires de Biarritz) revient lui sur le circuit aux côtés d’un autre Figariste, Tanguy Le Turquais. Enfin, Antoine Cornic, restaurateur à l’Ile de Ré, se lance dans l’aventure à bord de EBAC (ex-Spirit of Canada) avec Jean-Charles Luro.

 

Nouveau parcours : deux 'Pot au Noir' sur la route… 

La Transat Jacques Vabre est toujours un formidable défi. Quatre classes de bateaux sont au départ et le parcours de cette édition pour les IMOCA – le même que les trimarans Ocean Fifty - est particulièrement intéressant puisqu’il compte deux passages du 'Pot au Noir' avec une marque de parcours à l'archipel brésilien de Fernando de Noronha, avant un dernier tronçon cap au nord-nord-ouest vers la Martinique.
 
On se souvient de l’édition 2019, lorsque Jérémie Beyou et Christopher Pratt (Charal) qui menaient au 'Pot au Noir', s’étaient fait coincer dans les petits airs. L’équipage d’APIVIA de Charlie Dalin et Yann Eliès avait alors pris la tête puis la victoire à Salvador de Bahia, au Brésil.
 
Cette année, Charlie Dalin est accompagné de Paul Meilhat, avec lequel il a construit un formidable partenariat marqué par les victoires consécutives de la Rolex Fastnet Race puis des 48 heures Azimut. Ils s’élancent dans la peau des grands favoris et donc de ceux que tous chercheront à laisser derrière. "Oui, ce serait génial de réussir à garder notre titre. Ce serait un beau succès, c'est sûr", confie le marin de 37 ans, originaire du Havre d’où part la course. Il poursuit : "Je pense que nous avons coché les bonnes cases dans notre préparation mais il faudra savoir saisir l'opportunité, si elle se présente."
 
Le skipper souligne que cette Route du Café est une montagne bien plus complexe à gravir que le Fastnet ou l’Azimut. "Il y a définitivement plus d'obstacles - l'un d'entre eux est le 'Pot au Noir' et l'autre la fatigue", explique-t-il. "Cette course est longue et ces bateaux pèsent sur les marins lorsque vous les menez longtemps à un rythme élevé. Naviguer à 20 nœuds est bien plus facile qu’à 25 par exemple car ce n'est pas une progression linéaire de l’effort. Quand vous doublez votre vitesse, vous ne doublez pas l'inconfort, c'est beaucoup plus que cela."
 
Parmi ceux qui chercheront à devancer les favoris, le duo d’ARKEA PAPREC, composé de Sébastien Simon et Yann Eliès, fera tout pour aller chercher une belle place sur un bateau qui n'a pas eu de chance jusqu’ici. Sébastien Simon qui est à la recherche d'un nouveau sponsor titre pour sa campagne IMOCA, estime que APIVIA est actuellement à un niveau légèrement différent de tous les autres. "Mais nous avons une chance", affirme-t-il. "Notre bateau est vraiment bon et nous n'avons aucun problème actuellement. Cette Transat Jacques Vabre peut être une très bonne course pour nous."
 
Le skipper fait aussi remarquer que la dernière partie de course, de Fernando de Noronha jusqu'à l'arrivée à Fort-de-France est un nouveau territoire pour lui. "Je ne connais pas cette partie de l'Atlantique car c’est la première fois que nous naviguerons dans cette zone. Je pense que cela peut aussi être dangereux parce qu'il y a des pêcheurs au large de la côte et qu'il pourrait aussi y avoir des débris dans l'eau provenant de l'embouchure de l'Amazone, au large de la côte brésilienne".
 
Enfin, pour la Britannique Sam Davies, qui navigue avec Nicolas Lunven, cette Transat Jacques Vabre sera sa dernière course à bord de son IMOCA millésimé 2012 alors qu'elle se prépare à passer sur un nouveau plan Manuard dès l'année prochaine, toujours sous les couleurs d’Initiatives-Cœur. L'irrépressible Sam Davies est impatiente de rejoindre le village départ.
 
"Je pense que le plateau est incroyable cette année et que le simple fait d'être dans le port du Havre sera génial", déclare celle qui est l'un des neuf marins non français au départ de la course dans cette catégorie. "Pour une année post-Vendée Globe, qui est normalement une année calme où il n'y a pas beaucoup de concurrents, c'est fantastique de voir le plateau de la Classe IMOCA et c'est une flotte assez internationale, tout en étant très compétitive."
 
Sam Davies ne semble pas perturbée par l'idée d'affronter l'Atlantique nord en novembre et se réjouit également de ses deux rendez-vous avec le 'Pot au Noir'. "Je pense que le deuxième 'Pot au Noir' ne devrait pas être aussi collant que le premier, en théorie du moins, parce que le parcours nous emmène assez loin à l'ouest. Je ne sais pas si cela rendra aussi plus facile le passage du ‘Pot’ à la descente…probablement pas", explique-t-elle.
 
Pour la navigatrice, cette transat est suffisamment longue pour ne pas se résumer à la vitesse pure et simple. Les décisions tactiques seront également déterminantes pour le succès. "La course pourrait être serrée, mais il ne faut pas oublier qu'elle fait près de 6 000 milles et que la vitesse ne sera pas le seul facteur déterminant", explique-t-elle. "Nous quitterons Le Havre au milieu de l'hiver et nous nous dirigerons vers l'Atlantique nord - ce sont des choses que j'aime aussi alors je me réjouis de tout ce qui va nous tomber dessus !", conclut-elle.
 
Source : IMOCA