Charles Caudrelier : "le bateau sera entre de bonnes mains", Pierre Quiroga : "C’est très différent du Figaro", les skippers racontent

Dans une semaine, les 79 équipages de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre s’élanceront pour braver, en duo, l’Atlantique. Ils parcourront ensemble entre 4600 milles (parcours Class40) et 7500 milles (parcours Ultime), dans un espace confiné au confort très limité. Le choix de son binôme est donc primordial à la fois pour le bon fonctionnement de la machine, mais aussi de l’entente à bord. Yann Eliès, Charles Caudrelier ou encore Pierre Quiroga racontent.


Crédit : R Tholimet

Une complémentarité nécessaire

Certains naviguent ensemble depuis leur plus tendre enfance, d’autres depuis seulement quelques mois. La formation des duos n’a pas de règles, mais tous s’accordent à dire qu’il est essentiel de trouver en son binôme des qualités différentes des siennes. C’est pourquoi les duos changent au fil des années, dans l’objectif de toujours apprendre davantage des uns et des autres et ainsi faire évoluer la performance de leurs machines de plus en plus sophistiquées. “Le rapport entre les deux marins est très important” déclare Yann Eliès, co-skipper Arkéa Paprec. “Je me suis rendu compte qu’il ne fallait pas choisir un copain, mais plutôt une personne dotée de compétences différentes des siennes afin d’être plus fort. Chacun peut ainsi apporter le meilleur de lui-même.” Le triple vainqueur et tenant du titre de l’épreuve prendra cette année le départ de la course aux côtés de Sébastien Simon, auquel il apporte ses compétences et connaissances, mais dont il apprend aussi beaucoup.

Partir en toute confiance

Tirer le meilleur du potentiel du bateau est une chose, établir une relation de confiance à bord en est une autre. Cette transatlantique en double est une course longue et exigeante physiquement. Les marins naviguent dans l’inconfort, dans l’humidité et avec une pression de la course permanente tant le niveau au sein des classes est homogène. La bonne entente des binômes est donc aussi importante que le potentiel qu’ils tireront de leurs bateaux. Elle est même un facteur de cette performance. A bord du Maxi Edmond de Rothschild, les deux marins, Charles Caudrelier et Franck Cammas, se connaissent depuis qu’ils ont vingt ans, ont appris ensemble à régater et ont pu prendre part ensemble au projet Gitana depuis 2017. “Nous n’avons même plus besoin de parler” raconte Charles, “nous savons comment fonctionner à bord. Puis, et je pense que c’est le plus important, quand l’un part dormir, il sait qu’il peut partir sereinement et que le bateau sera entre de bonnes mains. C’est un super avantage pour la réussite sur l’eau.” Un constat totalement partagé par Clara Fortin et Martin Louchart, qui embarquent ensemble à bord de Randstad - Ausy : "C'est de la sécurité, et on est toujours meilleurs à deux cerveaux plutôt qu'à un seul !". Ensemble à la ville, ils trouvent aussi leur équilibre en mer, à bord de leur Class40. Être en couple leur apporte essentiellement des avantages, selon Martin : "Je pense que ça apporte au duo, on se connait bien dans toutes les situations possibles : stress, fatigue, faim, froid... donc ça aide dans notre gestion de l'humeur !"

Du solo au duo

Nombreux sont les marins habitués au solitaire. En effet, 21 marins participant à cette Transat Jacques Vabre étaient au départ du Vendée Globe il y a un an et 11 autres participaient à la Solitaire du Figaro 2021. La plupart des 158 skippers engagés est passée sur ces deux courses mythiques. La course en double est synonyme d’un rythme moins acharné, mais aussi de découverte. En effet, des marins découvrent un nouveau support, d’autres doivent se réhabituer à une présence supplémentaire sur leur machine devenue en quelque sorte un allié. “Le double permet de courir à un rythme moins soutenu”, assure Pierre Quiroga, co-skipper de Edenred et vainqueur de la Solitaire du Figaro 2021. “Cependant, je découvre un nouveau bateau, de nouvelles voiles, une nouvelle technologie à bord. C’est très différent du Figaro. Ça fait beaucoup de choses à appréhender, à comprendre, à partager avec Emmanuel, que je découvre aussi sur l’eau.

Source : TJV