La course des Ocean Fifty sur la Transat Jacques Vabre est passionnante et engagée. Au-delà du talent de leurs pilotes, ces multicoques de 15,24 m sont parvenus à maturité, au gré d’une histoire choisie et assumée. Une jauge stricte traduit une vision d’avenir et une certaine idée de la course au large…
Crédit : Leyton
En tête de course, Primonial est le bateau le plus âgé de la flotte (2009), vainqueur de la Route du Rhum 2018 sous le nom de Réauté Chocolat et vainqueur de la Transat Jacques Vabre il y a 10 ans sous le nom d’Actual ! Dans son sillage, Koesio est le dernier né (2020), et dispose d’un potentiel indéniable car il n’est évidemment pas arrivé à maturité. Il en est de même pour Arkema 4 qui cumule les points de jeunesse car confié au plus jeune skipper de la flotte.
Des armateurs engagés
Leyton est l’ancien Ciela Village mis à l’eau en 2017 par Thierry Bouchard, qui relançait ainsi la classe Multi50 devenue en 2021, Ocean Fifty, à l’occasion du lancement du Pro Sailing Tour et sa docu-série éponyme attendue en mars. Il était d’ailleurs suivi, en 2018, par Solidaires En Peloton - ARSEP qui lui, n’a jamais changé ni de skipper ni d’armateur, Thibaut Vauchel-Camus. Engagé également, Fabrice Cahierc a lancé en 2020 un Planet Warrior innovant, qui porte aujourd’hui le nom de Koesio.
Figure de la classe Ocean Fifty depuis 2007, le skipper Lalou Roucayrol a aussi largement contribué à son essor, ainsi que son partenaire Arkema, puisqu’il en a construit trois au sein de son chantier Lalou Multi créé en 2012. Deux sont aujourd’hui en course. Arkema 4 (2020) et Les P’tits Doudous, ancien Arkema (2013). On notera aussi que le dernier bateau de Franck-Yves Escoffier (lui aussi en a eu trois) est toujours en course sous le nom de Groupe GCA-1001 sourires après avoir gagné quatre Transat Jacques Vabre (dont la dernière) et une Route du Rhum. Mis à l’eau en 2009, il est encore aujourd’hui le plus titré des Ocean Fifty. Fiabilité et optimisation sont aux plus anciens ce que fougue et potentiel sont aux plus jeunes pour faire jeu égal et garantir la durée de vie des bateaux.
Construire moins, construire mieux
La classe Ocean Fifty, qui a entamé une réflexion sur son impact environnemental, travaille chaque année sur ses règles de classe avec l’ambition de lutter contre l’obsolescence des bateaux de course, préalable à la diminution de son empreinte carbone. Aujourd’hui, un numerus clausus est établi à 10 bateaux. Il pourrait passer à 12. La réflexion est en cours. Un Ocean Fifty neuf s’amortit donc sur huit à dix ans et conserve une belle valeur à la revente parce qu’il continue à figurer sur les podiums. Cette durée de vie, vertueuse, permet aussi à de jeunes skippers ou partenaires d’entrer dans la classe pour un budget raisonnable, sans être condamnés à « ramasser les bouées » à l’arrière de la flotte… L’ensemble de la flotte, aujourd’hui, affiche des performances remarquées, pour des budgets raisonnés de nature à séduire des partenaires à l’image de Leyton ou Koesio, les plus récemment entrés dans la classe. Enfin, la gestion d’un projet à taille humaine, le nombre de jours de navigation dans l’année et le plaisir fou qu’ils prennent sur l’eau, font mouche auprès des skippers, dont la moyenne d’âge est de 41 ans.La stratégie de la classe est aujourd’hui bien lancée et durable. Les dates et villes du Pro Sailing Tour 2022 seront annoncées au premier trimestre 2022. Il manque encore cruellement un ingrédient majeur à cette classe. Un projet féminin. Une situation inexpliquée mais qui devrait connaître un heureux dénouement rapidement…
Source : Ocean Fifty