Le pont du catamaran, We Explore, vient d’être finalisé, Roland Jourdain : "C’est très satisfaisant pour tout le monde"

 

C’est une nouvelle étape dans l’utilisation des biomatériaux qui a été franchie à la Grande Motte par Roland Jourdain et son équipe. Le pont du catamaran, We Explore vient d’être finalisé et il s’agit de la plus grande pièce en fibre de lin jamais réalisée ! Avant cela, des éléments de taille modeste tels que des surfs, des paddles et même des bateaux de petite taille, avaient permis de valider le concept mais la livraison de ce pont de 18 mètres sur 9 est un changement d’échelle. « C’est un verrou technologique qui a été levé » explique Xavier Desmaret, du chantier Outremer. Le pont est en effet une pièce centrale du catamaran et il est conçu pour supporter des contraintes extrêmes de grandes traversées océaniques. Roland Jourdain a ainsi prévu de participer à la prochaine édition de la Route du Rhum à bord de We Explore. Aujourd’hui, le pont a été posé sur les coques du catamaran au terme d’une opération spectaculaire et réglée au millimètre.

 

Crédit : R Christol


Le pont de We Explore représente « la surface d’un terrain de tennis en surface développée » explique Bilou qui salue l’implication de ses partenaires dans cette aventure. « La qualité du travail et de l’engagement de tous les intervenants a été primordiale. La coopérative Terre de Lin, partenaire du catamaran, a su répondre en quelques mois à notre demande de créer un nouveau tissu technique adapté à notre besoin. Le chantier Outremer a su faire le pas de côté pour réaliser cette prouesse technique dans son industrie plus habituée à construire des bateaux en série. Et je remercie également le fonds de dotation Bureau Vallée pour une planète heureuse qui nous fait confiance depuis le début ».

 

Une technologie d'avenir

Roland Jourdain, le skipper, explique l’importance de cette prouesse technique : « Au début des années 1980, nous étions dans le même état d’excitation et de stress pour la mise en œuvre des premiers tissus carbone sur nos bateaux de course ! Ouvrir de nouvelles voies techniques est un long chemin et We Explore marque une nouvelle étape. » Car la fibre de lin est une technologie d’avenir. Produite en circuit court, elle est aussi beaucoup moins énergivore que la fibre de verre alors qu’elle offre des caractéristiques mécaniques proches.

 

Guillaume Hémerick, Président de la coopérative de producteurs Terre de Lin, se réjouit de voir cette pièce aboutie : « Au long de cette première étape, nous sommes passés du stade projet à la concrétisation, du "rêve à la réalité", avec tous ses écueils, l'énergie et les synergies nécessaires pour atteindre l'objectif fixé. Félicitations aux équipes de Kaïros, Terre de Lin et Outremer : la première étape est une belle réussite. Nous allons suivre et nous impliquer dans les suivantes avec la même ferveur pour atteindre l'objectif : Pointe à Pitre, arrivée de la Route du Rhum. »

 

Du côté du chantier Outremer, on rappelle que le lin à un avenir sur les bateaux de plaisance : « C’est le but mais il faut savoir à quelle échéance » tempère Xavier Desmaret. « We Explore est une plateforme expérimentale. Avec Roland, il va être testé dans des conditions exigeantes, souvent plus dures que ce que peut rencontrer un plaisancier. On va donc avoir des retours intéressants sur le vieillissement du matériaux mais on ne va pas mettre la charrue avant les bœufs. Ce qui est sûr, c’est que si l’on arrive à le faire sur nos bateaux, les applications sur des bateaux plus petits seront possibles. Si ça fonctionne pour nous, ça fonctionnera pour beaucoup de monde » poursuit le patron du chantier.

 

Maintenant que le pont en fibre de lin est achevé, la construction du catamaran se poursuit à La Grande Motte. We Explore doit être mis à l’eau début mai afin d’être au départ de la prochaine édition de la Route du Rhum, le 6 novembre à Saint-Malo.

 

Roland Jourdain, où en êtes-vous du chantier de We Explore ?

Cela fait plus d’un an que l’on travaille sur ce projet et le chantier a débuté il y a près de 6 mois. On a tendance à ne pas regarder le chemin parcouru mais ce pont est tout de même la plus grande pièce composite en lin jamais réalisée. C’est une pièce de 18 mètres de long sur 9 mètres de large avec un certain nombre de complexités qui sont autant de challenges qui ont été relevés. C’est très satisfaisant pour tout le monde de voir ce pont qu’il s’agisse du chantier Outremer, de Terre de Lin, de l’architecte (Marc Van Peteghem, du cabinet d'architecture VPLP Design) ou de Kaïros, le bureau d’études.

 

Quelles sont les prochaines étapes ?

En ce moment, c’est une vraie ruche à bord de ce bateau. On pose les planchers, les cloisonnements, la plomberie. Il reste beaucoup de choses à faire car nous allons maintenant intégrer tous les systèmes intérieurs, l’électricité, l’électronique. Pour ma part, je rentre dans une phase que je connais bien, celle de la construction d’un bateau de course mais je remercie Outremer de s’adapter à nos demandes. Ils ont l’habitude de suivre des modes opératoires très précis et on est conscients de mettre un peu de bazar dans tout ça. C’est une collaboration étroite et, depuis que le lin est en œuvre, on voit que notre passion se transmet à l’équipe du chantier.

 

Au-delà du projet sportif, quelle est votre démarche environnementale ?

On veut incarner ce projet par l’impact que nos actions ont sur l’environnement. Ce projet est entièrement axé sur l’amélioration de notre trajectoire environnementale. Nous contribuons avec We Explore à ouvrir des voies. La partie technique est un chapitre essentiel mais pas suffisant. Nous voulons explorer ces changement d’ usages et de comportement qui seront la clé des transitions qu’il nous faut prendre, à Terre comme en Mer. L’équipage va devoir apprendre de nouvelles manœuvres et de nouveaux réglages pour que la vie à bord de notre petite planète bleue reste viable et désirable. Quoi de mieux qu’un bateau pour incarner tout cela ? Faire une preuve de concept, c’est agir pour inspirer le plus grand nombre.

 

 
Source : G Cheron