Paul Meilhat, skipper du nouvel IMOCA Biotherm : “C'est pour moi un rêve de faire la Route du Rhum puis The Ocean Race”

 

Passionnés, compétiteurs, hommes et femmes d'affaires, chefs d’équipe ou encore ambassadeurs de causes qui leur sont chères, les skippers IMOCA mènent une vie bien remplie. Ils enchaînent les courses et les événements sur un cycle de quatre ans ponctué par l'épique Vendée Globe.

 

Crédit : Qaptur

S'il existait un championnat des marins ambitieux et bien occupés, il faudrait sans doute placer Paul Meilhat dans le top de ce classement, voire sur la plus haute marche du podium. Le skipper lorientais, décontracté, est au cœur d'un programme exigeant, combinant la construction d'un nouveau bateau en seulement huit mois, une traversée de l'Atlantique en solitaire, puis un tour du monde en équipage.
 
Le skipper de 40 ans, marié et père de deux jeunes enfants, s’enthousiasme du challenge que lui, son équipe et son partenaire Biotherm ont embrassé. La société française, spécialiste des soins cosmétiques pour la peau, s’aventure pour la première fois sur la scène IMOCA, même si le monde de la voile ne lui est pas inconnue puisqu’elle sponsorisait déjà, au début des années 80, la légendaire navigatrice Florence Arthaud.

 

Un nouveau bateau en huit mois 

Le nouveau foiler bleu et blanc Biotherm, construit par le chantier Persico en Italie, a touché l’eau mercredi 31 août à Lorient. Les prochains objectifs de Paul Meilhat sont le Défi Azimut-Lorient Agglomération (13 au 18 septembre), sa qualification de 1200 milles en solitaire pour la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, puis la Route du Rhum elle-même en novembre, avant de reprendre le large en janvier, en équipage, sur The Ocean Race.

 

Où trouve-t-il l'énergie et la motivation pour tout cela ? "Eh bien, le programme est incroyable - c'est comme un rêve de faire d'abord la Route du Rhum, puis The Ocean Race", déclare-t-il à l’IMOCA, prenant quelques minutes de pause ce lundi, le jour où les nouveaux foils de Biotherm sont installés sur le bateau pour la première fois. “Nous sommes vraiment heureux et particulièrement fiers de mettre ce bateau à l’eau, et je parle au nom de toute l’équipe.

 

"Nous savions dès le départ que ce serait un grand défi car nous avons commencé à construire le bateau en décembre dernier et nous l’avons mis à l’eau avant septembre, c'est fou”, poursuit-il. “Nous ferons probablement la première navigation en fin de la semaine".

 

Paul, qui a réalisé de superbes performances aux côtés de Charlie Dalin sur APIVIA l'année dernière, se réjouit d’avoir mis à l’eau son premier bateau neuf, un nouveau chapitre dans sa longue carrière de navigateur. La construction de son 60 pieds fût un tour de force qu'il n'avait jamais envisagé auparavant. "Vous ne pouvez pas séparer la phase de construction des quatre ans de projet", affirme-t-il. “Je pense que c'était un premier accomplissement de lancer ce bateau neuf et maintenant un nouveau chapitre commence. L’équipe est à fond et je ressens une super énergie."

 

Bien sûr, les expériences récentes montrent que les nouveaux IMOCA peuvent prendre des mois, voire des années, pour atteindre leur plein potentiel. Il n’est pas inhabituel que ces bateaux rencontrent des problèmes techniques sur les premières navigations, voire sur leur première course. Paul Meilhat est pleinement conscient qu'il s'engage dans un programme ambitieux et est prêt à faire face aux imprévus. En fait, il admet avoir déjà un ou deux dossiers qui doivent être réglés avec le nouveau bateau, mais il n'a pas donné de détails.

 

"La première chose est d'être vraiment pragmatique et de ne pas dépenser trop d’énergie sur des détails afin d’aller à l’essentiel", explique-t-il. "Ensuite, il est important que nous ne nous focalisions pas uniquement sur les résultats. Nous devrons être patients et confiants dans notre travail. Nous savons déjà que nous aurons probablement quelques contraintes car les choses ne se passent jamais comme prévu. Nous devons rester flexibles et nous efforcer de prendre les bonnes décisions."

 

“La Route du Rhum est presque comme la première étape de The Ocean Race” 

Sur la Route du Rhum, dont le marin a remporté la dernière édition en IMOCA en 2018, Paul Meilhat dit ne pas avoir d'autre objectif que de terminer la course. "Nous sommes juste ravis de prendre le départ", déclare-t-il. "Nous ferons de notre mieux et pour moi l'opportunité de faire cette course est juste incroyable. Je suis un compétiteur mais cette Route du Rhum est presque comme la première étape de The Ocean Race. La seule différence est que je serai seul à bord. Finalement, j’aborde les huit prochains mois comme une seule grande course…".

 

Le nouveau bateau se base sur les moules de LinkedOut (bateau actuel de Thomas Ruyant) avec cependant des modifications apportées sur l’étrave conçue pour maximiser les performances au portant dans les mers du Sud. De plus, l’équipe Biotherm a, entre autres, travaillé sur un nouveau système de safrans et sur la structure de la casquette. C’était pour tous un challenge intéressant en termes de conception car cet IMOCA doit être compétitif et ergonomique à la fois pour le solitaire et pour l’équipage.

 

Deux ans, deux tours du monde Si le tour du monde équipage, pour lequel Paul s’est entouré d’un équipage international et mixte, représente le grand objectif à court terme (départ le 15 janvier 2023), l'objectif de long terme reste le Vendée Globe en 2024.

 

Skipper de l’IMOCA SMA sur l’édition 2016-17, Paul occupait la troisième place dans les mers du Sud lorsqu'il a été contraint d'abandonner et de rejoindre Tahiti suite à une avarie sur la quille. Cependant, ses expériences et sa nouvelle machine de course au large font aujourd’hui de lui un sérieux prétendant au podium sur la prochaine édition.

 

"Nous avons choisi de faire un bateau simple dans des moules assez anciens", explique-t-il. "L'idée initiale est de naviguer plus que les autres et donc de construire un bateau plus solide mais aussi plus simple. Je suis donc assez content des choix que nous avons faits.

 

Le partenariat avec Biotherm est un autre aspect de la vie sportive de Paul Meilhat que le marin apprécie particulièrement. C’est pour lui, le sentiment d'un début commun avec l'entreprise sur un projet de quatre ans excitant.

 

"C'est agréable parce que nous débutons notre aventure et j'aime ce défi", explique-t-il. "La marque découvre le monde de l'IMOCA et nous apprenons et grandissons ensemble - le bateau d'un côté et la connaissance de la course au large de l'autre. Nous y mettons beaucoup de passion et nous avons construit ce bateau côté à côte donc c’est une histoire qui s’écrit au fil des jours", conclut-il.

 

Source : J Huvé