Gilles Buekenhout sur la terre ferme, "Je ne me suis pas laissé abattre"

 

Gilles Buekenhout (Jess, Rhum Multi) aurait rêvé de la conclure en beauté. Sauf que le Belge a chaviré il y a deux jours, qu’il a été débarqué hier soir à Pointe-à-Pitre et que les retrouvailles avec ses proches étaient très intenses. La victoire devrait revenir à Roland Jourdain (We Explore) attendu cet après-midi sur la ligne d’arrivée (heure locale), qui pourrait l’emporter pour la troisième fois.

 

Crédit : A Pilpré

Le témoignage du jour. Gilles Buekenhout (Jess) raconte son chavirage :

« Toute l’expérience de sauvetage que j’ai vécu sur le cargo est assez extraordinaire. Même si on fait des stages de survie, la réalité c’est autre chose. Quant il faut nager 50 mètres dans l’eau pour aller récupérer la bouée couronne qui a été balancée du bateau, vous vous en souvenez. Mais je l’ai fait et je suis content d’être là et d’être dans l’ambiance des arrivées à Pointe-à-Pitre. »
 

“ J’ai vu le précipice devant moi ”

« J’étais en navigation assez normale, je n’étais pas en survitesse. J’étais même à l’intérieur, je venais de me raser et je préparais mes pare-battages en vue de l’arrivée. D’un coup, j’ai senti que le bateau accélérait pour passer à 18-19 nœuds. Il y avait un grain qui était assez loin et je ne me suis pas trop inquiété. Je me suis mis à la barre, J’ai coupé le pilote ce qui permet de mieux négocier les bourrasques qui arrivent. En à peine trois secondes, le bateau s’est retrouvé à la verticale, soulevé par l’arrière. J’ai vu le précipice devant moi. En deux secondes, j’ai choqué le chariot de grand-voile. J’ai compris que c’était foutu. Je suis tombé à l’eau, d’à peu près 10 mètres de haut, à plat sur le dos. Vu la chute, je me suis enfoncé de 1,50 mètre dans l’eau et quand je suis ressorti de l’eau, le bateau était à plat, à l’envers. »

 

“ Je crois que c’est l’instinct de survie ”

« Je suis remonté dessus et il s’en est suivi toutes les péripéties de ce chavirage : l’appel des secours, la mise en place de la balise. J’ai appelé mon routeur et surtout chose, très importante, j’ai fermé le bateau. J’ai fait ce que je pouvais dans l’assourdissement de l’événement. Je ne m’attendais vraiment pas à ça, la mer n’était pas très forte. Je n’ai pas vraiment compris comment c’est arrivé. C’est le risque des multicoques. Je remercie les gens du cargo (Interunity) qui se sont déroutés.
 
J’ai réussi à sauver ma TPS (combinaison de survie), mon téléphone et la flashlight, grâce à laquelle j’ai pu être repéré dans la nuit. J’ai eu quelques bons réflexes dans l’histoire. On pourrait croire que j’ai eu des pensées noires, mais non ! Je crois que c’est l’instinct de survie. Je ne me suis pas laissé abattre. Je me suis efforcé de réagir du mieux possible. Mais voilà, je suis là et je suis très content d’être là parmi vous ! Pour moi, ce n’était plus qu’une formalité d’arriver. Je ne poussais pas du tout sur le bateau. C’était la faute à pas de chance, ou la mer qui n’a pas voulu me laisser. On peut tout imaginer, mais il faut rester positif dans la vie. »
 
Source : RDR