La dérive du Trimaran SVR Lazartigue est arrivée, François Gabart aborde le départ avec une concentration extrême

 

La dérive du Trimaran SVR Lazartigue est arrivée hier soir à St-Malo ! De quoi ravir son skipper. François Gabart aborde avec sérénité et une concentration extrême le départ de la Route du Rhum, dimanche prochain. ITW

 

Crédit : M Keruzoré

Tu es arrivé à Saint Malo avec des ennuis de dérive suite à un choc pendant le convoyage. Elle a été démontée mardi dernier, où en êtes-vous ?

La bonne nouvelle c’est que nous avons terminé la réparation chez Mer Concept et la dérive a été remontée hier soir sur SVR Lazartigue. Il y a toujours plein d’incertitudes sur ces pièces très techniques. Avant qu’elle soit dans le bateau, je préférais ne pas faire de pronostic ou d’annonce mais là, c’est un sujet réglé. C’est une nouvelle dérive, évolution de la précédente, et on a pu progresser entre la première version et celle-ci. Ça aurait été dommage de ne pas pouvoir partir avec.

 

Comparativement à 2018, tu considères mieux connaitre ton nouveau bateau ?

C’est très difficile de répondre à cette question. J’avais beaucoup plus d’expérience du bateau en 2018 c’est certain et je sortais d’un enchainement de 24 mois de navigations en solitaire qui rendait l’exercice presque banal. Là, ce n’est pas le cas puisque ma dernière course en solitaire a été la Route du Rhum 2018 ! Mais entre temps, j’ai progressé. Et l’équipe aussi. Nous avons acquis une expérience et finalement, nous avions beaucoup moins d’incertitude à la mise à l’eau de SVR Lazartigue que pour notre précédent trimaran. Nous avons changé de dérive cet été, mais c’est juste une amélioration, la logique architecturale reste la même. En 2018, nous avons changé à quelques mois du départ la configuration d’appendices du bateau en le rendant volant et nous n’avions aucun recul sur le sujet... Donc, tu vois, il y a des plus et des moins et je ne sais pas quel bilan il faut en tirer…

 

Les conditions annoncées sont clémentes sur le départ, mais violentes la première nuit et le lundi. Est-ce que c’est une météo que tu as déjà rencontré avec SVR Lazartigue ?

Non, ni moi ni mes concurrents volants je pense. Ce n’est pas simple d’organiser une navigation en entrainement avec plus de 40 noeuds et 6 mètres de vagues, de trouver l’équilibre entre la prise de risque et les plannings de course. Parfois, on met le bateau en difficulté et on le sollicite très fort dans des conditions moins violentes, histoire de charger la structure et les appendices. Pour voir… On met aussi le marin en difficulté en multipliant les manoeuvres.
 
Nos bateaux ont dans leur cahier des charges de faire la Route du Rhum - Destination Guadeloupe mais ils sont aussi faits pour un tour du monde et des records. Sur ce genre d’exercice, ils vont tellement vite que l’on parvient à éviter des conditions très très fortes. En revanche, on est toujours contraint sur des départs. Et là, j’attends que les prévisions se confirment, mais le front passe très tôt et il risque de ne pas y avoir d’échappatoire. Ce sera probablement plus violent qu’en 2018 qui n’était déjà pas une édition simple. La première nuit, j’avais cassé un vérin de J3 et endommagé un foil et un safran. Je ne volais plus du tout sur un bord mais ça ne m’a pas empêché de traverser et jouer la gagne…

 

Avec le recul, quel souvenir gardes-tu de cette incroyable édition 2018 ?

2018 n’est pas une cicatrice. En 2014, j’avais besoin de gagner ici à Saint-Malo (il courait en IMOCA NDR). C’était une façon de dire que je n’avais pas remporté le Vendée Globe par chance. Il fallait que je me le prouve, j’ai assez de recul a posteriori pour le dire. Aujourd’hui, je ne suis pas du tout dans cette logique. Ce qui ne veut pas dire que l’envie, la capacité de tout donner et de se dépasser sur le bateau ne sera pas là, car ce qu’on s’apprête à faire n’a rien d’anodin. Bien sûr que j’ai envie de gagner la Route du Rhum - Destination Guadeloupe, mais c’est impossible d’imaginer le scénario à l’avance. Un finish comme celui qu’on a connu avec Francis (Joyon) en 2018, ça ne peut pas s’organiser. C’était d’une intensité dingue et c’est aussi ça la beauté du sport. La Route du Rhum -Destination Guadeloupe est une course exceptionnelle et il y a de belles deuxièmes places.

 

Source : RDR