Après plus de 10 000 milles à travers l’océan Indien puis le Pacifique, et 29 jours à l’ahurissante moyenne de près de 15 nœuds, Team Malizia, talonné par Holcim-PRB, devrait franchir le fameux cap Horn en tête ce soir et ce dans une brise de « demoiselle » après plusieurs jours plus que toniques dans une forte dépression, typique des mers du sud.
Les navigateurs de The Ocean Race ont entré ce waypoint du cap Horn sur l’ordinateur et la cartographie électronique, situé par 55°56 sud et 67°17 ouest. Comme annoncé, le Pacifique a « montré les dents » ces trois derniers jours, une vaste dépression typique des mers australes générant de forts vents et surtout une mer abrupte et déferlante. Il n’y a bien que ces fabuleux albatros, dans leur océan de prédilection, qui ont plané à cœur joie autour des IMOCA, lancés à des vitesses stratosphériques pour des monocoques de 18,28 mètres, superbement filmés par les drones.
Quel contraste entre l’équipage en maillot de bain, bouquinant sous les alizés de sud-est, lors du convoyage de GUYOT Environnement - Team Europe vers Itajaí, et ceux de Team Malizia, Holcim-PRB, Biotherm et 11th Hour Racing Team, en ciré, et devant porter casque anti-bruit ou bouchons d’oreilles quand ils sont hors quart ! Barbe drue, regard fatigué, l’Américain Amory Ross, Onboard Reporter sur 11th Hour Racing Team, pourtant rompu à la course – c’est sa troisième Ocean Race – avoue : « la vie à bord est vraiment bruyante. On a hâte d’arriver au Brésil pour plein de raisons… mais retrouver un peu du calme est probablement tout en haut de la liste… »
Quel contraste également entre la brutalité de ces IMOCA surfant et volant à près de 30 nœuds dans des creux entre cinq et huit mètres, et la sérénité de ces femmes et de ces hommes, secoués certes, mais d’un calme olympien, échangeant sans jamais hausser le ton ! Les traits sont tirés, les airs parfois songeurs, mais la décontraction domine, et les « vannes » ou autres rigolades ne font que confirmer que ces marins, même après un mois de mer dans la promiscuité d’une luge en carbone, ont une résilience hors du commun. Tous ont déployé aussi le foil au vent. Comme le précise Michel Desjoyeaux, ancien de The Ocean Race avec Éric Tabarly en 1985 notamment, et double vainqueur du Vendée Globe : « l’idée est d’aller chercher un peu plus d’appui dynamique pour que la coque retombe moins violemment, façon suspension oléo pneumatique, avec un peu d’Archimède et un peu plus de portance » histoire que le bateau soit relativement amorti.
Après une route au nord-est, afin d’avoir une mer un peu moins mauvaise, les concurrents ont empanné, avant de plonger tribord amure vers le cap Horn. Plus nord afin d’avoir moins de mer, Team Malizia, impressionnant au portant, mène devant Holcim-PRB et Biotherm. 11th Hour Racing Team, en proie à des soucis de grand-voile, bloquée au second ris, ne lui permet pas de naviguer avec toute sa garde-robe, et Biotherm a dû organiser un atelier bricolage dimanche suite à une avarie de hale-bas et de latte supérieure de grand-voile. Après avoir « mis le clignotant à gauche », ils vont gagner dans le nord assez rapidement, avant de buter à nouveau dans des vents faibles et tordus. Une dépression au sud-est de Mar del Plata pourrait bien redistribuer les cartes, avec un nouveau regroupement avant la dernière ligne droite vers Itajaí, pour une ETA entre le 1er et le 2 avril.
"Malheureusement, nous perdons des milles sur les autres, car nous sommes moins puissants étant donné que nous naviguons avec deux ris dans la grand-voile alors qu'il vaudrait mieux n'en prendre qu'un seul", racontait samedi dernier Charlie Enright de 11th Hour Racing Team, déplorant l'avarie de leur grand-voile qui les empêche de naviguer avec un seul ris.
"Mais nous sommes certainement dans une meilleure position qu'après avoir passé la porte de parcours [au sud de l'Australie]. Ce que l'équipage, et Jack (Bouttell) en particulier, a pu faire et réparer est assez incroyable. Nous sommes déterminés à exploiter au maximum les performances du bateau, et cela a été cool de régater à vue des autres. Nous sommes 20 ici, dans cette partie reculée du monde, et oui, nous sommes rivaux, mais nous sommes aussi amis, nous sommes une famille. Il y a de la camaraderie entre nous, de bonnes discussions à la radio, et c'est bon pour nous tous d'être ici, ensemble, dans cette partie du monde complètement dingue".
Source : TOR
"Malheureusement, nous perdons des milles sur les autres, car nous sommes moins puissants étant donné que nous naviguons avec deux ris dans la grand-voile alors qu'il vaudrait mieux n'en prendre qu'un seul", racontait samedi dernier Charlie Enright de 11th Hour Racing Team, déplorant l'avarie de leur grand-voile qui les empêche de naviguer avec un seul ris.
"Mais nous sommes certainement dans une meilleure position qu'après avoir passé la porte de parcours [au sud de l'Australie]. Ce que l'équipage, et Jack (Bouttell) en particulier, a pu faire et réparer est assez incroyable. Nous sommes déterminés à exploiter au maximum les performances du bateau, et cela a été cool de régater à vue des autres. Nous sommes 20 ici, dans cette partie reculée du monde, et oui, nous sommes rivaux, mais nous sommes aussi amis, nous sommes une famille. Il y a de la camaraderie entre nous, de bonnes discussions à la radio, et c'est bon pour nous tous d'être ici, ensemble, dans cette partie du monde complètement dingue".
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