Resserrement en tête de flotte sur The Ocean Race, Nicolas Lunven (Malizia) : "avoir une analyse plus fine sur du court terme"

 

La course au large est une discipline qui peut parfois se révéler terriblement frustrante pour un leader, quand son avance de plus de 500 milles fond comme neige au soleil, et ce en trois jours. C’est le cas de l’équipage de Holcim-PRB mené par Kevin Escoffier qui bute dans des hautes pressions et voit ses poursuivants revenir. Nous pourrions même assister à un nouveau départ sur cette troisième étape, au large de la Tasmanie.

 

Crédit : A Auriol

Les fichiers météo semblent formels depuis quelques jours. L’analyse quotidienne, effectuée par Christian Dumard, le météorologue de la course, confirme ce que Kevin Escoffier et Tom Laperche (Holcim-PRB) pressentaient et craignaient ; un regroupement des bateaux à l’issue du week-end. L’ancien navigateur désormais spécialiste du routage, pense que « les bateaux pourraient se retrouver ensemble lundi 13 mars » exactement à la longitude de Hobart… avant d’attaquer le Pacifique.
 
Dans des vents de secteur Nord à Nord-Est entre 15 et 25 nœuds, la flotte va « avaler » la fin de l’Indien à toute vitesse, bien calée, juste au-dessus des fameux cinquantièmes hurlants et de la zone d’exclusion des glaces. Les derniers routages font état d’une grosse semaine sur le même bord (bâbord amure) et ce au moins jusqu’au Sud de la Nouvelle-Zélande. Autant dire que les voiles, les sacs d’avitaillement et le spare (matériel de rechange) vont être « matossés » dans les flancs au vent et à l’arrière des 60 pieds IMOCA.
 
Joint par WhatsApp avec une qualité de son digne de la terre, Nicolas Lunven, équipier à bord de Team Malizia, explique justement avec précision son quotidien en tant que chargé de la « nav » : « je passe entre six et huit heures à la table à cartes par 24 heures, mais je prends mes quarts normalement. Au départ à Alicante, avec Boris (Herrmann) nous avions calé mes quarts sur les horaires des fichiers météo, afin que je sois réveillé au bon moment. » Autant dire que le marin ne dort pas beaucoup. « Globalement, il y a une grosse sortie de fichiers le matin, et la même le soir. Je prends parfois des fichiers météo intermédiaires à 6 heures et 18 heures UTC, mais uniquement si la situation est complexe, et ce afin d’avoir une analyse plus fine sur du court terme. Quand la situation est claire, on ne prend pas ces réseaux intermédiaires. »
 
Et d’ajouter : « je fais tourner mes routages en permanence sur Adrena, qui est de loin l’outil principal. Moi, je bosse la stratégie puis j’explique ensuite au reste de l’équipage – Boris (Herrmann), Will (Harris), Rosalin (Kuiper) et Antoine (Auriol) notre Onboard Reporter - ce que l’on va faire dans les prochains jours… S’il y a des points de désaccord, on discute, j’argumente. Sur l’étape 3, les échanges peuvent avoir lieu sur une force de vent maximale à ne pas dépasser, un état de mer à éviter ou lors du contournement d’une grosse dépression, donc sur les limites que nous nous fixons. De toute manière, si quelqu’un doit trancher au final, il est évident que c’est Boris le skipper. »
 
 
Si Holcim-PRB ouvre toujours la route ce vendredi 10 mars, il navigue dans une brise qui s’étiole, a retrouvé du vent, avec un angle un peu moins favorable, mais conserve un « petit matelas » d’avance de 120 milles (222 kms). Ses trois poursuivants Biotherm, 11 th Hour Racing Team et Team Malizia, filent à plus de 24 nœuds, se tenant en moins de 15 milles ! Il reste encore 9 000 milles avant Itajaí…

 

Source : TOR