Au cœur du chantier Macif, le futur IMOCA de Charlie Dalin, "nous entrons désormais dans la phase de détails"

 

Architecte de formation et bénéficiant maintenant de quatre années d’expérience sur le circuit IMOCA, Charlie Dalin est très engagé sur la construction de son nouveau bateau, dont la mise à l’eau est prévue pour la fin du mois de juin 2023. Avec ce rythme de terrien, le navigateur en profite pour travailler sa condition physique, mais aussi pour jouer les observateurs, que ce soit sur les dernières unités mises à l’eau dernièrement ou sur l’Ocean Race, riche d’enseignements.

Crédit : G Gatefait


L’Imoca MACIF prend forme

Depuis son retour de Guadeloupe en novembre dernier, les semaines de Charlie Dalin sont principalement consacrées à son futur Imoca MACIF. La construction bat son plein au chantier CDK Technologies de Port-la-Forêt sous l’œil attentif du responsable technique, Guillaume Combescure. « Les premières pièces ont été lancées en juin 2022. Le chantier CDK - dont je souhaite saluer le travail - a construit la coque, le pont et toutes les cloisons, tandis que Mer Concept avait la charge de certaines pièces stratégiques du bateau, comme le meuble de winch et les puits de foils » détaille Guillaume.

C’est à la mi-mars que le bateau a été ‘fermé’, avec la mise en place du pont sur la coque. Ce grand moment dans la construction marque l’entrée dans une nouvelle phase du chantier : l’aménagement des systèmes à l’intérieur du monocoque, et plus spécialement l’ergonomie, paramètre important dans la conception d’un bateau de course aussi exigeant que peut être un Imoca de nouvelle génération.

« Même si les principaux concepts étaient validés sur l’ ergonomie générale, il nous fallait bien vérifier les dimensions de chaque élément, les réaliser et décider de leur positionnement à l’intérieur du bateau ». Très investi dans la conception, le skipper met à profit son expérience acquise ces quatre dernières années à bord de son Imoca APIVIA pour optimiser le futur MACIF. « Cela passe par la position de la table à cartes, le rangement des bouts, la bannette ou encore le siège de barre. Tu prends des décisions et dois faire des arbitrages toutes les semaines ! Et ce n’est pas encore terminé, même si nous entrons désormais dans la phase de détails. »

A deux mois environ de la mise à l’eau, et après un chantier rondement mené par une brigade d’experts, Guillaume Combescure tire un premier bilan: « C’était un nouveau challenge pour moi, très excitant ! Ces bateaux sont très complexes et avec un sacré plateau sportif en face, nous n’avons pas le droit à l’erreur. Je suis ravi de ma collaboration avec Charlie, qui est très présent et investi avec les équipes dans toutes les réflexions menées. Il est exigeant mais reconnaissant et cela crée une très bonne ambiance de travail. Toutes les équipes CDK et Mer Concept ont réalisé un super travail et grâce à leur expertise, le futur Imoca MACIF parait très prometteur ! »

Se préparer à sa nouvelle monture

La présence d’un mediaman sur chaque Imoca participant actuellement à l’Ocean Race a permis aux observateurs de réaliser la mesure de l’engagement physique nécessaire à la navigation sur ces bateaux très puissants. Les chocs sont nombreux, les positions souvent inconfortables même dans les phases de repos, en témoignent les blessures de certains marins lors de la dernière étape entre l’Afrique du Sud et le Brésil. Une bonne condition physique est plus que jamais devenue un facteur prépondérant à la performance et Charlie Dalin compte bien soigner cette partie de sa préparation.

En effet, plusieurs mois lui ont été nécessaires pour récupérer entièrement de son premier Vendée Globe en 2021 et trouver son rythme. « Il fallait ensuite préparer les courses que sont la Transat Jacques Vabre ou la Route du Rhum, tout en travaillant en parallèle sur la conception de mon nouveau bateau. J’ai eu davantage de temps cet hiver pour intégrer des séances de préparation physique à mon planning et elles font désormais partie de ma routine hebdomadaire. Je participe toutes les semaines aux séances du Pôle Finistère Course au Large et je fais beaucoup de vélo ! Que ce soit du vélo de route ou du home-trainer avec des programmes bien définis. C’est devenu ma nouvelle passion » s’amuse-t ’il. Le vélo est un sport qui a de multiples avantages, notamment l’endurance cardiovasculaire, sollicitant tous les muscles du corps. « Les manœuvres en solitaire en Imoca demandent énormément d’énergie et c’est très important d’être prêt physiquement à ces efforts très intenses » confie Charlie.

Un observateur avisé

La posture de terrien lui a donné un autre avantage cet hiver : observer attentivement ce que fait la concurrence. Entre les différentes mises à l’eau de bateaux neufs et la participation de cinq Imoca à l’Ocean Race, l’œil avisé du skipper de l’Imoca MACIF n’est jamais bien loin. Et même s’’il avoue ressentir une petite frustration à voir les autres naviguer, le skipper sait mettre à profit cette position inhabituelle : « C’est sûr que d’ouvrir la cartographie et de voir les vidéos du large, ça donne envie ! J’aime bien faire du bateau ! » admet volontiers Charlie. « Cette période de transition me permet de souffler un peu et de recharger les batteries ; et aussi d’analyser les performances des bateaux mis à l’eau récemment ou de ceux qui naviguent. Je suis très attentif à l’Ocean Race et échange régulièrement avec mon équipe et Guillaume Verdier pendant les étapes. Ces navigations en équipage mettent vraiment en exergue les capacités de bateaux car en solitaire, la gestion n’est pas du tout la même. On analyse les points forts et les points faibles des concurrents. Mais il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives car les équipages et les monocoques progressent au fur et à mesure de la course, ni faire de comparaison avec nos navigations en solitaire. Si je dois prendre l’exemple des avaries rencontrées, elles sont réglées en quelques heures tandis qu’il nous faudrait plusieurs jours en solitaire pour réparer. »

De nouveaux Imoca ont également vu le jour pendant cette période hivernale, à l’instar de celui de l’ancien Skipper Macif 2014 en Figaro, Yoann Richomme ou du nouvel Imoca de Thomas Ruyant. Sensible aux moindres détails architecturaux de ces monocoques, Charlie confie : « les échos que nous avions correspondent à la réalité. Je pense que ce seront des bateaux performants dans le petit temps et plutôt typé pour des vents portants au regard de leur forme de coque. En revanche il est difficile d’anticiper les performances des foils. Une chose est certaine : ça me donne envie de rapidement me confronter à cette nouvelle concurrence ! »

Source : Macif