Pen Duick VI est arrivé à Auckland, Marie Tabarly : "Au final, nous sauvons les meubles" sur cette étape de l'Ocean Globe Race

 

Mardi dernier, l’équipage de Pen Duick VI a bouclé la deuxième étape de l’Ocean Globe Race, en 2e position en temps réel, après 37 jours de mer : « C’était une belle étape, longue et frustrante pour nous en termes de résultat et de découverte du grand sud, que nous n’avons qu’effleuré, mais cela ne fait que décupler notre envie d’y retourner ! », résume Marie Tabarly, capitaine de Pen Duick VI, à son arrivée à Auckland. Le départ de la prochaine étape, la plus courte et la plus sud de toute, est prévu dans un mois. Pourtant, à peine arrivés, Marie et ses « guerriers » ont déjà hâte d’y être !

Crédit : Elemen'terre


Retour sur ces 37 jours et 37 nuits de course, à l’ancienne, entre Cap Town et Auckland 
Marie Tabarly : « Le départ était vraiment génial ! On était bord à bord avec Translated 9, comme en régate, à 2m l’un de l’autre. On était tous au taquet, on se défiait. C’était drôle ! Nous avons rapidement pris le lead de la course, attaqué notre descente vers les iles Crozet. Pas de grosses conditions : 20 – 30 nœuds maximum. Ça a déroulé, sans grosse option stratégique. »

Loin devant à mi-parcours
« A peu près à mi-parcours de l’étape, nous avons tous dû remonter assez nord (jusqu’au 45° Sud) pour respecter le waypoint de la course. Nous avions alors 400 milles d’avance sur Translated 9 et 3,5 jours sur Maiden et Spirit of Helsinki. C’était une belle satisfaction parce que nous n’avions pas encore exploité tout le potentiel de Pen Duick VI qui se démarque vraiment des autres dans la grosse brise. Nous nous disions que nous avions encore de quoi allonger… »

Piégés au Nord
« Après le waypoint le vent s’est orienté au sud-sud-est : impossible de redescendre vers les 50e. Et, 48h plus tard, une bulle anticyclonique colossale a gonflé devant nous. Impossible d’essayer de la traverser. Il ne faut pas oublier que nous ne disposons que de cartes isobariques et, encore, quand on en a ! Pas de champs de vent, rien. Nous n’avions clairement pas d’autre choix que de partir sur une route nord et là, nous nous sommes fait piéger. »

Lions en cage
« Ça a été trois semaines d’une longue agonie. Surtout que nous savions que Translated9 avait réussi à passer dans le Sud. L’anticyclone avait glissé devant eux. Nous étions comme des fous. Dès que possible, nous avons essayé de redescendre dans le sud de la Tasmanie, pour rejoindre la flotte et des conditions météo musclées favorables à Pen Duick VI… Et là, rebelote, bloqués par une zone sans vent. Notre seule échappatoire était le Détroit de Bass. »

Un beau final !
« Au final, nous sauvons les meubles. Je n’ai pas encore débriefé avec des routeurs à terre pour savoir s’il y aurait eu d’autres routes possibles. En tous cas, nous sommes bien revenus sur Translated 9 à la fin. »

De la lave dans les veines
« Il y a une super ambiance à bord. J’ai une équipe de rêve, une bande de guerriers : ce n’est pas du sang qu’ils ont dans les veines, c’est de la lave ! Ils sont tous prêts à aller dans le sud et vivre dans des conditions rudes. Nous avons juste effleuré le grand sud, dans seulement 30 nœuds, navigué un peu avec les albatros. Nous étions venus chercher quelque chose de plus engagé, même si nous avons quand même vu les Kerguelen, des nuances de gris incroyables, des mers magnifiques… »

Le danger est partout
« Tu sens que tu n’es pas le bienvenu et que ça peut vite partir en vrille. Le froid est là, qui guette. Autour de toi le danger est partout. Tu es en sécurité sur le bateau. Dans l’eau, tu n’as aucune chance. C’est surtout la température de l’eau qui est impressionnante. Il est par exemple difficile de s’hydrater elle est trop froide. Il y a de la condensation partout, tout est humide… mais ce sera beaucoup plus froid encore sur la prochaine étape : nous allons aller beaucoup plus sud. »

Source : S Guého