Ecoutons les routeurs ! Tous deux ont « profité » du pot au noir ces derniers jours et entrevoient des arrivées la semaine prochaine : Philippe Legros (Sodebo) et Sébastien Josse (Banque Populaire) ont la parole.
Philippe Legros (Sodebo) : « La semaine a été marquée par la traversée du pot au noir ; ce fut long parce qu’on l’a rencontré à un endroit anormal, au sud de l’équateur. Le pot au noir a ensuite rejoint une position plus classique… en faisant route avec nous. On a eu l’impression de traverser par deux fois ces formations nuageuses caractéristiques du pot, à des intervalles écartés. Cela nous a considérablement ralentis sur une longue période. Le Maxi Banque Populaire XI a rattrapé près de la moitié de son déficit après l’arrêt à Rio et sa sortie difficile de la baie ».
Sébastien Josse (Banque Populaire) : « Depuis le départ, ça n’est pas facile sur le point de vue météo. Il n’y a jamais rien de très fluide sur notre route. Dès qu’on n’est pas dans le bon wagon, on mange du pain noir… et Armel a été bien servi, même après le passage du cap Horn, avec des vents de 50 nœuds dans la remontée. Généralement, on ne se fait pas ‘cueillir’ comme il l’a été durant trois ou quatre jours. Quand il en est sorti, il y a eu les deux avaries qui ont mis un petit coup à Armel, qui s’était projeté autrement sur la remontée de l’Atlantique.
La réparation des safrans a été très rapide, on a eu de la chance, mais elle nous a privés d’une navigation au portant, à 24 heures près. Armel s’est retrouvé au près dans le dos de la dépression. Il a dû s’en extraire pour aller toucher les alizés du sud. Après les alizés, il a dû s’enfoncer dans un pot au noir plus large que d’habitude ».
LA SUITE
Sébastien Josse : « Là, Armel va repartir au près ; avec son problème d’appendice, le bateau va moins vite sur ces allures un peu serrées. Il faut que ça se débride, et alors pourra allonger sa foulée. Tout le monde est éclopé : Sodebo Ultim 3 n’est pas méga vivace et le Maxi Edmond de Rothschild n’a pas fait des vitesses de folie le long du Brésil. Le Maxi Banque Populaire XI est peut-être celui en meilleur état pour finir le parcours… au prix de deux escales.
Maintenant, il n’y a plus de surprise : Armel va sortir du pot au noir, pour avancer au près dans l’alizé du nord ; puis il va toucher du vent de travers lorsqu’il va commencer à contourner par l’ouest l’anticyclone des Açores. La suite de la route sera ouest, puis nord. On fera route vers Brest. On ne sait pas encore s’il va falloir gérer un anticyclone ou une dépression, mais ça ne changera pas la trajectoire. Ce système dépressionnaire qui passe donnera du vent d’ouest / nord-ouest assez fort, ou alors du medium si l’anticyclone remonte dans le nord. On affinera dans quatre ou cinq jours notre arrivée, qu’on estime pour la fin de semaine prochaine ».
Philippe Legros : « Nous voilà dans des alizés bien établis, dans des conditions favorables à la glisse, c’est apaisé, et ça fait du bien, en mer comme à terre : quand Thomas va dormir et qu’on n’a pas une stratégie à recalculer plusieurs fois par jour, ça laisse le temps de souffler et de se projeter dans la vue à long terme ; on est moins dans la réaction.
On fait une route ouest sur un schéma plutôt classique, avec le contournement de l’anticylone des Açores pour aller chercher un flux d’ouest pour être projetés vers l’arrivée. L’arrivée, ce sera à l’avant d’une dépression ; les conditions de navigation dépendront du timing, de la vitesse de déplacement du système et de notre capacité à aller plus ou moins vite. L’occasion se présentera peut-être de couper un peu la route de l’anticyclone, mais ça dépendra de sa vitesse de déplacemen vers l’est. Il y aura du vent à l’arrivée, on ne sait pas trop combien encore. Le déclenchement du virage vers l’est permettra de doser la force du vent. Ça n’est pas aussi fort que la tempête du moment, mais on sait qu’une dépression hivernale peut se creuser. On va sans doute demander à Thomas de pousser un peu le bateau pour avoir une marge de sécurité. Notre ETA ? Toujours entre le 29 février et le 1er mars ».
COMMENT VA LE MARIN ?
Philippe Legros : « Comme la situation s’est stabilisée, Thomas a engrangé un peu de sommeil. Les vents réguliers font que tu ne fais pas des réglages toutes les 10 minutes, donc il recharge ses batteries. Le bateau est en bon état, mais fatigué. Il faudra un peu de réussite pour éviter les collisions, les choses comme ça ».
Sébastien Josse : « Armel a envie de finir l’aventure, d’achever la boucle et monter sur le podium. Ça ne serait pas mal, et il y a beaucoup de motivation derrière ça ».
Source : Rivacom