Retour à l'eau pour Paprec Arkéa, Yoann Richomme : "Nous avons démonté intégralement le bateau" - ITW

Hier mercredi 20 mars, l’IMOCA Paprec Arkéa a quitté le chantier pour retrouver la mer. C’est la fin de treize semaines d’effort collectif intense pour vérifier, renforcer et optimiser au maximum le monocoque. L’enjeu est de taille : parvenir à améliorer un peu plus les performances, disputer deux transatlantiques avant de se projeter vers le Vendée Globe. Un challenge qui n’effraie pas Yoann Richomme particulièrement enthousiaste à l’idée de naviguer à nouveau.

Crédit : j Champolion 


Le bateau a été remis à l’eau ce mercredi. Quel est le sentiment qui prédomine chez toi et dans l’équipe ?

Je suis super heureux ! Cela fait plusieurs mois désormais que j’ai eu le temps de me reposer, de recharger les batteries. L’équipe a fourni un travail colossal ces dernières semaines. Ça nous permet d’envisager les prochaines échéances avec sérénité. On va rapidement pouvoir se mesurer aux autres. Je suis impatient de voir les fruits de ce sacré travail collectif !

Il s’agit du chantier le plus conséquent réalisé depuis la mise à l’eau du bateau l’an dernier. Qu’est-ce qui a été réalisé pendant ces 13 semaines ?

Nous avons démonté intégralement le bateau. Toutes les pièces mécaniques ont été vérifiées, auscultées, radiographiées parfois, usinées pour certaines… La répétition des courses et des navigations engendre de l’usure sur le matériel. Ensuite, les préparateurs se sont attelés à remonter le bateau. Il y a eu également un travail d’optimisation des ballasts, le renforcement du mât monotype comme la classe l’exige et l’amélioration des systèmes électroniques.

Plus globalement, le chantier a-t-il permis de rendre le bateau plus sûr?

Oui, nous avons fait en sorte qu’il soit plus résistant, plus fiable. C’était l’un des axes majeurs du travail qu’on a entrepris. Mais nous savons qu’il faut rester vigilants : après les phases de remontage, nous aurons besoin de temps pour tout vérifier et s’assurer que tout fonctionne convenablement.

Est-ce que cela permet de gagner en performance ?

C’est toujours le but qu’on se fixe même si c’est difficile à mesurer. Ce qu’on essaie surtout, c’est de trouver les gains de performance dans chaque élément et chaque détail. Mais je pense que j’ai encore une belle marge de progression sur le bateau. C’est notamment le cas au près : je suis persuadé que je peux gagner de la vitesse et me rapprocher des plus rapides à cette allure.

Pourquoi refaire le test à 90° de la classe IMOCA qui avait déjà été fait en 2023 ?

Il s’agit d’une demande de la classe. L’année étant particulièrement intense, c’est important de réaliser cette opération qui permet de mesurer la stabilité du bateau et de s’assurer qu’il peut se redresser en toute situation. Avec les renforts de structures et l’amélioration de l’ergonomie que nous avons réalisés, cela a modifié certains aspects par rapport au premier test que nous avions fait au moment de la mise à l’eau.

Quel est le programme jusqu’à la reprise de la saison et le départ de The Transat CIC le 28 avril prochain ?

Nous allons multiplier les navigations dans les prochains jours, peut-être en étant accompagné par d’autres skippers puisqu’on sait que nous sommes nombreux à remettre les IMOCA à l’eau en ce moment. Le point culminant de cette phase d’entraînement, ce sera un stage au Pôle Finistère Course au large lors de la 2e semaine d’avril. Au total, d’ici le départ de The Transat CIC, on devrait naviguer une dizaine de fois.

Le bateau est donc prêt pour deux transatlantiques et un tour du monde en moins d’un an ?

Oui totalement ! Une quinzaine de personnes était mobilisée dans l’atelier et je tiens vraiment à tous les remercier. Ils ont redoublé d’efforts et sont parvenus à respecter à la lettre les échéances, ce qui me permet d’avoir une préparation optimale avant la reprise de la saison. C’était une phase hautement critique sur le chemin menant vers le Vendée Globe et ils l’ont mené admirablement !

Tu n'as pas chômé non plus pendant cette période…

J’ai pris du temps pour profiter de ma famille et j’ai continué ma préparation physique à hauteur de deux à trois séances par semaine. J’ai aussi commencé à préparer mes affaires pour le Vendée Globe, comme passer les commandes pour les vêtements, les accessoires et j’ai listé tout ce qui me sera utile. On a également commencé à travailler avec le chef étoilé Eric Guérin et son assistant Benjamin Larue, de La Mare aux Oiseaux, sur les plats appertisés que j’embarquerai sur mon tour du monde. J’ai même eu la chance d’avoir quelques conseils précieux d’amis qui ont déjà fait le tour du monde… notamment sur l’Arkéa Ultim Challenge Brest !

Source : I Delaune