Leur feuille de route est limpide. Succès d’entrée entre Kiel et Portsmouth, puis domination sur les deux tronçons de la deuxième étape : Portsmouth-Matosinhos et Matosinhos-Carthagène. Pour parfaire le tableau, Biotherm a également été le premier à franchir les deux « Bonus Scoring Gates » placés sur le parcours.
Crédit : V Curutchet
Au classement général provisoire, l’équipe française s’installe solidement en tête avec sept points d’avance sur Paprec Arkéa de Yoann Richomme. La plus longue étape est désormais derrière eux, mais trois manches restent encore à disputer.
L’équipage de Biotherm a fait preuve d’une belle régularité. Il a su tirer parti de chaque variation météorologique, alternant phases rapides dans la brise au portant et patience dans les zones de calmes. Solide au près et efficace dans les conditions intermédiaires, le plan Verdier a tenu la cadence face à des rivaux plus à l’aise dans le gros temps, avant de frapper au bon moment lors des transitions.
Confiant dans le potentiel de son bateau éprouvé, Paul Meilhat savoure ces premiers succès tout en gardant les pieds sur terre avant la prochaine manche entre Carthagène et Nice.
« Nous savions qu’il était possible de gagner The Ocean Race Europe, mais rien n’est encore joué », déclarait-il sur les pontons espagnols, après avoir devancé Team Holcim-PRB d’une heure et Paprec Arkéa de près de trois heures. « Nous sommes nous-mêmes surpris d’avoir remporté les deux premières étapes. On prend énormément de plaisir et je crois que cela tient à l’alchimie entre nous quatre et l’On Board Reporter. Il y a un vrai esprit d’équipe. Nous allons essayer de maintenir cette dynamique le plus longtemps possible. »
La deuxième partie du parcours, depuis Matosinhos, s’est élancée dans des conditions soutenues au portant. De quoi favoriser Yoann Richomme et Paprec Arkéa, en tête au cap Saint-Vincent puis toujours leader jusqu’au détroit de Gibraltar. Mais au sud des côtes espagnoles, dans une zone de transition décisive, l'équipage à bord de Biotherm a su saisir sa chance pour repasser devant.
« Je dirais que 60 % de la course s’est jouée dans du portant », analysait le skipper de Biotherm. « Ce n’étaient clairement pas nos conditions idéales, mais nous avons réussi à rester au contact du leader. Nous savions que tout se jouerait dans les transitions, et il y en a eu beaucoup. À la sortie de Gibraltar, on filait à 30 nœuds sur une mer plate, avec Paprec Arkéa très rapide devant. Puis tout le monde s’est arrêté. L’enjeu était de s’arrêter du bon côté et d’anticiper d’où le vent allait repartir. Cette fois, ça a marché pour nous… mais ça s’est joué à très peu de choses. »
Yoann Richomme salue la performance de ses adversaires. « Une petite erreur nous a coûté très cher, mais c’est la règle du jeu. Cela reste un bon résultat qui nous maintient à la deuxième place. L’équipe Biotherm est impressionnante, ils sont vraiment difficiles à battre. Nous ne sommes pas totalement satisfaits du résultat, mais très contents de la manière dont nous avons navigué. Nous pouvons encore progresser et nous espérons mieux sur les prochaines étapes. »
Le skipper de Paprec Arkéa rappelle cependant que la route est encore longue : « C’est une course de fond. Nous ne sommes même pas encore à la moitié des points attribués. Il reste beaucoup de milles à parcourir jusqu’à Nice, Gênes et l’arrivée finale à Boka Bay, au Monténégro. »
Les conditions de vent portant ont permis aux IMOCA de dernière génération d’atteindre des vitesses impressionnantes, dépassant les 30 nœuds sur une mer plate. De quoi enthousiasmer l’ensemble des marins. Franck Cammas, à la barre de Holcim-PRB, heureux de décrocher une deuxième place après un podium à Matosinhos, a parlé de vitesses « supersoniques » au large du Portugal.
« Mais après Gibraltar, tout a changé », expliquait-il. « Nous avons retrouvé les conditions typiques de la Méditerranée, instables et piégeuses. Heureusement, le bateau est performant dans le petit temps, ce qui nous a permis de nous battre avec les meilleurs. »
Aux côtés de la Néerlandaise Rosalin Kuiper, du Français Nico Lunven et du Britannique Alan Roberts, Cammas a savouré la lutte pour le podium : « C’est une bonne situation d’être troisième et de chasser les deux bateaux devant. Cela nous a donné un état d’esprit de chasseurs, toujours à l’affût d’une opportunité. Et c’est exactement ce qui s’est produit dans la dernière transition méditerranéenne face à Paprec Arkéa. »
Derrière ce podium, la bagarre est intense pour la quatrième place. Ambrogio Beccaria et son équipage sur Allagrande MAPEI Racing ont devancé de peu Team Malizia. En sixième position, Canada Ocean Racing-Be Water Positive précède le Team Amaala du Suisse Alan Roura, septième.
Source : IMOCA
