Après deux premières journées particulièrement animées sur la Transat Café L’OR, la bataille fait rage en tête de la flotte IMOCA, où quatre des meilleurs duos se disputent la première place. Derrière eux, un premier grand écart s’est déjà creusé au sein du peloton.
Aux avant-postes de la Transat Café L’OR, après un départ exigeant dans la Manche et une zone de calmes particulièrement délicate à négocier dans le golfe de Gascogne, le skipper de Charal, Jérémie Beyou, associé à Morgan Lagravière, mène légèrement devant les premiers leaders, Sam Goodchild et Loïs Berrehar à bord de MACIF Santé Prévoyance.
Ces deux tandems dominent un groupe compact de quatre bateaux, complété par Allagrande MAPEI et 11th Hour Racing, qui ont réussi à creuser un écart significatif sur le reste de la flotte, désormais pointée à environ 70 milles derrière.
À la mi-journée, les leaders longeaient le large du Cap Finisterre, à l’extrême nord-ouest de l’Espagne, commençant déjà à sentir les premiers effets d’une vaste dépression centrée près des Açores, un système météo qui devrait occuper l’esprit des skippers dans les jours à venir.
Jérémie Beyou confie que l’action n’a pas manqué à bord de son foiler noir et rouge. Avec Morgan, qui vise un troisième succès consécutif sur l’épreuve, le duo maintient la pression sur MACIF Santé Prévoyance.
« Il y a eu beaucoup de transitions. », explique le triple vainqueur de la Solitaire du Figaro et quadruple participant au Vendée Globe. « On a traversé différentes zones de vent, puis connu de longs bords rapides dans une mer formée, avec des pointes à 35 nœuds et plusieurs changements de voile. On essaie de grappiller quelques siestes par-ci par-là, mais il n’y a pas encore eu de vrai moment de répit. »
Le skipper de Charal se montre satisfait de l’état de son bateau, malgré les conditions soutenues rencontrées à la sortie de Manche, après un départ tonique depuis Le Havre, dimanche, où le duo figurait déjà parmi les animateurs de la flotte des 18 IMOCA.
« Oui, le départ a été vraiment intense, » se souvient Jérémie Beyou. « J’étais à la barre, et c’était complètement fou dehors. Le bateau volait littéralement, c’était impressionnant. Vu de l’extérieur, ça devait être spectaculaire. On a pris un départ canon, et c’était grisant d’être devant la flotte. »
Derrière, Louis Burton et Clément Commagnac sur Bureau Vallée, qui avaient franchi la ligne de départ en tête, tentent de revenir sur les leaders tout en défendant leur position face à un groupe de poursuivants emmené par Teamwork-Team SNEF (Justine Mettraux et Xavier Macaire) et Initiatives-Cœur (Sam Davies et Violette Dorange).
Louis raconte que la traversée du golfe de Gascogne, marquée par de longues heures dans le petit temps, a été particulièrement éprouvante. Avec son co-skipper, ils ont tout mis en œuvre pour tirer le moindre demi-nœud de vitesse et atteindre au plus vite le flux plus soutenu vers le sud.
« On reste concentrés sur le fait de rester devant, » a-t-il déclaré à la Classe aujourd’hui. « Le plan, pour notre groupe au moins, c’est de profiter du moindre souffle. Je peux vous dire qu’on n’a presque pas dormi ces dernières nuits, les yeux rivés sur les risées et les bascules de vent. La nuit dernière, on virait toutes les dix minutes avec de grandes voiles d’avant, donc pas vraiment de ‘plan’ à part sortir de cette zone au plus vite, traverser la dorsale perpendiculairement à son point le plus étroit, et exploiter chaque rafale. »
Comme tous les skippers, Louis Burton garde un œil attentif sur la dépression qui s’étend au large des Açores. Selon lui, plus il réussira à descendre rapidement vers le sud, meilleures seront ses chances de rester dans le bon tempo.
« C’est clair : plus on arrivera tard, plus ce sera difficile. On doit tout donner pour rester le plus en avant possible, car une fois que le système nous rattrapera, le vent se renforcera et la navigation deviendra plus engagée. »
Après les 24 premières heures particulièrement intenses, le duo de Bureau Vallée tente de récupérer un peu en enchaînant de courtes siestes, mais le rythme à bord reste soutenu.
« On était de retour tous les deux sur le pont vers deux heures du matin, à gérer les variations de vent et à essayer de sortir de là le plus vite possible », raconte Burton.
Le skipper malouin a conclu son message en adressant ses félicitations à Yoann Richomme et Corentin Horeau, à bord de Paprec Arkéa, qui ont réussi à repartir en course après avoir dû regagner Le Havre à la suite d’une collision avec une bouée ayant sérieusement endommagé leur mât. « Ils ont pris un gros coup, et c’est assez incroyable qu’ils aient réussi à repartir », a salué Burton. Ce matin, Richomme et Horeau occupaient la 18e place, passant au large d’Ouessant, à environ 322 milles du leader.
Côté IMOCA à dérives, la tête de flotte est tenue par le favori Café Joyeux (Nico d’Estais et Simon Koster), actuellement 12ᵉ au classement général, suivi de Fives Group-Lantana Environnement (Louis Duc et Masa Suzuki), 14ᵉ, et de FDJ United-Wewise (Fabrice Amedeo et Andreas Baden), 15ᵉ.
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