Actual Ultim 4 monte sur le podium, Anthony Marchand et Julien Villion, troisièmes de la Café l'Or, "Naviguer sur ces bateaux, c’était du pur kiff du début à la fin"

 

Jeudi 6 novembre à 22h23 (heure de métropole), Anthony Marchand et Julien Villion ont franchi la ligne d’arrivée de la Transat Café L’Or à Fort-de-France, décrochant la 3ᵉ place dans la catégorie reine des Ultim après 11 jours, 8 heures de mer et 5 200 milles parcourus à un rythme effréné. Un podium qu’ils qualifient eux-mêmes de « bonus », mais un bonus à forte valeur, symbole de leur engagement total et de leur capacité à rester performants dans le dur. Actual Ultim 4 a signé un départ parfait, maintenu une trajectoire précise et livré une bagarre acharnée avec Sodebo Ultim 3. La confrontation est restée extrêmement serrée jusqu’au premier Pot-au-Noir et l’écart final ne traduit pas la dynamique réelle du duel : chaque manœuvre, chaque mètre gagné ou perdu a compté et ce passage sous un nuage assassin a tout bouleversé en un instant. Impitoyable. Au-delà du classement, cette transatlantique a révélé la ténacité et le savoir-faire des deux marins, capables de tenir ces monstres de mer et de porter un projet clair et ambitieux.



Crédit : JM Liot


Un binôme parfaitement aligné

« Le plus fort de cette Route du Café, c’est qu’elle a confirmé et renforcé notre complicité », a souri Anthony. « Tout s’est mis en place à bord. Humainement, Julien et moi avons trouvé un équilibre parfait, comme un vrai couple. » Julien a ajouté : « Naviguer sur ces bateaux, c’était du pur kiff du début à la fin. Le partager avec quelqu’un avec qui tu es complètement aligné… c’est unique. » Cette harmonie leur a permis de gérer la complexité des transitions, de décoder les phénomènes et de synchroniser le timing des manœuvres. « Il nous a fallu 48 heures po ur trouver notre réglage interne et notre façon de communiquer, puis tout s’est parfaitement synchronisé », explique Anthony. Le routage à bord, entièrement assumé par le binôme, a été un marqueur fort : « Ça nous a obligés à réfléchir à fond, à beaucoup échanger. À bord, c’était hyper sain. » Ils ont tenu un rythme exigeant et parfois barré sans relâche. « Pour aller chercher des dixièmes de nœuds, il n’y a pas cinquante solutions », a rappelé Anthony. Ces machines ne pardonnent pas : il faut des marins capables de les maîtriser. Ensemble, ils l’ont démontré avec brio.

Dans le match jusqu’au bout

Actual Ultim 4 a pris le meilleur départ et franchi la ligne en tête, lançant immédiatement une bataille serrée avec ses concurrents. « Nous étions dans le match à météo égale », a expliqué Julien. « Trois ou quatre belles occasions se sont présentées pour creuser un écart : à la sortie des Canaries, au large de la Mauritanie, puis dans le premier Pot-au-Noir… à chaque fois, c’était ouvert. » Cette première traversée de la zone de convergence intertropicale a marqué le tournant de la course. « Soudain, un nuage nous a engloutis. Résultat : 170 milles perdus en un éclair. Là… oui, ça nous a fait mal », a raconté Anthony. « Pas parce que nous avons perdu une place, mais parce que nous avons perdu le contact. Nous voulions rester bord à bord avec Sodebo. » Julien a ajouté : « L’écart final ne reflète pas la physionomie réelle de la course. L’addition est salée par rapport à tout ce que nous avons accompli. » Pourtant, le duo n’a jamais lâché. « Même après São Pedro, nous avons continué à cravacher pour recoller. Nous avons joué la course jusqu’au bout. »

Découverte du bateau

Au fil de cette transat, ils ont exploré le bateau sous un angle nouveau, par l’intérieur. « Nous avons appris énormément de choses », a insisté Anthony. « Nous avons commencé à sentir quand il force, quand il faut changer de voile. On regarde à présent moins la notice. Et ça… ça a transformé notre manière de naviguer. » Julien a ajouté : « Actual Ultim 4 est une plateforme exceptionnelle. Il a encore un potentiel énorme. Il faudra le faire évoluer, comme les autres l’ont fait, et c’est ce qui va se passer. » Les performances des rivaux l’ont confirmé : ce niveau exige des évolutions constantes. Mais Anthony a aussi ressenti, presque intimement, avoir franchi un cap. « Je connais indiscutablement mieux le bateau qu’avant le départ et ça, déjà, c’est énorme », a-t-il confié. Fort de cette expérience, il se projette vers 2026 avec un socle solide et un objectif clair : gagner la Route du Rhum.

Source : Kaori