Patiemment, appliquées en diable, aussi humbles qu’investies, les 8 femmes de The Famous Project CIC hissent jour après jour, sans autre pression que la volonté de bien faire, leur niveau de jeu, attentives au bateau et à elles-mêmes, convaincues qu’à leur professionnalisme et pur talent exercés sur tous les plans d’eau océaniques et olympiques du monde, c’est bien la bienveillance et l’esprit de partage qui les conduiront à la conclusion de leur colossal challenge.
5 premiers jours contrastés…
Les 5 premiers jours de leur circumnavigation racontent très exactement cet état d’esprit, depuis la prudence du départ engagé sur mer formée et dans les grains orageux, jusqu’à la traversée piégeuse d’une dorsale anticyclonique au large du Portugal. Alexia (Barrier), Dee (Caffari), Annemieke (Bes), Rebecca (Gmür Hornell), Deborah (Blair), Molly (LaPointe), Támara (Echegoyen) et Stacey (Jackson), glissent depuis au portant, dans un alizé fidèle à son identité capricieuse et changeante. Le Maxi trimaran s’ébroue, allonge sa foulée au sud des îles du Cap Vert. Prochain morceau de bravoure, déjà, dans cette immense aventure, le pot au Noir, la Zone de Convergence Intertropicale, cette partie du globe juste au-dessus de l’équateur, où les alizés de nord-est et ceux du sud-est entrent en friction, créant une zone de grande instabilité orageuse, quand des brusques rafales à plus de 30 nœuds, alternent avec d’interminables moments de calmes plats. Alexia et ses drôles de dames ont en vue un point de passage le plus étroit possible, dont on espère qu’il aura la bonne idée de se stabiliser, et de ne pas enfler à leur approche. Verdict, dès demain samedi.Le récit d’Alexia Barrier :
« Ces dernières 48 heures, j’ai enfin pu respirer. La mer s’est calmée un instant, juste assez pour qu’on reprenne notre souffle, que le bateau se cale, que tout retrouve une sorte de rythme naturel. Bien sûr, il reste ces grains, toujours eux, qui viennent nous chatouiller, parfois même nous contrarier, mais ça fait partie du jeu. On compose, on ajuste, on s’adapte. Mercredi, entre Canaries et cap Vert, nous avons pu déployer une bouée météo dérivante. Un geste simple en apparence, mais un geste scientifique, utile, rare et historique. C’est la première fois qu’une bouée de ce type est déployée depuis un trimaran lancé autour du monde. Ces petites bouées, discrètes mais essentielles, mesurent la pression atmosphérique, la température de la mer et les courants de surface. Elles envoient leurs données toutes les heures, gratuitement, à la communauté scientifique internationale. Elles sont les yeux et les oreilles de l’océan. »Le tempo de l’alizé
« Depuis Madère, nous sommes vraiment entrées dans le grand rythme des alizés. On fait de la vitesse, on cherche les bons angles, on vit nos grains et nos manœuvres…Le bateau file, les transitions sont propres, et on sent que l’équipage a trouvé sa vitesse de croisière. C’est un bord long, engagé, le vent très changeant en force et en direction : il faut être dessus…on enchaîne les heures en restant concentrées sur la trajectoire et les petits réglages qui font la différence sur un maxi-trimaran comme IDEC SPORT. L’ambiance est studieuse et sereine : on sait que chaque mile compte. Nous sommes dans un alizé bien établi, avec un vent qui oscille entre 18 et 30 nœuds selon les grains. La mer est relativement maniable mais reste assez creusée pour nous garder bien réveillées. Les grains viennent encore nous contrarier de temps en temps, mais ça fait partie du jeu : observer, anticiper, réagir. Globalement, ce sont des conditions idéales pour faire de la vitesse. »Ajuster la voilure en permanence
« Nous naviguons sous grand-voile haute ou avec 1 ris, et le J1/J2 à l’avant, selon les variations du vent. On ajuste pour tenir le bon équilibre entre puissance et contrôle. Les prises de ris au portant sont toujours sportives, mais l’équipage maîtrise parfaitement la manœuvre et ça se passe proprement. »D’intenses heures à la barre…
« Les heures de barre sont intenses. On pousse, on ressent, on écoute le bateau comme une bête vivante. On essaye d’utiliser davantage le pilote pour économiser un peu de nos forces. Les prises de ris au portant… ah, ça, ce n’est jamais une partie de plaisir. Au portant, quand ça déboule, ce n’est pas simple du tout. Mais l’équipage assure, encore et toujours. Nous essayons d’utiliser davantage le pilote quand c’est possible, mais il faut rester vigilantes. La barre demande de la précision, de la lucidité – et pas mal d’énergie. On tourne régulièrement, toutes les 30 minutes, pour garder de la fraîcheur et rester efficaces. »Manger, barrer, dormir, régler, surveiller le ciel…
« Le rythme devient presque organique : manger, barrer, dormir, régler, surveiller le ciel… et recommencer. L’alizé nous impose une cadence stable, mais exigeante. Le bateau vit à haute fréquence : tout vibre, tout accélère, tout chante. C’est un mélange de routine, d’endurance et d’émerveillement permanent devant cette glisse incroyable. »Un pied de nez à la fashion police…
« Les températures sont clairement à la hausse. On sent que nous descendons vers le sud : on a sorti les shorts et les « crocs. » Heureusement la fashion police ne risque pas de nous rattraper ! On s’hydrate beaucoup, on se protège. »Un week-end dans le Pot-au-Noir
« Le Pot-au-Noir, c’est comme un animal vivant : imprévisible, mouvant, parfois généreux, parfois impitoyable. L’objectif, c’est d’arriver au bon endroit au bon moment, avec le bon angle. On sait que cette phase peut faire ou défaire une tentative. Alors oui, on le regarde comme le juge de paix qu’il est. Et ça se joue aussi à partir du passage du Cap Vert. »Réparation expresse !
« Depuis quelques jours, l’équipage sentait que des boulons dans le système de barre s’étaient desserrés. Les filles ont donc profité de leur arrivée dans l’archipel du Cap Vert, au vent de l’île de Sal, pour retirer la barre bâbord et tout resserrer. En 30 minutes chrono la mission a été accomplie et The Famous Project CIC a pu reprendre sa marche en avant ! »
Source : TB Press
