Gildas Morvan / vainqueur de la 2ème étape de la solitaire

Gildas Morvan vient de remporter la 2e étape de la 39e Solitaire du Figaro. Le skipper de Cercle Vert vient en effet de franchir la ligne d’arrivée mouillée devant la grande rade de Cherbourg à 18heures 26minutes et 10 secondes après 3 jours, 3 heures, 41 minutes et 10 secondes de course, à la vitesse moyenne de 7,6 nœuds. Du haut de ses 1,97 m, la quarantaine conquérante, Gildas a levé les poings au passage de la ligne d’arrivée, heureux de remporter la 4e étape de sa carrière.


Gildas Morvan (Cercle Vert) : « c’était à quitte ou double»
Sitôt après avoir quitté le ponton de la victoire, le vainqueur Gildas Morvan est revenu sur cette étape entre Vigo et Cherbourg-Octeville. Où l’on apprend comment Cercle Vert a créé un écart décisif en Espagne et comment son skipper a pris des risques sur la fin pour aller chercher les contre-courants du raz Blanchard dans les cailloux... où il a même talonné juste avant l’arrivée.

La première impression ?
« Content, bien sûr, ça fait toujours du bien une victoire ! Elle n’était pas facile celle-là, je me suis arraché pour aller la chercher, j’ai attaqué à fond. Trois nuits, quatre jours, et c’était chaud tout le temps avec le spi, les cargos, le courant… Je n’ai pas dormi ni la première nuit ni la dernière, mais bien la deuxième, j’ai essayé de bien gérer, de rester lucide pour bien réfléchir.

Ce coup décisif en Espagne, comment l’expliquer ?
Il y avait un petit truc à faire au niveau de l’Espagne, j’en étais persuadé : il fallait exploiter le vent qui était très sud au cap Finisterre, empanner et glisser. J’ai longé toutes les baies, négocié tout ce que je pouvais en accélérations de vent à la côte. J’y suis allé franco et j’ai eu jusqu’à 17 nœuds de vent quand les autres n’en avaient que 12 au large, où ils allaient parce que les routages disaient d’aller chercher la sortie de dorsale par là. Ensuite, quand le vent de sud-ouest est arrivé, j’ai réussi à me recaler devant et à chaque relèvement je gagnais du terrain. Je me suis dit c’est bon, j’ai continué franco encore. Ce qui est marrant c’est qu’en 1999, j’ai gagné ma première étape de La Solitaire sur le même scénario.

La pression des autres ?
J’étais parti pour faire ma course, bien concentré sur tout ce qu’il y avait à faire et en gardant ma trajectoire. On n’a pas la position des autres concurrents, alors ça m’a enlevé une épine du pied, un coup je perdais un mille, un coup j’en gagnais deux et au final j’ai réussi à augmenter mon avance.

L’arrivée sur le raz Blanchard, contre le courant ?
C’était à quitte ou double. Un moment je n’avançais pas sur le fond, je n’avais plus le choix, j’ai prévenu le bateau de la Marine Nationale que j’allais faire l’intérieur et j’y suis allé, à terre, j’ai rasé les phares, c’était hyper chaud avec des cailloux de partout… et au dernier caillou à La Plate, j’ai talonné avec le bateau. J’ai entendu un grand bruit mais c’était un risque à prendre, je n’allais quand même pas tout perdre juste pour ça, pour une histoire de courant juste avant l’arrivée. Mais jamais je n’ai navigué comme ça, aussi engagé, je ne voulais pas y aller mais franchement, là je n’avais pas le choix.

C’était engagé à ce point ?
J’ai pris des risques énormes en solo, quand tu dois tout gérer tout seul au milieu des cailloux, avec le bateau qui roule dans tous les sens. J’étais obligé, mais jamais je n’ai navigué comme ça, aussi grave. J’ai tapé mais c’est passé. Je me suis fait peur, mais encore une fois je n’avais pas le choix car ne pas passer c’était tout perdre, finir peut-être 4e ou 5e de l’étape. Au tour de France je l’avais déjà fait en équipage, j’étais déjà passé là et on avait déjà tapé. A Aurigny, ça déferait de partout, c’était super beau… et super chaud !

C’est la vengeance de Vigo ?
A Vigo c’était un peu dur car je n’étais pas très loin de Nicolas Troussel quand il a réussi à s’échapper et à l’arrivée c’était une grande déception : 8 heures de retard au général, la victoire pliée… Il a fallu se remotiver à fond. Je me suis dit qu’on n’était après tout qu’à mi championnat, qu’il fallait se concentrer sur la suite, que la course était encore longue. Et puis voilà, mission accomplie, je crois que j’ai gagné cette étape proprement. Après, combien ça fait en temps, on verra ça plus tard…

Tu reviens bien au général tout de même…
C’est sûr que je vais faire un bond en avant. Maintenant, on va essayer de prendre la prochaine étape comme celle-ci, essayer de la gagner et tenter de reprendre du temps à Nicolas Troussel. Ce qui est sûr c’est que je vais être énervé jusqu’au final à l’Aber Wrac’h. Les autres le savent, je les ai prévenus à la VHF !

Classement Général :

1Troussel Nicolas Financo
2 Morvan Gildas Cercle Vert
3 Tabarly Erwan Athema
4 Duthil Frédéric Distinxion Automobile
5 Pratt Christopher DCNS 97
6 Grégoire Jeanne Banque Populaire
7 Bérenger Nicolas KONE Ascenseurs
8 Rouxel Thomas Défi Mousquetaires
9 Mahé Gildas Le Comptoir Immobillier
10 Chabagny Thierry SUZUKI Automobiles

Source : La Solitaire