Record / Thomas Coville raconte

Joint au téléphone ce matin par son équipe, le skipper de Sodeb'O raconte ce scénario météo complexe à l'approche de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Comme les concurrents du Vendée Globe qu'il dépasse les uns après les autres (Arnaud Boissières et Dee Caffari aujourd'hui), Thomas Coville attend le bon moment pour tourner enfin à gauche, et gagner vers l'Est, cap sur Bonne Espérance.

Quelles sont tes conditions de navigation ? : « Cela fait cinq jours depuis le Cap-Vert que je suis entouré de grains, tout ce que l’on déteste en solitaire, en multicoque. Sous pilote, lorsque ton bateau pointe à un cap constant et que vent change brutalement, tu peux chavirer. Mais on se blinde à force, on s’adapte et on sent mieux si ce grain va être vraiment méchant ou non. »

Ton avis sur tes performances ? : « Il faut que je fasse au mieux avec la situation que j’ai et je trouve que nous suivons un tableau de marche acceptable, avec une route plutôt bonne. »

Quelle est la configuration météo ? : « A deux jours près, on avait l’enchaînement météo parfait avec cette dépression sur l’Uruguay qui, au final, se déplace trop lentement. Je vais donc faire le tour de la paroisse (c.à.d de l’anticyclone de Sainte-Hélène) comme les concurrents du Vendée Globe. Au même endroit, Francis Joyon avait eu la chance infernale de couper l’anticyclone au milieu, grâce à un système météo qui s’était inséré dans sa route. Il avait parcouru 600 milles de moins. »

Quelle stratégie suis-tu : « Plus le bateau va vite, plus tu as intérêt à utiliser sa vitesse pour contourner ce qui t’embête, comme ici Sainte-Hélène. J’ai donc encore deux jours un peu pénibles à travailler contre le vent et la mer puis je ferai enfin de l’Est. »


Que penses-tu de ton bateau ? : « Sodeb’O va plus vite que l’an dernier. Il est très agréable à doser. Le travail fait sur les voiles porte ses fruits. Je l’exploite mieux aussi. Je le pousse beaucoup plus et on le voit sur les vitesses qui sont supérieures à celles de l’an dernier. »

Et toi, comment vas-tu ? : « J’ai réussi à dormir trois fois une heure cette nuit et j’arrive à bien manger. Même s’il n’y a pas vraiment de rythme. Chaque grain, c’est comme une personne qui monte à bord et a raison. Il faut être prêt. »

Ton avis sur ce que vit la flotte du Vendée Globe ? : « Je me rapproche de la tête de la flotte qui s’est en partie engluée avec ceux qui ont décidé de traverser l’anticyclone. Il y a un phénomène de groupe puis certains, comme Mich (Desjoyeaux) ou Marc (Guillemot), ont choisi de suivre leur propre route. Jojo (Josse) a d’abord suivi puis s’est ravisé. Entre ceux qui tentent de passer au milieu et qui repartiront au pire avec cette dépression venue d’Uruguay et ceux qui font le tour, il n’y aura peut-être pas tant d’écart au final. C’est toute la différence entre ma route que je choisis et assume seul, et la course en flotte où ils se rassurent aussi les uns les autres. »

Source : Sodeb'O