Vendée Globe / BT prend la tête entre glissades et casse-têtes africains

Pour un peu, ça sentirait presque les vacances. Après les montagnes russes du Golfe de Gascogne, la flotte progresse gentiment sous spinnaker, les cirés sèchent, les navigateurs partagent leur temps entre ménage de printemps, siestes réparatrices et amélioration de l’ordinaire des repas… S’il n’y avait à surveiller les oscillations du vent et préparer le timing d’un empannage crucial en termes de stratégie.


« Tout va bien à bord. On est en train de s’installer dans une routine… J’espère juste pouvoir récupérer quelques milles… » Le mail de Jonny Malbon (Artemis) envoyé à la direction de course, est révélateur de l’état d’esprit des solitaires du Vendée Globe. Après la furie du Golfe de Gascogne, chacun goûte au plaisir de naviguer sous le soleil, de contempler les nuits étoilées, de faire sécher le petit linge. Et ce, même si les intérieurs de certains concurrents ressemblent parfois plus aux balcons de certaines ruelles napolitaines qu’à la cellule de réflexion d’un bateau de course. Pour un peu, la flotte nous jouerait un remake de « la croisière s’amuse » à l’instar d’un Arnaud Boissières très en verve à bord d’Akena Vérandas : « La femme de ménage est passée dans la véranda ; elle a tendu le linge. La lune éclaire bien les voiles et c'est une belle nuit à vivre en mer; quelques cargos, quelques dauphins, un peu de musique...Bref c'est top. »

Changement de décor
Et pourtant : il y a ceux qui continuent de régater à vue comme Armel Le Cléac’h (Brit Air) et Vincent Riou (PRB), ceux qui doivent faire avec les algues ou autres pièges à appendices tel Roland Jourdain à bord de Veolia Environnement qui envoyait, laconique : « Arrêt buffet cette nuit pour cause de gros encombrements dans la quille. Le point positif c’est que c’est plus facile à faire avec cette jolie lune qui nous éclaire comme à la maison. » Oubliés les grands stress des premiers jours où l’estomac se noue en même temps que le bateau redescend au creux de la vague ; peu à peu, les solitaires rentrent dans le rythme du Vendée Globe, commencent à goûter les petits bonheurs qu’ils sont venus chercher. A l’émotion et la nostalgie de la séparation succèdent les plaisirs simples : retrouver un rythme de vie plus animal, faire marcher au mieux le bateau, se sentir en phase avec la musique du monocoque dévalant la houle du large…

Jour 2 avec Sébastien Josse


Angle ou pression
En tête de course, les écarts, s’ils ne sont pas spectaculaires, témoignent bien de la gigantesque partie d’échec qui commence à se jouer. Pour l’heure, les hommes de l’est, Sébastien Josse (BT) en chef de file, ont accéléré le tempo. En témoigne ainsi la belle remontée de Jean Le Cam à bord de VM Matériaux revenu en 7ème position à moins de 40 milles du nouveau leader de la course. Mais les hommes de l’ouest n’ont pas dit leur dernier mot. Leur positionnement devrait leur permettre d’empanner en premier, quand le vent tournera au nord-est et qui sait, de pouvoir glisser en dessous la flotte des continentaux…

Sébastien Josse, le plus à l'Est, a 6,3 milles d'avance sur Jean Pierre Dick et 10,7 sur Loick Peyron. Il se dirige droit sur Madère, à encore 400 milles devant l'étrave à une vitesse de 12-13 noeuds.

Sources : Vendée Globe et BT Team Ellen