Vendée Globe / Kito de Pavant revient sur son dématâge

Joint par téléphone, Kito a tenu, malgré la tristesse et l'épuisement, revenir sur les circonstances du démâtage.

« C’est arrivé juste au moment où les conditions de vents s’amélioraient, car le vent était vraiment très fort tout l’après midi, entre 40 et 50 nœuds. J’étais au près, dans une mer forte mais tout se passait plutôt bien. J’étais avec Loïc Peyron et Jojo (Sébastien Josse), on attendait la bascule de vent avec beaucoup d’impatience. Elle est arrivée très brutalement. Le bateau s’est couché sur l’eau. J’ai pu récupérer et je suis reparti. Ensuite, on a eu une mer très forte, le vent avait basculé au nord-ouest, avec 20 à 25 nœuds de vent, plus fort en rafales. On avait surtout une mer de face très grosse de 4 à 6 mètres je pense. Je n’étais pas très toilé, j’avais 3 ris et l’ORC. Le bateau est parti en « sur vitesse », il est monté sur une vague et quand il est redescendu très violemment, le mât s’est cassé en plusieurs morceaux, dans le bas du mât et tout s’est arrêté là. »

« J’ai pris un couteau et j’ai tout coupé en essayant de garder à bord le maximum de matériel. Mais il y avait beaucoup de mer et le mât cognait contre la coque. J’ai donc du me débarrasser très vite de ces éléments dangereux. J’ai ramené à bord la bôme, le bout du mât et un outrigger. Le deuxième, celui de bâbord est coupé en deux. Sur le pont, il ne me semble pas qu’il y ait trop de dégâts, la coque du bateau a l’air en bon état. »« J’ai pris la décision de me rapprocher des Sables d’Olonne. Je prends un cap un peu plus au Nord car le vent vient du Nord Ouest (NdR : cela permet de contrer la dérive due au vent). Je n’ai pas beaucoup de gasoil à bord en tout cas pas suffisamment pour faire le voyage jusqu’au port. En ce moment je marche à 4 nœuds au moteur. Il y a 200 milles de trajet, il faudrait donc compter 2 jours environ. Mon équipe technique cherche une solution pour venir me chercher et me remorquer pour la fin du voyage. Comme maintenant les conditions sont bonnes, il n’y a plus de soucis pour moi ni pour le bateau, c’est le principal. »


« Je suis fatigué car je n’ai pas réussi à dormir, je suis « vraiment naze » après tout le boulot que j’ai fait sur le pont. Puis je me suis remis dans la course, enfin dans la non-course avec cette déception qui est énorme. J’ai ressassé cela toute la nuit sans dormir. C’est bien difficile de trouver le sommeil avec cette frustration énorme pour moi. Je pense à tous les gens qui me soutiennent, mes amis, les gens du Groupe Bel, l’équipe technique qui a tellement bossé pour que l’on réussisse ce tour du monde. Les jours qui vont venir vont être très difficiles… »

Source : Groupe Bel