Vendée Globe / Loïck Peyron poursuit en tête avec Gitana Eighty

Au cinquième jour de course dans cette sixième édition du Vendée Globe, un constat s’impose ; les solitaires laissent progressivement derrière eux l’univers des terriens et rentrent dans leur course effrénée autour du monde. La nuit dernière s’est révélée propice à l’échappée belle pour Loïck Peyron, qui au petit matin avait distancé ses plus proches concurrents de plus de 30 milles. Mais loin de lui l’envie de fanfaronner de ce leadership, il sait combien la route est encore longue et semée d’embûches. Au classement de 16 heures, alors que la tête de la flotte pointait à la latitude de l’archipel des Canaries, le monocoque armé par le Baron Benjamin de Rothschild, menait toujours les débats, suivi par Jean Le Cam, auteur d’une très belle remontée dans le haut du tableau.

« Tout va bien, ça glisse tranquillement ! », la voix de Loïck Peyron est claire en ce vendredi midi, mais le décor planté par le skipper du monocoque aux couleurs du Groupe LCF Rothschild n’a rien de la carte postale idéale : « Je suis dans le régime d’alizés et comme souvent dans cette zone, la mer est désordonnée et le ciel plutôt gris. J’ai actuellement 18 à 20 nœuds de Nord-Est, mais le vent est assez irrégulier. Je ne prends pas de risques et privilégie plutôt les réglages « safe » pour éviter d’avoir à trop sortir de ma bulle ! ». Après plusieurs journées placées sous le rythme des manœuvres incessantes, le marin se retrouve désormais davantage dans la relative chaleur de son intérieur, profitant de la nuit pour filer à l’anglaise. Les concurrents interrogés à l’occasion de la vacation quotidienne avec le PC parisien de la course semblaient à ce sujet vouloir entretenir la « légende » du marin se refusant à Morphée. Un brin amusé, Loïck Peyron rassurait son équipe en confiant avoir passé une excellente nuit et dormi dans sa bannette. Une première pour celui qui ne s’offrait que de rares « micro siestes » dans le poste de veille depuis le départ des Sables d’Olonne, dimanche dernier.

Bientôt le casse-tête du Pot-au-Noir
En tête depuis le classement d’hier jeudi à 5 heures et après la négociation de Madère sur un mode médian, le skipper de Gitana Eighty file à présent vers le Pot-au-Noir. Si les fichiers actuels laissent pressentir une complexité du phénomène, les choix stratégiques pour le négocier diffèrent dans le groupe des premiers. Ainsi, certains ont-ils décidés de se démarquer en jouant une route plus à l’Ouest que le leader, au rang desquels Vincent Riou ou Armel Le Cléac’h. « Je suis là où je souhaitais être pour aborder le Pot-au-Noir. J’observe bien sûr le décalage de Vincent. C’est toujours intéressant d’être un peu dans l’Ouest, mais sa position ne m’affole pas plus que ça. Quels que soient nos choix aujourd’hui, nous risquons fort de tous nous retrouver au même endroit dans quelques jours… », commentait le marin baulois.

Les heures à venir vont certainement plonger les solitaires dans une réflexion poussée. La fameuse Zone de Convergence Inter-Tropicale prendra-t-elle les allures d’un premier juge de paix ou la prédiction de Loïck Peyron fera-t-elle foi, réduisant à trois fois rien les options des uns et des autres ? Le suspense devrait garder les observateurs en haleine les jours prochains. En attendant, la vie poursuit son cours à bord de Gitana Eighty, son skipper procédant au rangement de son intérieur. Côté nourriture, le dernier-né des Gitana reste une bonne table, le chef du bord ne déplorant pour l’heure qu’une omelette à même le plancher du voilier !

Classement du 14 novembre – 16 heures (heure française)
1. Gitana Eighty (Loïck Peyron) à 22 222 milles de l'arrivée
2. VM Matériaux (Jean Le Cam) à 24,3 milles du 1er
3. BT (Sébastien Josse) à 28,3 milles
4. Paprec Virbac (Jean-Pierre Dick) à 31,3 milles
5. Generali (Yann Eliès) à 47,7 milles
6. Véolia Environnement (Roland Jourdain) à 54,7 milles

Source : Gitana Team