Vendée Globe / 24 heures décisives pour Roland Jourdain (Veolia Environnement)



« Il faut relativiser, ça va bien tant qu'il n'y a pas de mer. Hier, c'est impeccable, comme sur un gros dériveur lesté, plus qu'à mettre une ceinture de trapèze et hop, ça me rappelle l'école de voile. Le problème est qu'on ne contrôle pas les mouvements dynamiques. Le bateau pesant de plus en plus lourd, la voile est de plus en plus tendue, le bateau dérape... Ça va, mais ce n'est pas terrible, terrible. Le problème, ça va être les déferlantes, car fixe, il est stabilisé, mais avec une déferlante... Si ça forcit, il faudra que je me mettre en fuite, mais l'objectif étant d'aller vers les Açores, vers l'île de Sao Miguel, il faut que je monte encore un peu dans le vent. Il va progressivement passer à droite dans le Nord Ouest et ça devrait durer 24h comme ça, avant une nouvelle dorsale. Ça va être vraiment le gros test, pour voir si je suis à peu près maître de la situation. Si ça devient un radeau, c'est beaucoup moins viable, mais tant qu'on arrive à être en « survie dynamique », ça va…

La priorité restera ma propre sécurité et celle du bateau, je n'irai pas faire le fou, c'est évident. Si jamais il y a une prévision qui est correcte sur une semaine, avec du vent portant, ça ira. Comme le disent mes copains marins pêcheurs : un bon marin, c'est un marin qui rentre au port. La nuit dernière, j'ai réussi quand même à dormir, par tranches avec mon alarme. J'ai mon kit de sécurité à côté de moi, prêt à faire feu au cas où. Je dors avec les portes fermées, mais ce n'est pas le sommeil des grands jours. Les circonstances ne sont pas très joyeuses pour que je fasse une ode à Mich, mais c'est super ce que t'as fait, c'était le Vendée Desjoyeaux. J'ai essayé de faire ce que j'ai pu derrière, mais tu étais au sommet de ton art, Mich. »

Source : Vendée Globe